AIMÉ Daniel [AIMÉ Séverin, Daniel]

Par Jacques Girault

Né le 10 février 1898 à Mirabel (Ardèche), mort le 12 février 1978 à Annonay (Ardèche) ; professeur puis directeur de collège ; militant du Syndicat national des collèges modernes, militant socialiste ; maire d’Annonay (1953-1959, 1965-1971).

Fils d’un cultivateur, Daniel Aimé obtint le brevet supérieur en 1916 puis entra en mars 1917 à l’École normale d’instituteurs de Privas (Ardèche). Mobilisé pendant deux ans, il servit d’interprète militaire auprès des troupes américaines et britanniques (août 1918-août 1920). Il se maria en septembre 1920 à Lumbres (Pas-de-Calais) et eut deux enfants.

Nommé instituteur à Labégude, Aimé ne rejoignit pas ce poste et fut délégué comme instituteur à l’école primaire supérieure de Bourg-Saint-Andéol (Ardèche) (octobre 1920-juillet1923). Reçu à la première partie du certificat d’aptitude au professorat (lettres) des écoles normales et des écoles primaires supérieures en 1922, il enseigna à Bourg-Saint-Andéol comme professeur adjoint (lettres-anglais-histoire-géographie) de 1924 à 1930 tout en préparant une licence d’histoire et de géographie à la Faculté de Montpellier qu’il obtint en 1930. Il avait, en 1925, vainement demandé à être muté à Lyon pour pouvoir suivre les cours de la faculté pour préparer la deuxième année du professorat. Promu professeur en 1931, il enseigna les lettres dans son établissement jusqu’en 1939. Recommandé par un député et un sénateur en 1936, il fut inscrit sur la liste d’aptitude aux fonctions de directeur d’EPS, l’année suivante. Président de la section locale de la Ligue des droits de l’homme, socialiste SFIO, il participa activement aux manifestations politiques et syndicales des années 1930 dans la région.

Daniel Aimé fut nommé en juillet 1939 directeur de l’EPS de Vaucouleurs (Meuse), mais ne put être installé, sans doute en raison de la déclaration de guerre. Il fut alors affecté en octobre 1939 comme directeur de l’EPS de Marennes (Charente-Inférieure) pour suppléer le directeur mobilisé. Mobilisé (mars 1940-mai 1940), il demeura à la tête de l’établissement dont le directeur était prisonnier de guerre. En mars 1942, il obtint la direction du collège Malleval d’Annonay qu’il conserva comme principal quand il devint lycée en 1952 jusqu’à sa retraite en septembre 1963.

Militant et responsable académique du Syndicat national des collèges modernes, Aimé occupa une place essentielle dans les établissements d’enseignement d’Annonay (direction du groupe scolaire Malleval comprenant un collège moderne, un centre d’apprentissage, une école primaire de garçons, ordonnateur des dépenses de l’internat de son établissement et de celui du collège de filles). En novembre 1962, il avait souhaité rester une année supplémentaire en double fonction de principal du lycée municipal Malleval et de directeur du collège technique pendant la construction du lycée Boissy d’Anglas. L’inspecteur d’Académie se montra favorable à cette éventualité.

Engagé dans la Résistance, Aimé, socialiste, considéré comme proche des communistes (son fils figurait alors parmi les responsables des Jeunesses communistes), fit partie du comité local de Libération et fut l’initiateur d’un cours d’éducation populaire où il enseigna l’histoire du mouvement ouvrier. Il demeura conseiller municipal d’Annonay, le 29 avril 1945, devint deuxième adjoint délégué aux finances, responsabilité qu’il conserva en 1947. Il se montrait actif dans ses responsabilités municipales, ce qui pouvait avoir des conséquences sur ses fonctions de dirigeant d’établissements scolaires.

Adjoint au maire sortant, candidat en deuxième position sur la liste « d’union démocratique et de progrès social », Daniel Aimé devint maire après les élections municipales du 26 avril 1953, et fut la cheville ouvrière de la reconstruction des établissements scolaires de la ville. La liste « d’union démocratique pour la gestion des intérêts annonéens dans la concorde sociale », comprenant des socialistes et des communistes, qu’il conduisait aux élections municipales, le 8 mars 1959, devenue liste de « défense républicaine et d’entente ouvrière », au deuxième tour, fut battue. Avec deux autres colistiers, il était élu avec 4 133 voix sur 10 565 inscrits et 7 986 votants. Le Réveil du Vivarais, après avoir multiplié dans la campagne les attaques contre les communistes, notait, le 21 mars, que la liste de droite n’était élue qu’en raison de l’indiscipline de 400 électeurs socialistes qui avaient rayé systématiquement l’ensemble des candidats communistes de la liste. En 1965, il retrouvait son écharpe de maire à la tête d’une liste « d’union démocratique pour le progrès social », ne comprenant pas de communistes qui se présentaient séparément. Sa liste fut élue au scrutin de ballottage, le 21 mars. Mais en 1971, les partis de gauche présentèrent trois listes au premier tour. Au deuxième tour, le 21 mars, Aimé conduisit une « liste de la gauche unie » qui n’obtenait que onze sièges contre seize à la liste de droite. Aimé, quant à lui, se trouva désigné avec 4 136 voix sur 11 372 inscrits et 8 283 suffrages exprimés. Le nouveau conseil municipal lui fit décerner le titre de « maire honoraire ».

Daniel Aimé, en outre, militait dans diverses activités de la Fédération départementale des œuvres laïques. Il assura notamment la présidence du Groupement des œuvres laïques d’Annonay (GOLA) et permit l’acquisition, en collaboration avec ce dernier, d’un centre aéré dit « Le Grand Mûrier » qui accueillit des activités variées. Il fit aussi décider la construction d’un ensemble comprenant une Maison des jeunes et de la culture et un foyer de jeunes travailleurs.

Après ses obsèques à Annonay, son inhumation se déroula à Hyères (Var).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9749, notice AIMÉ Daniel [AIMÉ Séverin, Daniel] par Jacques Girault, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 23 septembre 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F17/23174. — Arch. Dép. Ardèche, 30 W 1. — Arch. Dép. Rhône, 668 W 96. — Presse syndicale. — Renseignements fournis par la mairie d’Annonay et par L. Bonnaud.

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