BARBET Raymond, Léon, Edmond [Dictionnaire des anarchistes]

Par Yves Le Maner, notice complétée par Rolf Dupuy, Guillaume Davranche et Philippe Pauchet

Né le 3 octobre 1887 à Paris (XVIII arr.), mort le 14 février 1969 à Amiens (Somme) ; marchand des quatre saisons puis boulanger ; anarchiste et syndicaliste.

Fils de Augustin Barbet et de Angélina Lejeune. Dans les années 1900, Raymond Barbet était marchand des quatre saisons. À partir de 1904, il participa au journal anarchiste d’Amiens, Germinal. Il fut arrêté en 1907 pour outrage à agent. En 1912 il exerçait le métier de porteur de pain. Il était inscrit au carnet B.
Au recensement de 1906, il vivait avec sa mère, née en 1872 à Amiens, vestonnière chez Caruelle ; lui-même était déclaré "coupeur" chez Hurebelle. Ils habitaient rue Catherine à Amiens.

Il se maria le 19 octobre 1907, à Amiens, avec Louise Riquiez. Veuf, il se remaria le 20 juin 1947 avec Madeleine Sagez.

À la veille de la Grande Guerre, Raymond Barbet était un responsable syndical des plus actifs. Le 28 juin 1914, il fut délégué par le syndicat des boulangers d’Amiens au congrès de l’union départementale CGT de la Somme, et fut élu à la commission administrative.

Quelle fut son attitude pendant la guerre ? En tout cas, la Révolution russe l’enthousiasma et, le 31 octobre 1919, lors d’un meeting à la bourse du travail d’Amiens, il fit un vibrant éloge des soviets. À ce moment, il faisait partie du comité de rédaction de la nouvelle série de Germinal, animé par Georges Bastien.

En janvier 1921, il organisa plusieurs meetings dans la Somme pour la libération des mutins de la mer Noire. Militant de la minorité révolutionnaire de l’UD-CGT de la Somme, il participa au renversement de la majorité, au congrès du 10 avril 1921. Au congrès de la fédération CGT de l’Alimentation, tenu à Lille du 20 au 23 juillet 1921, il attaqua la direction fédérale réformiste.

Après la scission confédérale, son syndicat des boulangers passa à la CGTU, et Barbet participa à l’organisation de la Fédération unitaire de l’alimentation.

En 1923, il était membre du comité général de la bourse du travail d’Amiens. En novembre 1923, il prit part au congrès de la Fédération unitaire de l’alimentation à Bourges. Face à la motion majoritaire déposée par Racamond, il déposa une motion syndicaliste révolutionnaire, contre l’adhésion à l’Internationale syndicale rouge (ISR) et pour la création d’une nouvelle internationale syndicale. Il participa ensuite au congrès confédéral, où il se situa dans la minorité. À cette époque il collaborait au Libertaire quotidien.

Après le congrès de Bourges de la CGTU, libertaires et syndicalistes révolutionnaires s’organisèrent dans une tendance nommée Minorité syndicaliste révolutionnaire (MSR).

Fin 1923, la MSR semblait avoir gagné du terrain dans la Somme, puisque Barbet fut élu secrétaire de l’UD-CGTU, en remplacement de Mullier. En avril 1924, il apporta le soutien de l’UD à la grande grève du textile (voir Georges Bastien). La MSR ne conserva cependant pas la Somme très longtemps. Au congrès de l’UD du 21 décembre 1924, Barbet fut démis de ses fonctions à une large majorité. Un communiste, Perdreau, le remplaça au secrétariat. L’Humanité se félicita de la débandade de l’« anarcho-syndicalisme » dans la Somme. Après avoir annoncé qu’il rejoindrait l’autonomie, Raymond Barbet rallia finalement la CGT. Quelques mois plus tard, il était nommé secrétaire du syndicat CGT de l’alimentation de la Somme. Il habitait en 1935, 1 rue Dom Grenier.

Devenu très anticommuniste, il s’opposa à la réunification confédérale en 1935.

Après la réunification, il réduisit son activité syndicale et se consacra de plus en plus à la coopérative L’Union, dont il était l’un des principaux dirigeants, après en avoir été l’employé. Simultanément, avec d’autres anarchistes, il anima le Théâtre du Peuple d’Amiens, qui fut très actif jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

Sans doute par anticommunisme, il soutint le régime de Vichy durant l’Occupation, ce qui lui valut d’être mis en quarantaine par ses anciens camarades à la Libération. Il mourut en 1969 dans la misère.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article156149, notice BARBET Raymond, Léon, Edmond [Dictionnaire des anarchistes] par Yves Le Maner, notice complétée par Rolf Dupuy, Guillaume Davranche et Philippe Pauchet, version mise en ligne le 15 mars 2014, dernière modification le 10 octobre 2022.

Par Yves Le Maner, notice complétée par Rolf Dupuy, Guillaume Davranche et Philippe Pauchet

SOURCES : Arch. Nat. F7/13621 et F7/13020, rapports du 16 février 1921 et du 12 février 1925. — Arch. Dép. Somme, 4 M 173, Z 317 et Z 691, 4W1530. — La Voix du peuple du 16 février 1914. — Le Réveil syndicaliste du 1er juillet 1914. — Le Cri du Peuple du 9 janvier et du 20 mars 1921. —L’Humanité du 15 novembre 1923 et du 11 janvier 1925. — Le Travailleur de la Somme et de l’Oise du 6 mai 1934. — Compte rendu du congrès de la Fédération CGT de l’Alimentation, Paris, 22-23 septembre 1935. — René Bianco, Cent ans de presse..., op. cit. — Entretiens avec A. Dujardin et H. Lenglet. — Note de Philippe Pauchet. — Filae.

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