ALBERT Aimé, Léonce

Par Claude Pennetier

Né le 28 mai 1909 à Narbonne (Aude), mort le 26 juillet 1982 à Paris (XIIIe arr.) ; docteur en médecine à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) ; responsable du syndicat des médecins de la Seine ; militant communiste ; résistant du mouvement « Médecins français » et des FTPF.

Fiche de police pendant l’Occupation.

Fils de Jean-Baptiste Albert, instituteur devenu magistrat d’opinions « démocrates » et de Germaine Soulet, sans profession, Aimé Albert fit ses études à Lectoure puis à Condom (Gers) jusqu’au baccalauréat. Il fit d’abord une khâgne au lycée Louis-le-Grand, à Paris, pour préparer l’École normale supérieure, renonça et fut étudiant en médecine. Le Parti communiste reçut son adhésion en avril 1928 et l’affecta à la cellule de l’hôpital de la Salpêtrière, 13e sous-rayon du 14e rayon ; l’année suivante, il fut affecté à une cellule d’usine. Sa participation à la vie du Parti fut en dents de scie en raison de graves problèmes de santé ; en 1930, il dut séjourner à la montagne et fut coupé de la vie politique.

Marié en 1931 à Juliette Ténine, chirurgien-dentiste de famille communiste (sœur de Maurice Ténine), père d’une fille née en 1932, Aimé Albert participa en janvier 1935, à Bruxelles, à un congrès antifasciste étudiant. Il fit son service militaire comme médecin auxiliaire dans les services de santé en 1936-1937. Il avait adhéré aux Jeunesses communistes en 1936 puis au Parti communiste après son service. Secrétaire général de l’Union fédérale des étudiants (UFE) de 1933 à 1935, Aimé Albert fut avec Henri Chrétien dit Rolland et Francis Cohen, responsable de L’Étudiant d’avant-garde qui avait succédé à L’Étudiant pauvre.

Après un séjour à Moscou en septembre 1935 comme délégué au 6e congrès du KIM (Jeunesses communistes), il participa au congrès communiste de Villeurbanne (janvier 1935) et fut même présent à la tribune lorsque la question de la jeunesse fut traitée. Dans la foulée, le congrès de Marseille des JC le confirma à la tête des étudiants communistes. Il vécut avec la veuve d’un combattant des Brigades internationales mort au combat en Espagne ; elle mourut en déportation à Auschwitz.

Mobilisé fin août 1939, Aimé Albert perdit le contact avec le PCF et le reprit par Jean Laffitte. Son militantisme clandestin fut orienté en 1941 vers les Amis de l’Union soviétique et le mouvement « Médecins français » avec le docteur Henri Chrétien et Léon Boutbien.
Lise London évoque l’amitié qu’Arthur London et elle-même avaient pour leur « docteur ». Lorsqu’en juin 1941 les Allemands entrèrent sur le territoire soviétique, « Gérard » (Arthur London) et elle se rendirent « chez le docteur Albert dont le cabinet de consultation était près de la mairie, pour fêter l’évènement […] Il est quand même allé chercher une bouteille de Cognac réservée aux grandes occasion ; sa douce et jolie Aline en revenant du marché, a pu trinquer avec nous à la victoire, à cette victoire qu’elle ne vivra pas ! Étudiante en biologie, originaire de Pologne, entrée en Résistance avec Albert, elle sera arrêtée en 1942 dans une rafle et déportée comme juive à Auschwitz, d’où elle ne reviendra pas. » (La mégère de la rue Daguerre, p. 126). Il s’agit de Chaja Bober, épouse Karaulnik, née le 28 janvier 1915 à Varsovie. Sa fiche de police la présentait ainsi : "dernier domicile connu : 22, rue Tournefort Paris (5e). Amie de Albert Aimé. Militante communiste. A disparu depuis avril 1941." (avec photo)

Aimé Albert quitta son domicile légal d’Ivry-sur-Seine pendant l’été 1942 quand on lui déclara qu’André Heussler, qui connaissait son adresse, avait « trahi ». Sous le pseudonyme d’« Alphonse », il fut médecin FTP pour l’inter-Paris puis, en 1943, officier et en 1944, délégué de la 5e subdivision. Il ne fut coupé du PCF que de juillet à septembre 1943 pour raison de sécurité. À la Libération, l’état-major FFI le détacha au commandement de la région 13 (Drancy, Lilas, Bagnolet, Montreuil).

Sa deuxième femme, Geneviève Capron, artiste peintre, militait au Parti communiste.
Docteur en médecine, militant de la cellule communiste Saint-Just d’Ivry-sur-Seine, domicilié 4, rue Descartes, Aimé Albert fut élu conseiller municipal communiste le 19 octobre 1947 dans l’équipe de Georges Marrane. Il démissionna dès le 17 décembre 1948 en raison d’obligations professionnelles. Il était un responsable du syndicat des médecins de la Seine et du groupe d’études et d’action syndicales des médecins. Installé à Paris, boulevard Saint-Germain, il aurait rendu, selon Karol Bartosek, des services à la République Tchécoslovaque.

Aimé Albert s’était remarié en octobre 1959 à Paris (XVIe arr.) avec Régine Duez.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9791, notice ALBERT Aimé, Léonce par Claude Pennetier, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Claude Pennetier

Fiche de police pendant l’Occupation.

SOURCES : RGASPI, 495 270 1865 : autobiographie du 10 septembre 1935. — Arch. Dép. Val-de-Marne, 1 Mi 2 426. — Arch. Fédération communiste du Val-de-Marne. — Karol Bartosek, Les Aveux des archives, Seuil, 1996. — Jacques Varin, Jeunes comme JC, Éditions sociales, 1975. — Notes de Francis Cohen. — État civil de Narbonne.— Arch. com Ivry-sur-Seine. — Notes de Michèle Rault.

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