Par Michel Gorand
Né le 1er janvier 1926 à Saint-Étienne (Loire), mort le 28 mars 2020 à Draveil (Essonne) ; trésorier de l’Union départementale CFTC de la Loire (1954-1959) ; secrétaire général adjoint de la Fédération des cheminots CFDT (1967-1976) puis secrétaire général en 1976 ; premier secrétaire général de la Fédération générale des Transports et de l’Équipement (FGTE-CFDT) de 1977 à 1980 ; vice-président de l’Union confédérale des ingénieurs et cadres UCC-CFDT (1967-1969), membre de la Commission exécutive (1969 – 1978) et trésorier de l’UCC (1975 – 1978) ; secrétaire général de l’Union confédérale des retraités (1991-1997) ; membre du Conseil économique et social (1979-1989).
Fils de Paul Billon, ouvrier métallurgiste, et de Francine Dubeuf ouvrière du textile jusqu’à la naissance de Gilbert, né le 1er janvier 1926 dans l’impasse du chemin de fer (près de la place Carnot à Saint-Étienne), le long de la voie ferrée en direction de Le-Puy (Haute-Loire) ; Le père de Gilbert Billon était métallurgiste, la mère « au foyer », et la famille habitait Saint-Étienne (Loire) près des puits de mines et de leurs crassiers. Après avoir passé le brevet élémentaire, Gilbert Billon entra, comme élève SNCF, le 1er octobre 1942 à la gare de Saint-Chamond (Loire). Il fut nommé mineur facteur mixte puis mineur facteur enregistrant en 1945 à la gare de Saint-Étienne.
Membre de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), il adhéra à la CFTC en 1946 et accomplit en 1946-1947 son service militaire au 1er bataillon de chasseurs à pied. Réintégré en gare de Saint-Étienne-Châteaucreux, il connut les grèves de 1947 déclenchées par la CGT et les affrontements qui en résultèrent. Il fut délégué du personnel et membre du comité mixte de la SNCF à l’arrondissement Exploitation de Saint-Étienne de 1948 à 1954. Secrétaire du syndicat des cheminots CFTC à Saint-Étienne dès 1952 et membre du bureau de l’Union départementale de la Loire dès 1953, il devint trésorier de l’UD en 1954 jusqu’à 1959. Favorable aux positions de la minorité CFTC dès 1954, il participa aux réflexions et initiatives de l’UD de la Loire, dont le secrétaire général était René Mathevet, un des responsables de la minorité. Face à la dégradation de la situation économique du bassin industriel, l’UD de la Loire organisa de nombreuses manifestations, des journées de formation et multiplia les démarches auprès des pouvoirs politiques locaux et départementaux. Gilbert Billon, qui était membre de la commission économique de l’UD, fut partie prenante de ces initiatives. L’UD de la Loire, compte tenu de ses orientations et du contexte local à forte présence d’immigrés nord-africains, fut dès 1955 impliquée dans les conséquences du conflit algérien. Les positions courageuses de l’UD sur le droit à l’émancipation des Algériens entraînèrent de nombreux remous au sein du syndicat des cheminots où certains membres étaient très « Algérie française ». Malgré les difficultés, les débats ne provoquèrent pas de cassures.
Gilbert Billon fut nommé facteur chef au Puy (Haute-Loire) en 1955, où il resta quelques mois, puis contrôleur technique Inspection à Saint-Étienne et inspecteur adjoint Exploitation à Saint-Étienne en 1958. Marié en 1950 à Saint-Chamond (Loire) avec Andrée Réal, père de quatre enfants, il fut nommé inspecteur Exploitation au service régional du Sud-Est à Paris en 1960. Il fut le secrétaire du syndicat Maîtrise et cadres de Paris-Sud-Est, membre de l’Union régionale Sud-Est des cadres et délégué du personnel cadres auprès du directeur régional du Sud-Est de 1962 à 1965. Ce syndicat et cette Union Sud-Est furent très secoués par le conflit algérien en raison de l’influence importante de certains militants attachés à l’Algérie française et à cause de l’intégration, dans la région de Paris-Sud-Est, d’adhérents maîtrise et cadres cheminots CFTC d’Algérie marqués par leurs positions proches de celles de l’Organisation de l’armée secrète (OAS). Le syndicat de Paris-Sud-Est avait majoritairement refusé l’intégration de certains et était intervenu dans ce sens auprès de la direction SNCF, d’où des tensions très vives, des démissions, dont celle d’un responsable du syndicat pendant le congrès fédéral d’octobre 1962. Au congrès confédéral de 1964, Gilbert Billon prit position en faveur de l’évolution de la CFTC en CFDT et anima de nombreux débats sur le sujet dans la Fédération des cheminots. Il devint permanent fédéral en mai 1964.
