JENOT Camille, Edmond

Par Yves Le Maner

Né le 5 février 1888 à Paris (Xe arr.), mort le 20 novembre 1969 au Mans (Sarthe) ; commis des postes ; militant syndicaliste de la Sarthe puis du Nord ; secrétaire de l’Union locale CGT de Maubeuge.

Animateur du syndicat confédéré des PTT de la Sarthe, Jenot participa au congrès de l’Union départementale CGT réuni le 3 mars 1929. Il y souleva la question de l’incompatibilité des fonctions de membre de la commission administrative départementale avec un mandat électif, celui de conseiller municipal compris. Sa proposition fut repoussée par 22 voix et 9 abstentions « pour défaut de mandat » sur ce sujet.

Camille Jenot s’installa dans le Nord vers 1930. Commis des postes à Maubeuge, il devint immédiatement l’animateur du syndicat confédéré des agents des PTT de cette ville. Bien qu’il ait été membre de la SFIO, il se refusa à assister aux réunions politiques et ne se présenta à aucune élection, préférant se consacrer exclusivement au syndicalisme.

Dès 1931, il cumula d’importantes responsabilités et apparut comme étant le véritable meneur de la CGT dans le bassin de la Sambre. Il assuma parallèlement, de 1931 à 1936, les fonctions de secrétaire de l’Union locale de Maubeuge et de ses environs (également nommée UL du bassin de la Sambre) et celles de secrétaire de la Bourse du Travail de Maubeuge. Il orienta son action sur trois points principaux : la réglementation de l’immigration étrangère, le respect du droit syndical et le maintien du syndicalisme hors de la sphère d’intervention des partis politiques, fidèle dans ce dernier domaine aux vieux idéaux d’Amiens.

Dès 1931, il demanda une réglementation de l’introduction de la main-d’œuvre étrangère et en particulier la restriction des facilités accordées aux frontaliers belges pour venir travailler dans le bassin de la Sambre, ceci afin de tenter de résorber le chômage croissant qui frappait la région depuis le début de la crise économique. Le problème était particulièrement aigu dans la région de Maubeuge où travaillaient de nombreux émigrés, belges, polonais, Nord-africains, pour la plupart employés dans la métallurgie. Délégué au Xe congrès de l’Union départementale du Nord, en 1931, il y fit un rapport sur la même question. À l’issue du XIIe congrès, tenu l’année suivante à la Bourse du Travail de Lille, il fit partie (avec Decostère, Devernay, D’Hondt et Pacquet) de la délégation qui se rendit à la préfecture pour demander une délimitation plus stricte de la zone frontalière.

Membre de la commission administrative de l’Union départementale à partir de 1933, il intervint fréquemment pour la reconnaissance du droit syndical, notamment pour exiger des mesures administratives contre les chefs de service trop zélés qui pratiquaient de manière systématique le licenciement des militants communistes. Membre du comité antifasciste de Maubeuge, il protesta violemment contre l’arrestation du leader unitaire Lucien Renaud en juin 1935. Les bons rapports qu’il entretenait avec les dirigeants communistes firent de Camille Jenot l’un des principaux artisans de la réunification syndicale dans le bassin de la Sambre. La réunification fut effective à la fin de l’année 1935 et il se vit confier la direction du syndicat des agents des PTT de Maubeuge ainsi que le secrétariat du syndicat des techniciens du bassin de la Sambre. Mais, il n’obtint que le poste de secrétaire adjoint de l’UL unifiée, les unitaires s’attribuant les fonctions de secrétaire (L. Renaud) et de trésorier. Or, les quelques garde-fous que Jenot avait tenté de dresser pour empêcher une politisation partisane de l’Union locale, cédèrent bien vite sous la poussée des ex-unitaires. Profondément déçu, il se démit de tous ses mandats syndicaux (y compris à la CA de l’Union départementale) et demanda sa mutation hors de la région Nord. Il semblerait qu’il se soit installé par la suite dans la région du Mans (Sarthe).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article96745, notice JENOT Camille, Edmond par Yves Le Maner, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 2 novembre 2010.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 154/195c, M 595/38A et M 595/67. — M.-F. Talon, Mémoire de Maîtrise, Lille III, 1973, op. cit. — Le Peuple, 4 mars 1929.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable