ABADIE Pierre, Éloi

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 24 février 1902 à Birac-sur-Trec (Lot-et-Garonne), mort le 29 septembre 1964 à Agen (Lot-et-Garonne) ; fermier ; militant communiste du Lot-et-Garonne ; dirigeant national de syndicats agricoles.

Né d’un père cultivateur, Pierre Abadie était fermier au lieu-dit « Carasse », commune de Saint-Pierre-de-Nogaret, près de Birac-sur-Trec. Les paysans de cette commune avaient participé activement au mouvement de métayers du Lot-et-Garonne de 1920-1921 ; Antoine* avait formé un puissant syndicat de métayers, fermiers et domestiques réunissant plus de soixante exploitants, et affilié à la Fédération de défense paysanne du Lot-et-Garonne. Les communistes avaient joué un rôle dirigeant dans la fronde paysanne et gagné une réelle influence dans les villages de la vallée de la moyenne Garonne. Aux élections législatives de mai 1924, la liste dirigée par Renaud Jean recueillit 42 % des suffrages exprimés à Birac-sur-Trec. Cependant les rapports de police ne signalent pas de groupe communiste, les militants étaient sans doute rattachés à la section de Marmande et la cellule dut être créée lors de la réorganisation de 1925.

Le 13 août 1925, la police perquisitionna chez Pierre Abadie dans le cadre des recherches sur l’action des communistes contre la guerre du Maroc et elle saisit des tracts et des circulaires. Le fermier n’avait que vingt-trois ans, mais il est possible qu’il ait adhéré au Parti communiste quelques années plus tôt, car il jouait déjà un rôle actif et c’est ainsi qu’il fut délégué à la conférence nationale d’Ivry, fin août 1925.

De 1927 à la fin de l’année 1929, Pierre Abadie fit partie comme trésorier du bureau du rayon départemental dont le siège était à Marmande. Puis il occupa la fonction d’administrateur de l’hebdomadaire communiste Le Travailleur du Lot-et-Garonne et du Gers, de 1929 au 7 mars 1931.

Pierre Abadie comme Renaud Jean* et la plupart des dirigeants paysans du Lot-et-Garonne, critiqua la politique « classe contre classe », mais sans rompre avec la discipline du Parti. À la conférence de la Région communiste bordelaise, le 21 février 1932, il vota pour la résolution, mais avec une réserve « portant uniquement sur un point de tactique concernant la question électorale » (Le Travailleur, 5 mars 1932). Abadie militait toujours dans son village et assurait le secrétariat adjoint de la cellule Birac et Virazeil, forte d’environ vingt-cinq membres - voir Laurent Bordes et Louis Badie.

Pierre Abadie participa à toutes les initiatives paysannes du PC dans son département, mais les fonctions principales revinrent aux métayers Ernest Delbos* et Marcel Poujade*. En 1926, il soutint la création de l’Union des paysans travailleurs (coopérative paysanne) et fut longtemps membre de son bureau, mais l’action de l’Union resta faible. Trois ans plus tard, il entra à la direction de l’Union départementale CGPT (Confédération générale des paysans travailleurs) naissante et encouragea toutes ses luttes. La crise économique durcit les mouvements paysans et les communistes prirent l’initiative d’actions directes ; Abadie fut condamné en avril 1935 à quinze jours de prison avec sursis et 500 francs d’amende pour avoir, avec plusieurs centaines de paysans, empêché des saisies-ventes à Miramont et Lévignac. En juillet de la même année, il participait à Moscou au congrès de l’Internationale communiste.

Pierre Abadie fut candidat à de nombreuses élections ; en octobre 1931, le PC le présenta au conseil général à Tournon-d’Agenais ; il recueillit 158 voix soit 7,5 % des votants et se retira au second tour (était-ce un cas d’indiscipline ?). Aux élections législatives de mai 1932, Abadie fut sollicité pour se présenter dans la circonscription d’Auch-Lombez (Gers) où le candidat de 1928 avait été exclu du PC. Il obtint 442 voix (Henri Boville*, en 1928 : 651) soit 2 % des suffrages des électeurs inscrits. Il ne se présenta pas aux élections législatives de 1936 ni aux cantonales de 1934 et 1937. Avait-il quitté la région ?

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Pierre Abadie fut déporté en Afrique du Nord au camp de Bopssuet. À la Libération, il joua un rôle important dans les services agricoles du PCF. Il retourna ensuite à la terre et assura à partir d’octobre 1947, des responsabilités au sein de la section nationale des fermiers et métayers (SNFM). Secrétaire général de cette organisation jusqu’en mars 1952, il en assumait à sa mort la vice-présidence. Pierre Abadie était également secrétaire général de la Fédération des syndicats d’exploitants agricoles du Lot-et-Garonne et siégeait aussi au conseil d’administration de la Fédération nationale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9619, notice ABADIE Pierre, Éloi par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 22 novembre 2021.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13129, F7/13171. — Arch. Dép. Lot-et-Garonne, cabinet du préfet, dossier n° 8. — Le Travailleur (du Lot-et-Garonne et du Gers puis du Sud-Ouest), 1925-1935. — Le Gers socialiste, 1932. — Le Monde, 1er octobre 1964. — RGASPI, Moscou, 495 270 8627. Ce dossier n’a pas encore été consulté.

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