Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Justinien Raymond
Né le 31 juillet 1878 à Villars-Saint-Marcellin (Haute-Marne), mort le 1er août 1970 à La Baule (Loire-Atlantique) ; ingénieur puis industriel ; secrétaire de la fédération socialiste SFIO de Seine-et-Oise.
Fils d’un sculpteur, Amédée Barrion fréquenta l’école communale de Vincennes (Seine), obtint son baccalauréat en 1893 et entra à dix-huit ans, en 1896, à l’école Polytechnique. Il compléta sa formation par une licence de droit en 1912. Incorporé à vingt ans comme sous-lieutenant du Génie à l’École d’application de Fontainebleau, il combattit la propagande nationaliste et antisémite lors de la souscription organisée par le journal la Libre parole pour élever un monument à la mémoire du colonel Henry qui s’était suicidé le 31 août 1898. Barrion démissionna de l’armée à la suite du verdict de Rennes (septembre 1899) condamnant une seconde fois Alfred Dreyfus. Il dirigea une usine en Lorraine, puis s’installa comme industriel à Pantin de 1902 à 1914.
Il adhéra à la section de Pantin (Seine) du Parti socialiste en 1906. Candidat sur la liste socialiste aux élections municipales de 1908 et 1912, il mena avec Charles Auray (qui devint sénateur-maire) et Louis Marsais (futur conseiller général) une active propagande à Pantin et dans les communes voisines. Barrion était membre de la commission exécutive de la Fédération de la Seine. Il se confond vraisemblablement avec Barrion, délégué de la Seine au congrès socialiste tenu à Brest en mars 1913. Son parti le présenta aux élections législatives d’avril 1914 dans la première circonscription de Corbeil (Seine-et-Oise). Il recueillit 2 332 suffrages et assura par son désistement au second tour, l’échec du candidat de droite.
Mobilisé comme lieutenant du Génie, Amédée Barrion devint capitaine en 1915 et fut blessé à Douaumont. Il créa, en 1916, pendant la bataille de Verdun, une des plus importantes coopératives militaires du front. Barrion n’oubliait cependant pas ses liens avec le mouvement socialiste. Au printemps 1918, il monta à la tribune d’une réunion publique, en tenue de capitaine du Génie, pour réclamer la remise de leurs passeports aux délégués socialistes qui devraient se rendre à la conférence de Stockholm. L’autorité militaire lui infligea soixante jours d’arrêt de rigueur.
Il se maria à Paris (XIXe arr.) le 4 juin 1918 avec Madeleine Jollet. Ils eurent quatre enfants.
Après l’Armistice, Amédée Barrion reprit son action politique en Seine-et-Oise, tout en travaillant pour les travaux publics et les travaux de reconstruction comme directeur d’un cabinet d’architecte. Tête de la liste de douze candidats socialistes dans ce département, en novembre 1919, il obtint 38 216 voix sur 237 755 inscrits et ne put empêcher une victoire complète des candidats du Bloc national. Après la scission de Tours, il milita au Parti socialiste SFIO, reconstitua la Fédération de Seine-et-Oise et siégea à sa commission exécutive. Il fut membre suppléant (1923-1924) puis titulaire (1925-1928) de la commission administrative permanente nationale (en 1926, il avait été réélu comme membre de la tendance Renaudel). Les militants de Seine-et-Oise lui confièrent le secrétariat fédéral en 1924. Il représenta son Parti dans la liste du Cartel des gauches, aux élections législatives de mai 1924, et arriva en troisième position de sa liste, immédiatement derrière les députés Dalimier et André Labbey.
Dans les années qui suivirent, Barrion quitta la Seine-et-Oise pour le Xe arrondissement de Paris. Il soutenait les positions de la tendance Renaudel dans la Xe section socialiste. La Fédération socialiste de la Seine le présenta aux élections législatives du 22 avril 1928 dans la deuxième circonscription de son arrondissement. Il recueillit 1 599 voix (10,2 % des 15 658 électeurs inscrits) sur 13 278 votants, le modéré Jean Fabry étant élu au premier tour de scrutin. De 1930 à 1933, A. Barrion appartint au conseil d’administration du Populaire. Favorable à Renaudel, il partit vraisemblablement avec les « néos ».
Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Justinien Raymond
SOURCES : Arch. Dép. Seine-et-Oise, Élections législatives 1919, non cl. — Arch. Jean Zyromski, dossier congrès 1933. — L’Yveline, 1er mai, 1er octobre 1924, 6 décembre 1925. — Le Socialiste du Xe, 5 avril 1928. — Le Travailleur de Seine-et-Oise, décembre 1930. — G. Lachapelle, Les élections législatives..., op. cit. — J. Estivil, Recherches sur les socialistes et les communistes aux élections municipales et à l’Hôtel-de-Ville de Paris (1919-1939), Mémoire de Maîtrise, Paris I, 1979. — Notes de R. Balland.