ALLAIN Roger, François

Par Madeleine Singer

Né le 21 février 1915 à Montoir-de-Bretagne (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), mort le 8 mars 1999 à Nantes (Loire-Atlantique) ; agrégé de lettres classiques ; militant de la JEC puis syndicaliste de l’enseignement, membre du comité national du Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN) de 1946 à 1947.

[Cliché fourni par Madeleine Singer]

Roger Allain était le plus jeune des quatre enfants de François Allain, dessinateur industriel qui avait épousé Hélène Lebeau, institutrice publique. Il fit ses études secondaires à Saint-Nazaire, puis à Nantes où il passa le baccalauréat en 1932. Après avoir fréquenté pendant quatre ans l’Institut des lettres de cette ville, il rejoignit la faculté des lettres de Rennes où il obtint la licence de lettres classiques en 1938. Il fut alors nommé au lycée de Lorient et fit quelques mois de service militaire. Réformé en juin 1939, il reprit son poste, puis exerça au lycée de Laval. Ayant obtenu en 1944 le diplôme d’études supérieures, il devint l’année suivante professeur titulaire à l’annexe Chantenay du lycée Clemenceau à Nantes. Il passa en 1967 au CES du Carcouet dans la même ville et y prit sa retraite en 1977. L’année précédente, il avait été nommé agrégé par promotion interne, après avoir été conseiller pédagogique pendant sept ou huit ans. Il avait épousé en 1940 Louise Guillemot ; ils eurent cinq enfants, parmi lesquels deux filles qui enseignèrent l’une la biologie, l’autre l’histoire.

Pendant ses études à l’Institut de Nantes, il avait appartenu à la JEC. Dès son arrivée à Rennes en 1936, il devint président de la section JEC de l’Université, puis jusqu’à l’obtention de la licence, secrétaire fédéral JEC pour l’Ille-et-Vilaine. Lorsque l’hebdomadaire Sept parut en 1934, il en devint aussitôt un des lecteurs et le fut également de Temps présent qui prit la relève en 1937 quand les Dominicains durent sur ordre suspendre la parution de Sept. En débutant à Lorient en 1938, il adhéra au Syndicat national des lycées car il ignorait l’existence du SGEN dont il n’y avait aucun représentant dans cette ville. Il rejoignit ce dernier syndicat en arrivant à Nantes en 1945 car il en appréciait « l’ouverture sociale » et « l’appartenance à la CFTC ». Il travailla activement avec l’équipe « très sympathique » qu’il y trouva au plan secondaire et technique. Nantes avait été en effet avant-guerre un des foyers provinciaux du SGEN grâce à H. Gougeon, membre du premier conseil syndical en 1937. Le syndicat s’y était donc reconstitué dès la Libération, avec notamment Albert Agnès* et André Malphettes*. R. Allain fut aussitôt secrétaire de l’annexe Chantenay et le demeura jusqu’à son départ de cet établissement.

Au congrès de 1946, il fut élu au comité national. Présent au congrès l’année suivante, il intervint avec vigueur sur l’importance de l’enseignement civique rénové qui devait être effectivement donné et non remplacé par d’autres cours comme certains le faisaient trop souvent. Il ne fut toutefois pas réélu au comité national car un nouveau règlement remplaçait les 33 élus individuels de 1946 par un système complexe qui avait pour but de représenter toutes les catégories, même les archives ou les bibliothèques, tout en majorant le nombre des parisiens seuls capables d’effectuer le travail au plan national. Mais R. Allain demeura un des piliers du syndicat en province. Ainsi en 1948, il fut un des trois responsables régionaux auxquels le secrétaire du Second degré, Fernand Labigne* rendit publiquement hommage : le SGEN, le SNES et le SNALC avaient lancé en juin une grève d’examens pour obtenir du Ministre l’instauration d’un cadre unique qui rendrait effectif le reclassement des enseignants puisque tous pourraient atteindre l’indice terminal, alors réservé à ceux qui passaient au choix du cadre normal au cadre supérieur. Sans attendre des ordres nationaux, R. Allain fut un de ceux qui organisèrent spontanément des réunions locales pour coordonner l’action des trois organisations. Le Ministre allait d’ailleurs le 3 juillet donner son accord à ce cadre unique.

Membre de la Commission administrative paritaire académique des certifiés, il y travailla pendant longtemps. En 1950, lors de l’élection des licenciés littéraires au Conseil d’enseignement du second degré, il s’était retrouvé en tête des candidats SGEN par le nombre des suffrages, mais le scrutin majoritaire ne lui permettait pas d’être élu. En 1968 il fit partie des adhérents qui reprochèrent au SGEN sa « politisation ». Il rejoignit alors le SNALC et y demeura jusqu’à la retraite. Après avoir été pendant de longues années un pionnier du SGEN dans sa région, il marquait par cette adhésion que son engagement dans le syndicalisme ne se limitait pas à une organisation particulière. Depuis 1960, il était, à titre d’enseignant, assesseur au tribunal pour enfants de la Loire-Atlantique et le demeura jusqu’en 1975. Il était chevalier des Palmes académiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9868, notice ALLAIN Roger, François par Madeleine Singer, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 21 février 2010.

Par Madeleine Singer

[Cliché fourni par Madeleine Singer]

SOURCES : M. Singer, Le SGEN 1937-1970, thèse, Université Lille III, 1984, 3 vol. (Arch. Dép. Nord, J 1471). — École et Éducation, 1946-1950. — Lettres de R. Allain à M. Singer, 20 mars 1982, 1er juillet 1995, 22 février 1997.

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