KNOCKAERT Joseph, Louis, Marie

Par François Ferrette, Yves Le Maner, Jean-Luc Pinol, Justinien Raymond

Né le 11 février 1886 à Tourcoing (Nord), mort le 14 novembre 1963 à Mouvaux (Nord) ; technicien dans l’industrie textile puis voyageur de commerce ; syndicaliste ; militant socialiste de la Seine-et-Oise et de la Seine avant la scission de Tours.

Joseph Knockaert dans Le reveil du peuple du 20 décembre 1919

Fils de Henry, Léopold Knockaert, un tisserand originaire de Belgique, et de Philomène Rosalie Nys, Joseph Knockaert, était colporteur de journaux puis représentant de commerce. Il fréquenta jusqu’en 1913 les milieux anarchistes et la police notait qu’il avait « complètement abandonné le groupe antimilitariste, en pleine réunion a renoncé aux idées révolutionnaires ». En conséquence de quoi, il fut rayé du Carnet B. Le 4 novembre 1906, il avait participé à une bagarre avec des syndicats jaunes et prit une balle de revolver à l’épaule. De tempérament moins impétueux que son frère Jean-Baptiste, il n’en restait pas moins intéressé par le syndicalisme et la politique. Si on ne sait rien de son départ à la guerre en août 1914, il est mobilisé le 21 février 1916 comme ouvrier métallurgiste aux établissement Decauville à Corbeil. La police attribua par erreur à son frère Jean-Baptiste la paternité d’un courrier envoyé en avril 1918 à Alphonse Merrheim, secrétaire de la fédération des Métaux. Joseph Knockaert se disait dans cette correspondance « très populaire » parmi la classe ouvrière locale de Corbeil. Les deux frères auront des trajectoires de vie assez semblables et semblèrent très proches.

C’est lui qui redonna vie à la section socialiste locale en 1918 et qui recréa le syndicat des métallurgistes dont il assura le secrétariat. Du 15 au 18 juillet 1918, il représenta les syndicats des métallurgistes et des cheminots de Corbeil et de Meudon au congrès confédéral de la CGT à Paris, et approuva le bilan de l’action confédérale. Au congrès confédéral suivant à Lyon, du 15 au 21 septembre 1919, il avait durci sa position : il vota contre le rapport moral mais pour la motion d’orientation qui invoquait de nouveau les principes révolutionnaires et y déclara : « Il n’y aura plus ni majoritaires ni minoritaires. Il n’y aura plus que la Fédération des Métaux, unie, disciplinée, pour marcher résolument vers la révolution sociale. » Il souhaitait que la Fédération se prononçât contre le Bureau confédéral, mais il vota le rapport moral. Il présenta, lors du Ve congrès fédéral, les candidatures de Quinton, Berrar, Ferré et Argence, au secrétariat fédéral, qui ne furent pas élus. Il est vraisemblable qu’il ait hésité jusqu’au printemps 1919 à s’engager dans la voie minoritaire sur le plan syndical. Un rapport de police affirmait que Knockaert avait soutenu par ailleurs la direction du parti socialiste au moment de l’entrée d’Albert Thomas au gouvernement. Selon ses propres termes, ainsi que le témoignage de son frère, il faisait partie des minoritaires pendant la guerre. On peut en conclure qu’il a été longuettiste et prit position pour cette minorité du Parti socialiste dès 1915. Il a écrit quelques articles dans le Populaire.

Il se présenta aux élections législatives du 16 novembre 1919 et figura au dernier rang de la liste des douze candidats socialistes en Seine-et-Oise, liste qui ne compta aucun élu avec une moyenne de 37 422 voix. Il en obtint 36 109. Il fut élu, le mois suivant, conseiller d’arrondissement de Corbeil.

