ABOUDARHAM Jean, Georges

Par Mickaël Attali

Né le 8 octobre 1924 à Alger (Algérie), mort le 17 juin 2013 à Fontenay-le-Fleury (Yvelines) ; professeur d’éducation physique et sportive, puis inspecteur ; socialiste ; militant de la FEN et du SNEP, secrétaire régional d’Alger (1957-1961).

Fils d’un instituteur socialiste et d’une institutrice, Jean Aboudarham ne reçut aucun sacrement religieux. Après avoir fréquenté plusieurs écoles primaires en Algérie, brillant élève au lycée Bugeaud à Alger, il obtint le baccalauréat « mathématiques élémentaires » en 1943. Il s’engagea comme soldat dans les Forces françaises libres en 1943-1944.

Après avoir obtenu un certificat de mathématiques générales en 1946 à la faculté d’Alger, sur suggestion d’un ami, par intérêt pour le sport mais sans formation préalable en éducation physique, il réussit en 1946 le concours d’entrée à l’École normale supérieure d’éducation physique et termina deuxième au CAPEPS en 1949.

Jean Aboudarham exerça, de 1949 à 1961, comme professeur d’EPS au lycée Lamoricière à Oran, ville où il se maria le 16 juin 1958 et où il résidait, rue Jules Grévy prolongée. Il était en outre, entre 1954 et 1961, secrétaire départemental de l’Office du Sport Scolaire et Universitaire.

Dès sa nomination, il adhéra au Syndicat national des professeurs d’éducation physique (SNPEP puis SNEP) pour faire connaître la corporation et défendre surtout la place de l’EPS dans l’enseignement. Membre de la commission administrative de la section régionale d’Alger du SNEP, dont il fut le secrétaire de la rentrée 1957 à 1961, il siégeait à la commission administrative paritaire académique et figura, pour les élections à la CA nationale, de 1958 à 1961, sur la liste de la majorité, « Pour un syndicalisme indépendant, réaliste et constructif », conduite par Philippe Néaumet. Il fut en outre secrétaire interdépartemental de la FEN durant les années 1950, et s’associa à l’ensemble des actions du Comité national d’action laïque.

Le syndicalisme l’ayant amené à la politique, il milita au Parti socialiste SFIO en Oranie. Pourtant, il refusa d’associer ces deux formes de militantisme même si, pour lui, elles permettaient de défendre certains principes communs sous-tendus par un projet de société identique. Militant du courant « autonome » dans la FEN et le SNEP, il eut des relations tendues avec le courant « Unité et Action » du SNEP, bien que la défense de l’EPS et du sport ait constitué un point d’accord.

Entre 1952 et 1961, Jean Aboudarham, entraîneur et directeur technique de la ligue d’Oranie de hand-ball, devint l’entraîneur de l’équipe de France lors de la Coupe Latine en 1960. À ce titre, il milita pour une éducation physique utilisant le sport à des fins éducatives. Il fut l’initiateur en 1954 de l’expérience dite d’Alger visant à créer un sport spécifiquement scolaire, distinct des pratiques civiles, tout en défendant le lien entre pratique de masse contrôlée par l’école et sport d’élite. La formation morale, pour lui essentielle, devait devenir l’un des promoteurs d’une utilisation exclusive de tous les sports à l’école. À ce titre, il participa au débat pédagogique pour transformer l’enseignement de l’EPS et se trouva en décalage avec les instructions officielles de cette période.

Jean Aboudarham quitta son Algérie natale en 1961, fut nommé au lycée technique de Cannes (Alpes-Maritimes), et devint, l’année suivante, directeur sportif de l’université d’Abidjan (Côte d’Ivoire) poste qu’il conserva jusqu’en 1970. Il entraîna l’équipe championne de Côte d’Ivoire de basket-ball entre 1966 et 1969. Durant cette période, il militait toujours au SNEP, était encore membre de sa CA nationale en 1962, puis figura sur la liste commune en 1963 puis « A » en 1969 ; il travaillait sur les questions pédagogiques dans l’équipe de la direction autonome même s’il n’était plus élu à la CA. Il fut aussi le responsable de la FEN dans l’ancienne colonie française.

En 1970, il devint professeur d’EPS à l’Institut national de recherches agronomiques et fut, entre 1971 et 1977, chargé d’inspection et de coordination nationales en EPS dans l’enseignement agricole. Entre 1977 et 1985, chargé de mission d’inspection pédagogique nationale de l’enseignement agricole, il fut promu agrégé en 1984. En 1985, nommé inspecteur pédagogique national, il demeura jusqu’à sa retraite, en 1989.

Aux côtés des sports classiques dont il défendit toujours la place en EPS, il développa une activité pour faire connaître les sports de pleine nature et les enseigner à l’école malgré de nombreuses résistances. Il représenta le ministère de l’Agriculture au Haut Comité des Sports (1972-1978), à sa commission « pleine nature » jusqu’en 1982 et à l’Union des centres de plein air depuis 1971. Durant cette période, membre de l’Institut national de recherche et d’application pédagogique, il organisa et encadra une centaine de stages de formation continue pour l’ensemble des professeurs (EPS et discipline générale) de l’enseignement agricole. Il participa également à la création du brevet d’État de pleine nature.

Après le changement de majorité au SNEP en 1969, il resta au syndicat, en militant toujours dans la tendance « autonome », mais le quitta en 1974, car il estimait que sa direction était trop dépendante du Parti communiste. Il participa en 1978 à la mise au point de la doctrine des sports du Parti socialiste qu’il quitta, déçu de son activité gouvernementale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9642, notice ABOUDARHAM Jean, Georges par Mickaël Attali, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 7 avril 2022.

Par Mickaël Attali

ŒUVRE : Parmi ses articles, « L’EPS de l’école maternelle à l’Université » (Bulletin de la FEN, 1955), « Vers une rénovation pédagogique » (bulletin n° 10 de l’INRAP), « La pluridisciplinarité » (bulletin n° 52 de l’INRAP), participation revue EPS (n° 127 et 144). - Nombreuses interventions au cours de colloques dans le cadre de la promotion des activités physiques.

SOURCES : Arch. Parti socialiste. — Presse syndicale et pédagogique. — Renseignements fournis par l’intéressé.— Notes de Danièle Pouzache.

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