Il fut également vice-président de l’Union fédérale des cadres cheminots à partir du 16 février 1963 et président de l’UFC à partir d’avril 1965 jusqu’à 1981. Il fut élu au bureau national des cheminots CFDT à partir du conseil national de mai 1965 au titre de l’UFC. Lors du congrès fédéral de janvier 1965, il développa « les nécessités d’une action intersyndicale au plan économique » et il travailla alors en étroite collaboration avec Paul Butet, président de la fédération, dont l’autorité en matière de transports était reconnue au-delà de la fédération, qui siégeait au Conseil économique et social (1964-1973) où il présenta, en juin 1967, un avis sur « le marché des transports au sein de la CEE » et un rapport en 1972 sur « Transports à courte distance et l’aménagement du territoire ».
Dès 1965, Gilbert Billon fut chargé de participer à la réflexion commune avec toutes les organisations syndicales de cheminots, mais aussi avec les autres modes de transports, dans le cadre d’une politique confédérale, une action corporative étant vouée à l’échec. Une plateforme syndicale commune fut établie, en mars 1974, par les Fédérations des cheminots CGT, CFDT, FMC et les Fédérations des transports CGT et CFDT, pour une nouvelle politique des transports intérieurs. Cette plateforme fut présentée et discutée à plusieurs reprises avec les partis de gauche.
Gilbert Billon devint secrétaire général adjoint de la Fédération à partir du congrès d’avril 1967. Il participa à toutes les négociations salariales à la SNCF de 1966 à 1976 ainsi qu’aux négociations de 1968 concernant les cheminots.
Au sein de la Fédération, il fut plus particulièrement chargé des affaires économiques et des transports et, à ce titre, participa à toutes les réunions tripartites (ministère, direction SNCF et syndicats) qui firent suite à mai 1968 et qui se conclurent par le « constat intérimaire » du 29 novembre 1968. Face à l’évolution libérale des transports, aux gaspillages financiers et aux incohérences économiques, Gilbert Billon s’impliqua fortement dans les réflexions fédérales et participa aux sessions de recherches organisées à l’Institut du travail d’Aix-en-Provence sous la responsabilité du professeur Sellier, sessions qui permirent de dégager des propositions pour un plan décennal des transports. Simultanément, une réflexion était menée sur la nécessaire modernisation de la SNCF et sur ses conséquences sociales, qui aboutit à l’accord-cadre sur les prolongements sociaux de la modernisation SNCF du 11 juillet 1968, accord signé par l’ensemble des syndicats, et dont Gilbert Billon fut signataire pour la CFDT. Il anima également la préparation des interventions de la CFDT sur le premier contrat programme État-SNCF en 1969-1972. Gilbert Billon représenta la CFDT à la commission des transports des Ve et VIe Plan où, pendant la préparation (1970-1975), dominait la priorité accordée aux routes pour les investissements, d’où la nécessité de plaider le maintien, à défaut du développement, des lignes dites secondaires.
