BAGARRY Marie [née LUPINI]

Par Jacques Girault

Née le 22 janvier 1905 à Molini di Triora (Italie) ; employée ; militante communiste du Var.

Fille de parents, originaires de Ligurie, venus en France en 1900 et qui avaient six enfants. Son père, artisan en chaussures, puis régisseur d’une exploitation forestière à Baudinard (Var) où sa fille rencontra son futur mari, prit en métayage une exploitation viticole à Brue-Auriac (Var). De religion catholique, ses parents furent naturalisés en 1933. Jusque-là indifférent politiquement, son père vota en 1936 pour le Parti communiste. Elle obtint le Certificat d’études primaires et se maria religieusement en janvier 1922 avec Louis Bagarry.

Elle déclara en 1938 "avoir puisé [sa] première éducation sociale dans les brochures anarchistes mais (...) au contact avec des camarades communistes et, après avoir lu l’ABC du communisme, (elle) comprit que le marxisme armait mieux les travailleurs que les théories anarchistes". Elle n’adhéra qu’en 1933 car elle craignait, dit-elle, d’importuner les camarades hommes qui ne voyaient pas volontiers les femmes se mêler de la politique. (RGASPI, autobiographie du 10 janvier 1938).

Marie Bagarry adhéra donc au Parti communiste après les élections législatives de 1932 et commença à militer à Orgon (Bouches-du-Rhône) au Secours ouvrier international en 1933 dont elle devint secrétaire régionale jusqu’à son départ de cette commune en 1935. Elle effectuait alors des tournées de propagande avec projection de films soviétiques, notamment Le Chemin de la Vie. Elle composait alors, comme son mari, des poèmes contre la guerre. Elle en envoya certains à l’Humanité, et Vaillant-Couturier eut l’occasion de saluer cette « paysanne » selon ses termes qui écrivait pour répondre à l’attente de son Parti.

À son arrivée aux Arcs (Var), Marie Bagarry, que ses intimes appelaient « Marinette », s’efforça de développer le Mouvement des femmes contre la guerre et le fascisme. Elle était une des rares femmes du Nord du département susceptible d’assurer des réunions publiques. Aussi participa-t-elle à de nombreuses tournées de propagande dans la région, réunions jumelées avec les réunions du Parti communiste.

Selon un rapport de police, le 14 juillet 1935, au meeting du Rassemblement populaire, elle représentait son mouvement et aurait « tendu » le poing en chantant l’Internationale. Selon son propre témoignage, ce rapport ne refléterait pas la vérité. En effet par souci politique, elle était en plein accord avec l’attitude recommandée par le Parti communiste : ne pas tendre le poing pour ne pas effrayer.

Son activité se diversifia à partir de 1936 à Carnoules. Outre les tournées de propagande antifascistes dans le Var, elle fut déléguée pour des rassemblements internationaux à Genève et à Paris. Elle anima le comité d’accueil pour les réfugiés espagnols. Avec son mari, secrétaire de la section communiste, elle animait l’activité culturelle des communistes de Carnoules et composa une revue « Ah, ces Carnoulais ! », interprétée par le groupe artistique populaire local. Elle-même était membre du comité de la section communiste créé le 31 octobre 1937.

Elle suivit les cours de l’École centrale du Parti communiste en 1938. Sa fiche personnelle la présentait comme « responsable du travail féminin dans sa région » : « Assez avertie politiquement à son arrivée à l’École. Un peu prétentieuse et suffisante au début ; s’est, avec la critique des élèves, assez bien corrigée. Ne manque pas d’intelligence, mais esprit schématique, tendance aux formules et généralités, avec absence de vues concrètes sur la situation dans son coin et les tâches. ». Elle fut proposée pour « rendre des services dans la région ». (RGASPI, Moscou, 517 1 1887).

Après l’arrestation de son mari, Marie Bagarry se souvient avoir écrit au préfet de l’Ain pour affirmer son sentiment patriotique. À la Libération, elle réadhéra au Parti communiste à Marseille. Elle ne retrouva plus, selon son témoignage, l’esprit révolutionnaire qu’elle avait partagé et dut penser qu’il aurait fallu prendre le pouvoir ou ne pas participer au gouvernement. Entrée dans l’administration des Contributions directes, elle quitta le Parti communiste en 1946, resta syndiquée à la CGT et se contenta de manifester de l’extérieur, sa sympathie pour son ancien parti.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article97556, notice BAGARRY Marie [née LUPINI] par Jacques Girault, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 23 août 2016.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, 4 M.47. — Arch. privées. — Arch. RGASPI, Moscou, 517 1 1887 ; 495 270 3082, autobiographie du 10 janvier 1938 (consulté par Claude Pennetier). — Renseignements fournis en 1976 par l’intéressée. — Sources orales. — Presse locale.

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