JOLIN Augusta, Lucie [épouse GUY]

Par René Lemarquis et Claude Pennetier

Née le 4 août 1912 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), morte le 26 juillet 1993 à Vandoeuvre ; ouvrière en chaussures ; militante du Comité mondial des femmes, du syndicat de la chaussure et du Parti communiste de Nancy.

Fille naturelle de Jeanne Baillet, âgée de trente-cinq ans, journalière, Augusta fut reconnue par Auguste Jolin, « menuisier en fauteuils », en août 1916. Le père, qu’elle présentait comme « sculpteur sur bois », fut tué à la guerre le 14 octobre 1918 ; sa mère était ouvrière en confection pour hommes (couturière sur l’acte de mariage). Augusta fut « adoptée par la Nation » en 1921. La pupille eut une enfance très difficile qu’elle décrivait avec émotion en 1938, se souvenant comment, ayant douze ans, sa mère, sans un sou, le gaz coupé, malade, elle n’avait rien d’autre à manger qu’un œuf : (« Voilà pourquoi en grandissant je suis devenue révolutionnaire. ») Elle obtint son certificat d’études primaires avant ses douze ans, mais sa mère, tombée malade, la retira de l’école au début de 1924 pour qu’elle commence à travailler dans une confiserie. Le 1er mars 1926, elle entra aux Établissements A. et J. Lévy (Chaussures André) à Nancy. Elle se maria le 6 février 1932, à Nancy, avec Marcel Guy, employé de commerce, sympathisant communiste sans aucune activité politique. Ils eurent une petite fille.

Augusta Jolin fit sa première grève à l’âge de quinze ans puis milita au syndicat de la chaussure auquel elle adhéra en mars 1932. Son activité lui valut en 1934 une mise à la porte mais elle fut réintégrée après une grève de deux jours de ses camarades à la suite de laquelle sur 200 femmes employées, 90 se syndiquèrent (contre 5 auparavant). En 1935 elle fut nommée au conseil syndical de la chaussure (« J’étais la seule femme, j’avais vingt-trois ans ! »). Après une interruption de dix-huit mois en 1936, pour soigner sa fille, elle reprit son emploi dans une autre usine de la même entreprise où elle fut de nouveau au conseil syndical.

Augusta Jolin fut également active dans le mouvement des femmes où elle commença à militer en 1934, assistant au premier rassemblement international organisé par le Comité mondial des femmes. Elle devint secrétaire du comité de Nancy de cette organisation et forma également un comité d’usine, dont elle fut secrétaire et trésorière, en 1936. Enfin elle adhérait à la Libre pensée.

En octobre 1936, elle adhéra au Parti communiste dont elle était sympathisante depuis plusieurs années. Membre de la cellule Lévy, elle fut déléguée en 1937 au congrès fédéral à Tomblaine puis elle fut affectée à la cellule Nancy-Sud, région Est. Dans son autobiographie rédigée pour la commission des cadres, Augusta Jolin relatait qu’elle travaillait « en étroite collaboration avec une camarade exclue du parti, Catherine Graux », secrétaire adjointe du syndicat de la chaussure ; il lui était « tout à fait impossible de m’écarter d’elle ». Ce fait fut relevé par la commission des cadres.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article96808, notice JOLIN Augusta, Lucie [épouse GUY] par René Lemarquis et Claude Pennetier, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 2 novembre 2010.

Par René Lemarquis et Claude Pennetier

SOURCE : RGASPI (Moscou) 495.270.2213 : lettre autobiographique du 7 janvier 1938 adressée au secrétariat régional, classée AS (A pour promouvoir, S pour suivre, envoyer vers les écoles de formation). — Etat civil de Nancy.

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