Par Élie Fruit
Chef de bureau de gare ; militant syndicaliste révolutionnaire et antimilitariste ; cofondateur de la Fédération des transports par voie ferrée en 1911.
Chef de bureau de gare à Achères (Seine-et-Oise, Yvelines) sur le réseau de l’Ouest, Bidamant s’affirma, dès 1903, comme un militant de premier plan du Syndicat national des chemins de fer. Secrétaire du 3e congrès régional d’avril 1903, il fit encore partie de la commission permanente du Réseau de l’Ouest, créée à l’issue du 5e congrès régional de 1905. Au sein de la commission, il mena une action soutenue auprès de la direction de la Compagnie en vue d’obtenir l’alignement de la réglementation du personnel du réseau sur celle déjà en vigueur sur le réseau voisin de l’État (notamment l’institution des comités paritaires du travail).
Ses convictions libertaires en firent un des représentants les plus actifs du groupe révolutionnaire de son syndicat. Au congrès national de 1904, avec Bruguière du PLM, il reprocha au conseil d’administration du Syndicat national de n’avoir pas soutenu la diffusion de la brochure violemment antimilitariste d’Yvetot, secrétaire de la Fédération des Bourses : Le Manuel du Soldat. Au congrès de 1905, il se montra partisan résolu de la campagne d’agitation violente pour les huit heures entreprise par la CGT ; il signa la résolution réclamant l’adoption immédiate de la loi Berteaux par le Sénat (pour l’amélioration du régime de travail et des retraites des employés de chemins de fer), sous menace « de faire l’agitation nécessaire pour l’abstention complète des travailleurs de chemins de fer en matière électorale ».
Au 10e congrès de la CGT tenu à Marseille en octobre 1908, où il représentait la Bourse du Travail de Dreux (Eure-et-Loir), Bidamant - son nom est orthographié Bidament - défendit la position adoptée par le bureau confédéral, dès la conférence du secrétariat syndical international d’Amsterdam, de 1905 : le refus de se faire représenter dans les conférences internationales, tant que ne seraient pas discutées les trois questions : la lutte pour la journée de huit heures, la grève générale et l’antimilitarisme ; il reprocha également au conseil d’administration du Syndicat national des chemins de fer d’avoir organisé un référendum sur la grève générale ; enfin il prit encore une fois parti pour le Manuel du Soldat.
Adversaire acharné des méthodes réformistes (action parlementaire, négociation avec les compagnies), Bidamant combattit violemment la majorité du conseil d’administration du Syndicat national et, en particulier, son secrétaire, Eugène Guérard ; La Guerre sociale de Gustave Hervé publiait ses articles polémiques. Ce comportement entraîna l’exclusion de Bidamant du Syndicat national, le 3 août 1909.
Réadmis lors du congrès extraordinaire de décembre 1909 (qui vit la démission de Guérard), nommé administrateur au congrès d’avril 1910, Bidamant poursuivit vigoureusement sa propagande pour la grève générale. Il fut délégué par le Syndicat national au 11e congrès de la CGT de Toulouse, octobre 1910.
Au moment de la grève des cheminots de 1910, il fut révoqué et emprisonné à la Santé ; il eut pour avocat le député Willon. Il fut réintégré comme chef de bureau à la gare du Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) en 1915.
Bidamant fut en 1911 un des fondateurs de la Fédération des transports par voie ferrée où se regroupèrent les « révolutionnaires » qui, après l’échec de la grève, quittèrent le Syndicat national et il en devint le secrétaire. En septembre 1912, il assista au 12e congrès de la CGT tenu au Havre, où il représenta divers syndicats de Chartres.
Par Élie Fruit
SOURCES : Arch. Nat., F7/13 666. dossier 16, note du 29 septembre 1915. — Arch. PPo., Ba 1 413, rapport du 8 juin 1913. — Compte rendu du congrès de Marseille (Musée social), p. 69-185, — Tribune de la Voie ferrée, 7 juin 1903, 31 décembre 1905.