BANOUNE Akli

Par René Gallissot

Né en 1889 au Douar Msala, commune mixte de la Soummam, mort à Alger en 1983, émigré venant de Kabylie en région parisienne, membre de la section nord-africaine de l’Union intercoloniale à l’origine de l’Étoile Nord-Africaine, membre de son Comité directeur à la fondation (1926) ; en 1933, membre du Comité directeur de la Glorieuse Etoile Nord-Africaine réorganisée par Messali et jusqu’aux années 1950.

Akli Banoune arrive en France en 1916, peut-être avec les premiers contingents de « travailleurs coloniaux », prélevés en Algérie par le Ministère français de l’armement pour remplacer à l’arrière et dans les usines de guerre, les ouvriers envoyés au front. Il reste en France après la guerre et travaille à Paris. Au début de 1926, il est en contact avec Mohammed Si Djilani* qui fréquente le siège syndical de la CGTU, rue de La Grange aux Belles, participe à la section nord-africaine de l’Union internationale, organisation animée par les communistes des colonies et qui va donner naissance à l’Étoile Nord-Africaine. Akli Banoune est ainsi un des participants de la réunion du 16 mai et de l’Assemblée générale du 20 juin 1926 qui fonde l’E.N.A ; il devient membre de son comité directeur mis en place par la première assemblée générale du 2 juillet 1926, tenue dans la salle de La Grange aux Belles.
En 1929, l’ENA est dissoute ; A. Banoune apparaît comme un des plus anciens et des plus fidèles partisans de Messali* qui s’emploie à entretenir une activité épisodique en prenant ses distances avec le PC. En 1933 il devient membre du conseil d’administration de l’ENA réorganisée. Il est alors marchand de légumes et marié à une française. Dans ses Mémoires, Messali indique que c’est précisément la femme de Banoune qui assure la location des deux pièces du 19 rue Daguerre où le couple est installé, et qui devient le siège de l’ENA. A. Banoune est très suivi par la police qui l’arrête 9 fois pour vente illicite, et ne cessera de surveiller la rue Daguerre (rapport de 1934 sur l’ENA).

Il reste membre du Comité directeur jusqu’à la réorganisation formelle qui ne maintient à la direction de l’organisation que des « militants sachant lire et écrire », sous-entendu en français, ce qui n’est donc pas son cas. Il est en outre handicapé par des difficultés d’élocution qui lui interdisent un rôle de premier rang. Cependant il demeure un proche de Messali, il accompagne les délégations de l’ENA en 1936 dans les rencontres avec les Oulémas à Paris et pour présenter les revendications de l’Étoile au secrétaire d’État à l’intérieur du gouvernement de Front populaire. Sans faire partie du Comité directeur, il apparaît comme un des dirigeants du PPA, le parti de Messali créé en 1937 après l’interdiction de l’ENA par le gouvernement de Front populaire à direction socialiste, et dont le PCF qui n’est pas au gouvernement, s’était réjoui.
Pendant la guerre, il est arrêté une première fois en janvier 1940 et relâché en novembre. Arrêté à nouveau et relâché en 1942, il est ensuite interné dans un camp et envoyé en Allemagne en mai 1944. De retour à Paris en juin 1945, sans rôle particulier, il reprend place derrière Messali ; il est encore condamné à 15 jours de prison en octobre 1952. Il est en tête des manifestations du MTLD, notamment lors du défilé syndical du 1er Mai 1953 à Paris quand les messalistes déployant le drapeau algérien et mis à l’écart par la CGT, furent pris sous le feu de la police. Akli Banoune est rentré en Algérie après l’indépendance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article97835, notice BANOUNE Akli par René Gallissot, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 19 mars 2018.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. d’Outre-mer, Paris, SLOTFOM, série 3, carton45. — Arch. de la Préfecture de police, Paris, rapport de 1934 sur l’E.N.A. — MessaliHadj, Mémoires, inédit, cahier n°9. — L’Algérie libre, 15 octobre 1952 et 9 mai 1953. — M. Bouayed, L’Histoire par la bande. Entretien avec Banoune Akli et Amar Khider, Alger, SNED, 1974. — B. Stora, Dictionnaire biographique des militants nationalistes algériens, op.cit. — O. Carlier, Entre nation et Jihad, op.cit.

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