BADINA Louis, Philippe

Par Antoine Olivesi

Né le 12 octobre 1898 à Aïn-el-Hadjar (Oran) ; mutin de la mer Noire.

On ne supplicie par impunément des rebelles au fratricide ! Guerre à la guerre !
Dessin de Claudot, Le Libertaire en 1921.

Louis Badina demeurait à Gafour (Tunisie) lorsqu’il s’engagea volontairement pour trois ans le 7 avril 1917. Il devint quartier-maître mécanicien au 5e dépôt des Équipages de la Flotte.

Évadé le 17 avril 1919 de Galatz (Roumanie) où il était en prévention de conseil de guerre, il se constitua prisonnier le 22 septembre 1920 à Menton et fut condamné à quinze ans de détention dans une enceinte fortifiée et à la dégradation militaire le 9 mars 1921 par le conseil militaire maritime permanent de Toulon à compter du 22 septembre 1920 pour complot contre l’autorité du commandement et désertion à l’étranger en temps de guerre. Ses avocats étaient Berthon, Paz et Gimelli.
En URSS, l’usine Nicolaev prit de nom de Badina et Marty en 1922, pour devenir uniquement Marty.

Badina bénéficia d’une grâce amnistiante le 2 août 1922 et sortit de la prison de Nîmes. Badina avait été élu à deux reprises conseiller municipal communiste de Paris dans le quartier de la Santé en décembre 1921 puis le 26 mars 1922. Le PC l’avait présenté à de nombreuses élections dans le Var, les Alpes-Maritimes et plusieurs autres départements.

En 1924, Badina était contremaître dans une société de constructions mécaniques du Canet, banlieue ouvrière de Marseille. Il avait été exclu du syndicat des Métaux et du Parti communiste « pour avoir trahi ses camarades » et militait alors dans les groupements anarchistes. Le 3 septembre 1924, au cours d’une réunion tumultueuse où il put s’exprimer à grand-peine sous les huées des communistes, il accusa André Marty, en présence de ce dernier, d’être un mouchard, d’avoir négocié avec le commandant lors de la mutinerie de la Mer Noire, et d’avoir voulu vendre le navire aux Soviets.

Il semble en fait ne jamais avoir été membre du PC, et avoir été sympathisant ou membre de l’Union socialiste communiste (de Paul Louis).

En septembre 1927, on retrouva à Paris, en bord de Seine, les papiers de Badina ainsi qu’une lettre annonçant son suicide.

Selon Roland Gaucher, Badina, qui n’avait pu supporter la discipline du PC était revenu à l’anarchisme puis « ne tarda pas à mener la vie aventureuse d’un mauvais garçon. Il périra à Marseille au cours d’un règlement de comptes ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article97622, notice BADINA Louis, Philippe par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 3 janvier 2022.

Par Antoine Olivesi

On ne supplicie par impunément des rebelles au fratricide ! Guerre à la guerre !
Dessin de Claudot, Le Libertaire en 1921.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13165, rapport du 2 août 1922. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 6/10801, rapport du 4 septembre 1924. — L’Humanité, 19 août 1924 et 3 septembre 1927. — Le Populaire, 3 septembre 1927. — 2e congrès du PC Paris, octobre 1922, rapport moral. — R. Gaucher, Histoire secrète du Parti communiste français, p. 60. — A. Marty, La Révolte de la Mer Noire, Fac-similé, F. Maspero. — Notes de Julien Chuzeville.

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