KRITCHEVSKY Boris

Par Jean-Louis Panné

Né en 1866 en Russie ; militant social-démocrate, puis militant syndicaliste révolutionnaire.

Boris Kritchevsky (ou Kritchevski) fit partie, à la fin des années 1880, des cercles sociaux-démocrates en Russie, puis émigra au début des années 1890. À l’étranger, il adhéra au groupe Libération du travail et collabora à ses activités éditoriales. Bientôt, il s’en sépara et, à la veille de ce siècle, devint l’un des dirigeants de l’Union des social-démocrates russes à l’étranger et rédacteur de l’organe de cette Union, La Cause ouvrière (Rabotchéié Diélo). Après le IIe congrès du Parti social-démocrate ouvrier (juillet-août 1903, Bruxelles puis Londres), il cessa de jouer un rôle dans le mouvement social-démocrate. Jusqu’alors, il avait été un des leaders de l’« économisme », courant qui privilégiait l’action et l’organisation syndicales. Pour ces raisons Kritchevsky fut nommément critiqué par V.I. Lénine dans son ouvrage « Que faire ? » (1902).

À Paris, Kritchevsky collabora occasionnellement au Mouvement socialiste d’Hubert Lagardelle, à la Bibliothèque du mouvement prolétarien (Librairie M. Rivière) et au journal L’Action directe dans lequel écrivaient Victor Griffuelhes, Alphonse Merrheim, Pierre Monatte, Alexandre Luquet*, Paul Delesalle*. Avec Grisha Bagulowski, il fonda un groupe syndicaliste révolutionnaire en se séparant des sociaux-démocrates russes en exil, considérant qu’ils s’intéressaient trop peu aux problèmes des travailleurs à Paris. Il entra par la suite à la rédaction de l’Humanité où il traita des questions de politique étrangère.

En septembre 1917, son journal l’envoya à Petrograd d’où il adressa une série de lettres (dix-sept au total) dont seules huit furent publiées en feuilleton. Présentant en 1919 le recueil intégral de ces « lettres de Pétrograd », Boris Kritchevsky expliquait l’origine de cette censure par l’influence grandissante des partisans du bolchevisme au sein du Parti socialiste SFIO. Dans ses correspondances, il présentait la prise du pouvoir par les bolcheviks en ces termes : « Ce ne fut pas une insurrection ouvrière... ce ne fut même pas un complot d’ouvriers armés. Ce fut un complot militaire, exécuté par les prétoriens bolchévistes de la garnison désœuvrée... »

Boris Kritchevsky mourut à Paris. Lors de ses obsèques, le 4 octobre 1919, A. Luquet prononça un discours au nom de l’Humanité, puis Nicolas Tchaïkovsky et Youdelevski lui rendirent hommage en russe.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article97471, notice KRITCHEVSKY Boris par Jean-Louis Panné, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 9 août 2021.

Par Jean-Louis Panné

ŒUVRE : Vers la catastrophe russe, lettres de Petrograd au journal l’Humanité, octobre 1917-février 1918, Paris, Alcan, 1919, 271 p.

SOURCES : Est et Ouest n° 390-391, octobre 1967. — N. Green, Les travailleurs immigrés juifs à la Belle époque, Paris, Fayard, 1985, p. 134. — Lénine, Que faire ? Paris, Éditions sociales, 1971. — L’Humanité, 4 et 6 octobre 1919.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable