Par Jacques Girault, Claude Pennetier
Né le 10 mai 1892 au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 15 février 1960 à Étoile-sur-Rhône (Drôme) ; instituteur de Seine-Inférieure ; syndicaliste de l’enseignement ; pacifiste.
Fils d’un chaudronnier mais élevé par l’assistance publique placé chez des paysans pauvres du Pays de Caux, Louis Hobey devint instituteur grâce à un enseignant qui l’encouragea. Juste après son mariage avec Julienne Cossan à Saint-Pierre-de-Bénouville (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) le 9 août 1913, il partit au service militaire en octobre après avoir été affecté aux bureaux de l’auxiliaire pour faible constitution, il fut présent au front en mai 1915. Il resta profondément marqué par la dureté de la guerre, par les tranchées de l’Argonne et de la Somme, de l’Aisne, Juvincourt, Craonne... Il fut nommé caporal en octobre 1916, sergent en avril 1918, grade dont il fut cassé fin 1933 pour un article pacifiste.
Fait prisonnier lors de la retraite de juillet 1918, il ne put regagner la France qu’à la mi-janvier 1919,
Instituteur à Petit-Quevilly à son retour, il était le trésorier du Syndicat des membres de l’enseignement laïque de Seine-Inférieure. Enseignant à Eletot, il devint le secrétaire adjoint de l’organisation en 1921 (voir Paul Briard qui était secrétaire).
Très réservé sur l’adhésion du syndicat à la CGTU, il n’exerça plus aucune responsabilité et, en 1928, il quitta l’organisation avec d’autres militants pour fonder un groupe « syndicaliste-fédéraliste » qui publia La Défense laïque jusqu’en 1936.
Rédacteur-administrateur de la revue, il était fréquemment sollicité pour participer à des conférences-débats ; au cours de l’une d’entre elles, à Neufchâtel-en-Bray le 27 octobre 1934, il déclara : "je ne ferai plus la guerre !" Sanctionné, il fut déplacé à Bezancourt près de Gournay-en-Bray où le maire lui confia le secrétariat de la mairie. Ce fut à cette époque qu’il entretint d’étroites relations avec la IVe Internationale.
En 1937, il publia un récit de sa vie à la troisième personne, sous le titre La Guerre ? C’est ça !..., ouvrage réédité par Plein chant en 2015.
En 1937-1938, Louis Hobey fut harcelé par des adversaires, au point d’être accusé dans une affaire de mœurs, classée sans suite. Le SNI le soutint : le numéro 287 du Bulletin mensuel (février 1938) salua le maître, le syndicaliste, le pacifiste et montra l’acharnement de quelques parents tout en exigeant une enquête judiciaire qui tourna en sa faveur.
Membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs après l’unification, porte-parole des Amis de L’École émancipée, il fut révoqué en mars 1940.
Mobilisé un court temps en 1939-1940, il se retira ensuite à Beaumont-lès-Valence (Drôme). Il avait épousé en seconde noce Marcelle Dombrovski à Avignon (Vaucluse) le 2 juillet 1928. Il vécut ses dernières années entre le Gard et la Drôme et publia des brochures de tendance anarcho-syndicaliste.
Par Jacques Girault, Claude Pennetier
SOURCES : Presse syndicale. — A. Delaunay, Le syndicalisme chez les instituteurs de la Seine-Inférieure, Mémoire de maîtrise, Rouen, 1975. — Présentation de la réédition de son livre La Guerre ? C’est ça !... par Camille Estienne et Edmond Thomas. — Bulletin mensuel du Syndicat national des institutrices et instituteurs publics, section de Seine-Inférieure, février 1938. — Arch. Dép. Seine-Maritime, 10 MP 1410 Syndicats dissous avant 1936, 1 MP 243 Renseignements sur suspects, 1 MP 285, 1 MP 250 Communisme, 1 MP 1133. Note de Valérie Quevaine.