HUGOU Henry [HUGOU Joseph, Louis, Henry]

Par François Roux

Né le 9 mars 1886 à Banon (Basses-Alpes) ; docteur en médecine ; maire de Bollène (Vaucluse), 1920-1923 ; conseiller général communiste de Bollène ; exclu ou démissionnaire du Parti communiste en 1922.

Né dans une famille bourgeoise et réactionnaire, Henry Hugou (parfois écrit Hugon) avait deux-frères : l’un était pharmacien, l’autre prêtre. Il fit ses études secondaires au séminaire de Digne (Basses-Alpes), puis, devenu docteur en médecine, il installa d’abord un cabinet, qui périclita, à Suze-la-Rousse (Drôme) puis vint à Bollène (Vaucluse). Mondain et beau parleur, il fréquenta d’abord les milieux bourgeois, affichant des opinions de droite. Il fit volte-face lors des élections municipales de 1919, peut-être pour des raisons de rivalité personnelle avec le docteur Loque, maire sortant, et se présenta sur une liste socialiste « d’Union sociale et d’Anciens combattants » qui fut entièrement élue en 1920, après que l’élection de 1919 ait été annulée.

Bien qu’élu en 20e position sur la liste des vingt-trois candidats, il fut désigné comme maire. Peu après, il participa à la manifestation antimilitariste du 1er novembre 1920 à Bollène, où, à l’occasion d’une cérémonie au cimetière, Duffaut, secrétaire du groupe socialiste et conseiller municipal, prononça un discours pacifiste, stigmatisant les horreurs de la guerre, tandis que lui-même se déchaînait contre le cléricalisme. Le 14 novembre, alors que le drapeau rouge flottait sur la mairie, il prit la parole après Alexandre Blanc, Marcel Cachin, Denante, et prêcha la Révolution. L’assistance chanta l’Internationale.

Le 28 janvier 1921, Hugon participa à Avignon au 1er congrès du Parti communiste du Vaucluse et fit adopter le principe d’une Fédération dont l’organe serait le journal l’Avenir créé par le docteur Aymé à Carpentras. Le 22 mai 1921, la municipalité de Bollène, entièrement communiste, organisa une manifestation de protestation contre la fête de Jeanne-d’Arc célébrée avec pompe le 8 mai 1921. Candidat socialiste au conseil général en 1919, Hugon avait alors obtenu 1 059 voix pour 2 791 votants. En 1922, il fut élu conseiller général communiste du canton de Bollène, recueillant 1 146 suffrages pour 2 867 votants, au second tour. Au conseil général, il fit partie de la commission d’administration en 1922, puis de la commission de l’Instruction Publique en 1925-1924.

Cependant, le militantisme révolutionnaire de Hugon ne tarda pas à s’amollir. Certes, on l’avait vu, en novembre 1920, à peine élu, envoyer une lettre à la gendarmerie pour demander avec fermeté « plus de discrétion dans ses interventions au domicile des ouvriers grévistes », mais la police notait bientôt « l’hésitation avec laquelle il se montrait dans les réunions du Parti laissant l’impression que son communisme n’était pas sincère et durable ». Son élection au conseil général aurait été obtenue grâce à l’appui des voix radicales...

Quoi qu’il en soit, il rompit avec le Parti communiste, et fut démissionnaire ou exclu, à la fin de l’année 1922. Peu après, il fut révoqué de ses fonctions de maire (peut-être à cause de son intempérance ?) par décret du 12 avril 1923.

On le vit encore présider une réunion électorale du candidat socialiste Deflaux, en avril 1928, à Bollène, et déclarer que « bien que communiste » il voterait pour lui s’il obtenait l’avantage au premier tour. Après quoi, Hugon disparut du mouvement ouvrier vauclusien. Il se retira à Antibes (Alpes-Maritimes) où il mourut le 30 novembre 1961.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article95397, notice HUGOU Henry [HUGOU Joseph, Louis, Henry] par François Roux, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2022.

Par François Roux

SOURCES : Arch. Nat., F7/13022, rapport du 4 mai 1923. — Arch. Dép. Vaucluse, 1 M 724, 817, 826, 839, 3 M 281, 586, 10 M 30. — PV du conseil général de Vaucluse. — Autrand, Le Conseil général de Vaucluse, op. cit. — Annuaire Vaucluse, 1921-1922, op. cit. — État civil mairie de Banon.

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