Lors de la création du Service national des messageries (SERNAM) en 1970, il fut le représentant CFDT au comité mixte national du SERNAM. Il participa également aux discussions concernant la réforme des structures de la SNCF de 1972. De nombreuses discussions eurent lieu avec le directeur chargé de la réforme. Des réunions CFDT s’adressant aux cheminots furent organisées dans les régions pour expliquer les enjeux et les conséquences de la réforme des structures SNCF et du premier contrat État-SNCF 1969-1972. Il représenta la CFDT au conseil d’administration de la SNCF de 1973 à 1980, période où il eut à traiter des contrats programme État-SNCF suite au rapport Nora de 1968, mais aussi de la politique du TGV Paris-Sud-Est, de la construction de la ligne nouvelle, puis de la mise en place du TGV.
Au nom des cadres cheminots, il prit part aux discussions ayant pour objectif de regrouper, en une union, les cadres des divers secteurs publics membres de leurs fédérations respectives avec ceux du secteur privé, organisés jusqu’alors par la Fédération française des syndicats d’ingénieurs et cadres (FFSIC-CFDT). Lors de la création de l’Union confédérale des ingénieurs et cadres (UCC-CFDT), en 1967, Gilbert Billon fut élu vice-président, poste qu’il occupa jusqu’en 1969. Il siégea ensuite à la Commission exécutive de l’UCC-CFDT et en fut le trésorier de 1975 à 1978.
L’entrée des cheminots comme celles des cadres PTT et EDF-GDF, membres les uns et les autres d’une Fédération d’industrie, permit, selon Gilbert Billon, de renforcer l’audience et l’efficacité de l’UCC tout en lui conférant un caractère interprofessionnel incontestable.
Il siégea au Conseil supérieur des transports au titre des cheminots CFDT.
Il fut élu secrétaire général des cheminots CFDT lors du congrès d’octobre 1976 à La Grande-Motte. Lors de ce congrès, le processus de création d’une grande fédération des transports fut approuvé par 87 % des mandats. Gilbert Billon devint le premier secrétaire général de la Fédération générale des Transports et de l’Équipement (FGTE) en 1977. C’est Raymond Martin, devenu Président de la fédération en 1973, qui reçut alors de la Confédération le mandat de mettre en œuvre le regroupement dans une fédération générale, des fédérations cheminots, transports, Équipement, la marine et l’aviation. Gilbert Billon Il représenta également la CFDT au Conseil économique et social de 1979 à 1989, fut membre du bureau de 1982 à 1987, rapporteur en 1985 d’un avis sur la météorologie et participa au travail sur la réforme du CES en 1984 ; il siégea, lors des 2 mandats, à la section des économies régionales et transports, où il fut élu vice-président.
Promu ingénieur principal adjoint en janvier 1978, il partit à la retraite en janvier 1981 et devint membre du bureau de l’Union confédérale des retraités à partir de 1985, puis secrétaire général au XVIIe congrès en avril 1991. Réélu à ce poste au congrès UCR de La Grande-Motte en mai 1994, il termina son mandat en 1997. A l’UCR il eut alors à traiter des questions concernant la dépendance et de la représentation des retraités et personnes âgées dans le cadre des lois de décentralisation de 1983 ; il participa à des débats avec le ministère concerné sur la création de l’allocation prestation autonomie (APA). Responsable de l’Union locale interprofessionnelle des retraités CFDT de Brunoy (Essonne), il siégea au conseil de l’UD des retraités de l’Essonne de 1986 à 2000.
Il fut, par ailleurs, président d’une association locale de chômeurs de 1994 à 1999. En janvier 2003, il participa à la mise en place d’une association des familles à l’hôpital (de soins de longue durée en gériatrie) Émile Roux de Limeil-Brévannes (Val-de-Marne) pour l’amélioration des soins et du cadre de vie des personnes hospitalisées ; son épouse, Andrée décéda dans cet hôpital en décembre 2005.
Par Michel Gorand
SOURCES : Arch. PPo, dossier RG n° 492.578, fiche du 15 janvier 1977. — Arch. CFDT. — Comptes rendus des congrès fédéraux. — Correspondances avec le militant, fin 1999, 2002 et 2018. — Notes de Marie-Louise Goergen et de Georges Ribeill et de Michel Rousselot.