ADAM Henri [Pseudonymes dans la Résistance : William, Charles]

Par Daniel Grason, Annie Pennetier

Né le 26 mars 1893 à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé le 16 février 1942 à Suresnes (Seine, aujourd’hui Hauts-de-Seine), Mont-Valérien ; tourneur sur métaux ; résistant co-fondateur du groupe Adam-Bocq, membre de l’Organisation spéciale (OS), agent des services spéciaux.

Il existe deux Henri Adam victimes des fusillades allemandes, l’un le 16 février 1942 à Suresnes, l’autre Henri Adam le 13 février 1943 à Nantes.

Henri Adam était le fils de Jules Henri Florent Adam , ajusteur, et de Rosalie, née Ruffenach, sans profession.
Ayant un frère sous les drapeaux, Henri Adam avait obtenu un sursis d’incorporation d’un an valable jusqu’au 1er octobre 1914, mais suite à la déclaration de guerre, il fut mobilisé et arriva à son corps d’armée le 24 août 1914. Il fut alors noté forgeron domicilié à Saint-Nazaire. Devenu caporal le 11 octobre 1914, son grade fut cassé le 24 novembre 1914. Il fut affecté au 2e régiment d’infanterie coloniale en février 1915. Lors de l’attaque du 14 juillet 1914, il avait été blessé à la cuisse et poursuivant l’action, eut un bras fracturé ; le lendemain il fut fait prisonnier. Il réussit à s’évader le 27 mars 1916, revint volontairement au dépôt deux jours plus tard et fut dirigé sur l’hôpital du Grand Palais à Paris le 7 avril 1916 ; dix jours plus tard il rejoignit le front. Il entra de nouveau à l’hôpital à Paris au dépôt de Clignancourt, en juillet 1916. En avril 1917, il fut réformé et obtint une pension de 640 francs. « Soldat d’un courage exceptionnel toujours volontaire pour les missions périlleuses », il a été décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre avec deux étoiles de bronze.
Le 23 juillet 1923, le tribunal de Rennes (Ille-et-Vilaine) le condamna à 8 mois de prison et 10 francs d’amende pour abus de confiance. Au Maroc, en décembre 1923, il fut condamné par le tribunal de paix de Fez à 25 francs d’amende pour port d’arme prohibé. Ces condamnations furent amnistiées.
Henri Adam avait épousé Noëlle Magueux le 11 février 1918 à Bordeaux (Gironde) ; le couple eut trois enfants.
Au début de la Seconde guerre mondiale, veuf, Henri Adam demeurait à la cité Labaraque à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), il exerçait la profession de tourneur sur métaux aux Chantiers de la Loire.
Le 19 juin 1940, les Allemands étaient à Nantes, et un premier groupe de résistants pour le secteur Bretagne se constitua pendant l’été 1940 avec Paul Bocq et Henri Adam. Dès juillet, ils participèrent à la collecte d’armes. Le 16 décembre, avec Roger Astic qui avait préparé des engins incendiaires et Maurice Tattevin, ils mirent le feu à un dépôt de camions réquisitionnés par les Allemands, au Petit-Port : huit véhicules furent détruits. Le fils d’Henri Adam, Max, né en 1925, participait à ses actions de résistance. Henri Adam devint agent P2 (rémunéré) des services spéciaux, il était en liaison avec le réseau du Musée de l’Homme.
Voulant rejoindre la France libre, Henri Adam s’embarqua le 5 janvier 1941 sur le bateau de pêche La Monique à destination de l’Angleterre, mais un agent double alerta les Allemands et Henri Adam fut arrêté. Incarcéré à la prison de Brest (Finistère), il s’évada en janvier ou en février 1941. Il recruta des hommes pour l’OS du Parti communiste français (PCF). Ce groupe d’hommes saisit des armes et des explosifs dans une carrière de pierre et plusieurs actions furent menées. Le réseau fut démantelé par les Allemands au cours de l’année 1941.
Arrêté, Henri Adam fut incarcéré le 23 octobre 1941 à la prison d’Angers (Maine-et-Loire) puis il fut transféré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne) le 1er décembre 1941. Henri Adam fut condamné le 13 janvier 1942 à cinq ans de prison pour « incendie volontaire » par le tribunal de la Feldkommandantur FK 595 d’Angers, et ensuite il comparut le 28 janvier 1942 devant le tribunal militaire allemand de Nantes où il fut condamné à mort pour « activité politique ».
Il fut passé par les armes le 16 février 1942 au Mont-Valérien, et inhumé le jour même au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) division 39, ligne 1, n°27. Il fut transféré le 24 juillet 1945 à Nantes.
Le 10 février 1943 le Secrétaire général aux anciens combattants demanda à l’Ambassadeur de France dans les Territoires occupés " quel a été le motif de l’exécution par les autorités allemandes ? " ; question posée certainement en raison de son statut d’ancien combattant de la Première guerre mondiale.

Henri Adam fut décoré à titre posthume de la Médaille de la Résistance par décret du 31 mars 1947, JO du 26 juillet 1947, et le ministère des Anciens Combattants lui accorda la mention « Mort pour la France », statut militaire. Il a été homologué Interné résistant (DIR) et lieutenant des Forces françaises combattantes (FFC), d’obédience gaulliste, au titre du réseau du Musée de l’Homme.
Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9675, notice ADAM Henri [Pseudonymes dans la Résistance : William, Charles] par Daniel Grason, Annie Pennetier, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 24 février 2022.

Par Daniel Grason, Annie Pennetier

SOURCES : État civil, Saint-Nazaire. — Arch. Dép. Loire-Atlantique, dossier matricule 2480. Arch. PPo. 77W 551. — DAVCC, SHD Caen, Boîte 5 B VIII dossier 4 (Notes Thomas Pouty), AC 21 P 416696. — SHD Vincennes GR 16 P 2759. — Notes de Claude Geslin. — Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure 1940-1945, 2001. — Guy Haudebourg, Nantes 1943, fusillés pour l’exemple Geste éditions . — Site Internet Mémoire des Hommes. – MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

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