Il lança le Réveil du Peuple, dont il était gérant-rédacteur, organe socialiste de la première circonscription de Corbeil et des environs, en mai 1919 et demandait deux mois avant le lancement que cinq cents abonnements soient réalisés pour rendre crédible le projet. Le journal cessa de paraître en juillet 1920. Durant l’été 1919, il tente de regrouper les partisans des deux tendances minoritaires pendant la guerre, longuettiste et loriotiste, pour assurer la représentation proportionnelle au sein de la fédération de Seine et Oise et préparer également la campagne législative qui aura lieu en novembre 1919. L’engagement de la section socialiste de Corbeil en faveur du communisme est rapide puisqu’elle vote le principe de son adhésion à la 3è Internationale lors de sa séance du 2 août 1919. Joseph travaille de concert avec son frère qui signe « Jean Rouge » dans le Réveil du Peuple, également membre de la section et en relation avec Pierre Monatte et la Vie ouvrière. Le développement du courant probolchevique en Seine et Oise restera assez peu visible malgré l’action conjointe de René Bureau, leader local du Comité de la 3è Internationale, avec notamment Knockaert et Campanaud tout au long de l’année 1920.

La Fédération socialiste de Seine-et-Oise le délégua au congrès national de Strasbourg (février 1920) à l’issue duquel il devint membre suppléant sur la liste du Comité de la 3è Internationale de la CAP (commission administrative permanente) du Parti socialiste. Si la campagne pour l’adhésion à la 3è Internationale s’avéra assez discrète dans la presse, le résultat n’en fut pas moins éclatant avec 84 % de mandats en faveur de l’adhésion sans réserve au congrès fédéral qui précédera le congrès de Tours.

En décembre 1920, un bureau du Comité Syndicaliste Révolutionnaire vit le jour en Seine et Oise composé de Julienne, secrétaire général des CSR du département ; Allard, secrétaire général adjoint ; Lacambre, trésorier général ; Knockaert trésorier général adjoint ; Epinette, administrateur.

Il vint à Paris et adhéra à la 8e section socialiste. Mais, c’est au sein de la délégation de Seine-et-Oise qu’il participa au congrès de Tours (décembre 1920). Il avait signé la motion Cachin*-Frossard* et, après la scission, il rejoignit le Parti communiste.

En avril 1921, Joseph Knockaert regagna sa ville natale où il avait trouvé un emploi de voyageur de commerce et prit immédiatement part au débat engagé sur le problème du Front unique. Dans Le Prolétaire du 26 août 1922, il écrivait notamment : « Le peuple ne comprend rien à nos luttes de tendance (...) il y a impérieuse nécessité à unir les travailleurs pour triompher dans les luttes. »

En novembre 1923, il assista au IIe congrès national de la CGTU qui eut lieu à Bourges. Dans les années suivantes, il habita Tourcoing puis Marcq-en-Bareul, au 11 rue Sainte Marie. En 1928, il habitait de nouveau Tourcoing, au 83 rue de Menin et la police le signalait comme tenancier d’un débit de boisson. En 1931, il habitait à Marcq en Baroeul, au 27 rue Derain, puis en 1932, à Roubaix, au 53 rue des fossés. Avant 1936, la police notait qu’il avait déménagé à Roubaix, au 183 rue d’Alma. En 1936, il habitait Mouvaux, au 43 rue de Tourcoing.

Vraisemblablement frère de Jean-Baptiste Knockaert, Il s’était marié, à Tourcoing, en février 1909 et, à Roubaix, en octobre 1913, mai 1933 et juin 1960.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article97417, notice KNOCKAERT Joseph, Louis, Marie par François Ferrette, Yves Le Maner, Jean-Luc Pinol, Justinien Raymond, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 6 août 2021.

Par François Ferrette, Yves Le Maner, Jean-Luc Pinol, Justinien Raymond

Joseph Knockaert dans Le reveil du peuple du 20 décembre 1919

SOURCES : Arch. Nat. F7/12992, F7/13610, F7/13620, F7/13586, 19940457/152, dossier 13100, 19940455/106, Dossier 9197 (Alexandre Julienne). — Le Réveil du Peuple (1919-1920). — Arch. Dép. Seine-et-Oise, 4 M. — M. Cointepas, Mémoire de Maîtrise, Paris I, 1975, op. cit. — Compte rendu sténographique des congrès socialistes de Strasbourg et de Tours. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes, t. III, p. 258. — G. Lachapelle, Les élections législatives de 1919 op. cit. — Comptes rendus des IVe et Ve congrès de la Fédération des Métaux, 1919 et 1921. — Le Congrès de Tours, édition critique, op. cit. — Jacques Varin, Corbeil-Essonnes, Aux rendez-vous de l’histoire, Messidor, 1986. — État civil de Tourcoing.

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