AKERMANN Michel, Marie

Par André Caudron, Nathalie Viet-Depaule

Né le 8 janvier 1920 à Paris (XVIe arr.) ; prêtre de la Mission de France (1948) ; salarié à temps partiel ; syndicaliste CGT ; juge au conseil des prud’hommes (1983-1988).

Issu d’un milieu bourgeois, Michel Akermann grandit en Touraine. Son père, qui avait représenté les intérêts français auprès des douanes chinoises avant de devenir comptable, avait été un partisan du capitaine Dreyfus. Scolarisé chez les jésuites au collège Saint Grégoire de Tours, il fit du scoutisme, milita au sein de la JEC et fut surtout marqué par le père de la Péraudière qui lui fit comprendre, notamment, les idées du Front populaire. En 1938, il commença des études de droit dans la perspective de préparer l’École coloniale. La guerre allait changer sa destinée. Lorsqu’elle éclata, il se fit embaucher comme moniteur à l’école d’apprentissage de la Compagnie industrielle de matériel de transport à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), où il découvrit la réalité sociale du monde ouvrier. Finalement mobilisé, fait prisonnier à La Rochelle (Charente-Maritime), il s’évada et gagna la zone libre. Affecté comme chef d’équipe dans un chantier de jeunesse du massif de la Chartreuse, il fit la connaissance de deux séminaristes dont les convictions l’incitèrent à devenir prêtre.
Michel Akermann entra en octobre 1941 au grand séminaire de Tours dont l’enseignement et le manque d’ouverture le déçurent rapidement. Ce fut, en 1942, la conférence de M. Augros, supérieur du séminaire de la Mission de France destiné à former des prêtres pour l’évangélisation de zones déchristianisées, qui le détermina à vouloir poursuivre ses études au séminaire de Lisieux (Calvados). Mais, il dut attendre. Sous le coup de la réquisition (STO), il travailla à Saint-Pierre-des-Corps à la réfection des wagons. Il était alors engagé dans la Résistance avec le père de la Péraudière, ayant intégré la branche renseignements-liaisons de l’ORA (Organisation de Résistance de l’Armée).
Il rejoignit Lisieux en 1944 et y trouva « une authentique espérance d’apostolat qui répondait à son attente », écrira-t-il en 1954. Il fit deux stages comme ouvrier, au cours de ses vacances, à Vernon dans une industrie chimique et chez Westinghouse. Il fut ordonné prêtre en 1948 et envoyé dans l’équipe de la Mission de France à Ivry-la-Bataille (Eure). Il partagea son temps entre ses fonctions sacerdotales et une activité salariée pour participer à la vie locale, soit par des travaux saisonniers, soit chez un artisan électricien. Il fut ensuite successivement envoyé en 1954 à Montluçon (Allier) qu’il quitta sur ordre de l’évêque de Moulins qui ne voulait pas qu’il eût un emploi salarié, en 1955 à Mondeville, en 1961 à Saint-Hippolyte à Paris (XIIIe arr.), en 1963 à Vénissieux et enfin à Montferrand. Il assuma toujours, à chaque affectation, ses responsabilités de prêtre et une activité ouvrière salariée.
Militant du Mouvement de la Paix, du Secours populaire et du MRAP, Michel Akermann fabriqua de faux papiers pour le FLN, à la demande de Robert Davezies, pendant la guerre d’Algérie, ce qui lui valut 24 heures d’interrogatoire et une perquisition sans suite (1957-1958). Il apporta une aide occasionnelle aux « porteurs de valises » et cacha des Algériens blessés lors des manifestations du FLN à Paris, les 17 et 20 octobre 1961. Il avait été, le 5 juin 1960, l’un des 41 prêtres signataires de l’appel au président de la République en vue de l’institution d’un service civil pour les jeunes refusant de porter les armes en Algérie.
En avril 1968, Michel Akermann se fit embaucher à Clermont-Ferrand dans une entreprise de fournitures industrielles pour s’occuper de la gestion des stocks. Délégué CGT du personnel, il négocia le paiement des heures supplémentaires, la hausse des retraites complémentaires, l’adhésion de l’ensemble du personnel à une caisse maladie commune. Il participa au fonctionnement de la branche CGT commerce du Puy-de-Dôme et intervint pour coordonner les actions menées sur le département.
En 1982, ayant dû partir en pré-retraite, il s’inscrivit un an à la Faculté de droit de Clermont-Ferrand et passa ensuite trois mois à l’Institut du travail de Strasbourg pour devenir défenseur puis juge au tribunal des Prud’hommes, ce qu’il fit jusqu’en 1988.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9760, notice AKERMANN Michel, Marie par André Caudron, Nathalie Viet-Depaule, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 10 octobre 2008.

Par André Caudron, Nathalie Viet-Depaule

SOURCES : Centre des archives du monde du travail, Roubaix, fonds de la Mission de France. — Arch. historiques de l’archevêché de Paris, IDXV 13 (Algérie). — Alain Leménorel, « Démaquiller Dieu : La Mission de France dans l’agglomération caennaise, 1944-1971 », in De la charité à l’action sociale : religion et société, Actes du 118e congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Pau, 1993, Paris, Éditic, CHTS, 1995. — Lettre à Sybille Chapeu, 5 mai 1999. — Émilie Saxer, Des Missionnaires au travail dans le diocèse de Clermont-Ferrand, mémoire de maîtrise d’histoire sous la direction de Pascale Quincy-Lefebvre, Université Blaise Pascal, 2002-2003. — Notes de Valérie Mazerolle et Nathalie Michard. — Témoignage de Michel Akermann (1998 et 2002).

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