AIMÉ Robert, Georges

Par Gaëtan Sourice

Né le 12 octobre 1925 à Clamecy (Nièvre), mort le 15 juin 2009 à Clamecy ; employé SNCF ; syndicaliste CGT, militant communiste et associatif : Travail et culture, cercle culturel Edgar Longuet à Alfortville (Seine, Val-de-Marne).

Robert Aimé en 1965
Robert Aimé en 1965
Cliché fourni par sa famille

Selon Robert Aimé, ses parents ne jouèrent pas un rôle important dans son engagement. Son père, Georges Aimé, issu d’une famille de cheminots depuis deux générations, avait des conceptions anti-syndicalistes et ne votait pas. Sa mère, Louise Martin, était couturière et n’était pas engagée, tout en votant à gauche. Peu après sa naissance, ses parents s’installèrent dans la région parisienne pour des raisons professionnelles : à Saint-Pierre-les-Nemours (Seine-et-Marne) en 1927 puis à Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) à la fin de l’année 1933, à Maisons-Alfort (Seine, Val-de-Marne) à partir de 1935 et à Alfortville vers 1942-1943. Muni du certificat d’études primaires en juin 1937, il arrêta l’école pour des raisons pécuniaires, après une année de cours supérieur et une année d’étude complémentaire.

En janvier 1940, il fut recruté comme employé à la banque de Baecque, Beau et Lantin à Paris, qu’il quitta lors de l’exode pour se réfugier dans la Nièvre chez ses grands-parents. De retour en 1941, il devint manœuvre à la biscuiterie Gondolo de Maisons-Alfort puis il fut nommé en 1943 comme « faisant fonction de contremaître », en raison de la pénurie de main d’œuvre adulte. Les conditions de travail pénibles, le mépris total de la direction pour les travailleurs, le marquèrent fortement.

Robert Aimé réussit le concours d’entrée à la SNCF en 1944. Mais les violents bombardements le firent partir avec ses parents dans la Nièvre, où il fut embauché comme commis de ferme à Trucy-l’Orgueilleux près de Clamecy. En juillet 1944, il tenta vainement avec un de ses amis de rejoindre la Résistance, mais « avisé d’une attaque imminente allemande, le maquis partit le jour où nous devions nous y rendre le soir ».

En janvier 1945, il entra à la SNCF en tant qu’employé au magasin général de Villeneuve-Prairie et se syndiqua alors à la CGT. Mais en février, il fut touché par la tuberculose et suivit un traitement au sanatorium de Saint-Martin du Tertre près de Luzarches (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Ce fut un moment décisif dans sa vie. Lui qui avait dû arrêter très tôt ses études put alors se cultiver en suivant des cours d’anglais et de français, des conférences, etc. C’est aussi là qu’il rencontra des déportés, des résistants, qu’il lut pour la première fois l’Humanité et qu’il discuta avec des militants du PCF, parti auquel il adhéra en mars 1946. Il resta au sanatorium jusqu’en avril 1947, puis partit en convalescence dans la Nièvre, et c’est en février 1948 qu’il put reprendre son travail à la SNCF. Mais jusqu’en 1954, la direction de la SNCF refusa sa titularisation, sans doute à cause de son infection tuberculeuse.

De 1949 à 1960, il fut secrétaire de la cellule « Pierre Semard » et membre du comité de section d’Alfortville de 1950 à 1965. À la même époque, il était correspondant au journal communiste du département du Val-de-Marne Le Réveil puis à l’Humanité à partir de 1958. En 1954, il devint secrétaire de sa cellule d’entreprise à la SNCF, responsabilité qu’il occupa jusqu’en 1960.

À partir des années 1950, ses activités comme militant associatif dans le secteur culturel prirent une place de plus en importante. Cette évolution fut particulièrement nette dans son engagement syndical. Délégué syndical CGT au comité mixte et membre du bureau syndical sur le site de la SNCF à Villeneuve-Prairie, Robert Aimé devint en 1956 délégué au comité local des affaires sociales (CLAS) puis l’année suivante au comité régional (CRAS). Dans ces deux comités, il s’investit plus particulièrement dans les questions sociales et socioculturelles : bibliothèques, arbres de Noël, cantines, logement, etc.

En 1952, il adhéra au cercle culturel Edgar Longuet d’Alfortville, créé en 1949 au moment de l’affaire Kravchenko. En 1953 et en 1957, il fut délégué par cette association et par le syndicat CGT des cheminots, pour aller aux Festivals mondiaux de la Jeunesse de Bucarest et de Moscou. Il y rencontra Jacqueline Véron, couturière et militante au PCF, fille de Georges Véron militant syndicaliste et communiste du Xe arr. de Paris, avec laquelle il se maria en 1954. Le couple eut deux enfants et divorça en 1971.

Devenu secrétaire de l’association en 1955, il chercha alors à en diversifier les activités, jusque-là limitées à des conférences-débats et des projections de films. Le cercle mit en place des « cars-spectacle », emmenant les adhérents au spectacle et suscitant une discussion qui s’engageait sur le parcours du retour. L’année suivante, Robert Aimé organisa des circuits et visites touristiques et en 1957 des ventes-signatures de livres et de disques pour les jeunes sur les marchés. En 1958, il impulsa une nouvelle initiative : le club-théâtre, qui consistait à faire venir à Alfortville des troupes d’amateurs. Enfin, en 1962, il développa le concept des soirées artistiques, comprenant, pour un thème donné, un exposé, un court-métrage ou une saynète, une exposition, une vente-signature de livres et de disques. Ces différentes activités connurent un véritable succès : l’influence du cercle s’élargit et les adhésions affluèrent, passant d’une cinquantaine à plus de deux cent cinquante.

C’est en 1955 que Robert Aimé avait rencontré pour la première fois Travail et culture (TEC), lors d’une visite du secrétaire de l’organisation, Serge Mallet*, qui cherchait à développer des comités locaux. Celui-ci convainquit Robert Aimé d’adhérer à l’association : le cercle culturel « Edgar Longuet » devint un comité local TEC. Impressionné par l’activité de Robert Aimé à Alfortville, le secrétaire général de TEC, Maurice Delarue, l’invita à rejoindre, en 1957, le bureau national de l’association. En 1960, il lui confia un poste de permanent comme secrétaire général adjoint. En 1962, Robert Aimé fut un des fondateurs de la commission Seine-Sud qui regroupait des comités TEC et diverses associations proches, issus du Sud-Est de la région parisienne. Mais, en octobre 1963, il fut amené à quitter la direction de l’association, à cause de divergences concernant les choix financiers.

Après un retour de six mois à la SNCF, Robert Aimé dirigea jusqu’en 1969 le service « Villages et maisons de vacances » du comité central d’entreprise de la SNECMA, avec lequel il avait été en relation durant les étés 1962 et 1963, lorsqu’il avait été directeur du centre de vacances de Brétignolles Plein Air en Vendée. Il y rencontra Mona Moya, fille d’émigrés espagnols, militante au PCF et chef de service des colonies de vacances. Ils se marièrent en janvier 1972 à Paris XVe arr.

En 1969, après avoir hésité entre le poste de directeur commercial à Tourisme et travail et celui de directeur administratif au Théâtre municipal de Villejuif (Seine, Val-de-Marne) - le Théâtre Romain-Rolland, dirigé alors par Raymond Gerbal -, il choisit une troisième voie. Il devint directeur administratif d’une petite société qui équipait les collectivités et les comités d’entreprise. À la même époque, il s’installa à Paris dans le XVe arrondissement et arrêta, à regret, ses activités au comité local TEC d’Alfortville. Il continua néanmoins à participer à la Commission Seine-Sud de TEC jusqu’à la fin des années 1970.

En 2009, domicilié dans un HLM du XVe arr. de Paris, il était toujours membre du PCF et exerçait la fonction de trésorier de cellule.

Il mourut le 15 juin 2009 dans sa ville natale. Sa seconde épouse est décédée en Mai 2017

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9751, notice AIMÉ Robert, Georges par Gaëtan Sourice, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 27 novembre 2018.

Par Gaëtan Sourice

Robert Aimé en 1965
Robert Aimé en 1965
Cliché fourni par sa famille
Portrait
Portrait
Robert Aimé au Festival de la Jeunesse à Moscou, en compagnie de la traductrice soviétique, 1957.
Robert Aimé au Festival de la Jeunesse à Moscou, en compagnie de la traductrice soviétique, 1957.
Présentation de Travail et culture sur la marché d'Alfortville en 1966
Présentation de Travail et culture sur la marché d’Alfortville en 1966
Cliché Robert André
André Robert en 2008
André Robert en 2008

ŒUVRE : Robert Aimé raconte de sa naissance (1925) au mariage (1954), multigraphié pour sa famille, écrit en 1989 et 1990, dactylographié en 1994.

SOURCES : Entretien de Gaëtan Sourice avec Robert Aimé, le 11 juillet 2001. — Fonds Robert Aimé déposé au PAJEP (Archives départementales du Val-de-Marne), 524 J, notamment la cote 524 J 3 qui renferme les documents définitifs des travaux réalisés par Robert Aimé : Travail et culture. Éléments historiques, document dactylographié en 2 volumes : « Période I : 1944-1949 » [édité en 1985] et « Période II : 1950-1968 » [édité en 1992]. — Fonds Travail et culture déposé aux Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, 23 J 1 et 23 J 10. — État civil de Clamecy.

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