ALLAINMAT Yves [ALLAINMAT Louis, François, Yves]

Par Christian Bougeard, Gilles Morin

Né le 6 novembre 1906 à Kérity, commune rattachée à Paimpol (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), mort le 31 mars 1993 à Lorient (Morbihan) ; instituteur puis inspecteur de l’Éducation nationale ; militant et élu socialiste du Morbihan ; maire de Lorient (1965-1973), député SFIO-FGDS (1967-1968) puis PS (1973-1978) de Lorient.

Yves Allainmat
Yves Allainmat
Assemblée nationale, Notices et portraits

Né dans les Côtes-du-Nord, bretonnant, Yves Allainmat, fils d’un Terre-Neuvas décédé alors qu’il était enfant, fut recueilli dans une famille lorientaise. Il se maria dans cette ville le 18 avril 1929 avec Marie Périgault. Il suivit les cours de l’École normale d’instituteurs et enseigna à la rentrée de l’année 1929-1930 comme instituteur laïque dans les Côtes-du-Nord puis dans le Morbihan, avant d’aller à l’École normale de Gorée au Sénégal où il demeura trente ans comme enseignant, puis comme inspecteur de toute l’ancienne Afrique occidentale française. Après l’indépendance, il fut nommé directeur de cabinet du ministre de l’Éducation nationale de Haute-Volta, chargé de former le nouveau service d’enseignement du jeune État. Il obtint sa retraite en mai 1962 comme inspecteur primaire du corps autonome de l’enseignement et de la jeunesse.

Rentré dans le Morbihan, Yves Allainmat prit le relais de Jean Le Coutaller*, décédé en octobre 1960, au sein de la fédération SFIO. En 1961, il devint le directeur de son journal, Le Rappel du Morbihan.

Aux élections municipales de 1965, il conduisit une liste d’union de la gauche SFIO, PC, PSU et Centre d’action qui permit, dès le premier tour, de reprendre la mairie, perdue par Le Coutaller en 1959 au profit d’une liste de droite. Réélu maire de Lorient en 1971, à la tête d’une municipalité comprenant 17 socialistes, 13 communistes et 7 divers gauche, Yves Allainmat acheva la reconstruction de la ville. Il céda volontairement son fauteuil à son collègue, Jean Lagarde, un autre enseignant socialiste de l’école laïque en 1973.

Depuis 1958, la 5e circonscription du Morbihan, celle de Lorient, était détenue par la droite. Lors des élections législatives de mars 1967, Yves Allainmat défendit pour la première fois les couleurs de la FGDS contre Pierre Messmer, le ministre gaulliste de la Défense qu’il avait bien connu en Afrique, parachuté à Lorient, et qui avait le député sortant Bardet comme suppléant. Bien que devancé de 509 voix à l’issue du premier tour par le communiste Jean Maurice* (23,5 %), il bénéficia de son retrait. L’affrontement de Lorient avait une valeur de test national, contre un ministre gaulliste qui faisait des promesses importantes pour le pays de Lorient, telles que l’amélioration du plan de charge de l’arsenal. Candidat unique de la gauche, Yves Allainmat l’emporta au second tour avec 52,3 % et 2 500 voix d’avance. Il bénéficia de toutes les voix de la gauche, plus d’une fraction de l’électorat centriste dont le report sur Pierre Messmer se fit mal. À l’issue du premier tour, les deux candidats de droite avaient obtenu 53,9 % des voix mais au second, le candidat du centre démocrate, Louis Le Montagner, avait appelé à voter pour la gauche. La gauche non communiste passait de deux à cinq députés en Bretagne (3 FGDS, 2 PSU). Mais après les événements de mai 1968, très importants dans les villes bretonnes, il perdit son siège d’assez peu (49,1 %), le 30 juin 1968. Au second tour, il fut battu par Roger de Vitton (républicain indépendant-Ve République).

En 1969-1971, il participa à la transformation de la SFIO en Parti socialiste et fut membre de la tendance « Bataille socialiste » après le congrès d’Épinay.

En mars 1973, le maire de Lorient se représenta aux législatives sous les couleurs du PS, obtenant 34,8 % des voix au premier tour. Il l’emporta au second en battant le député de droite sortant avec 54,4 %. La gauche non communiste passait d’un à six sièges en Bretagne (5 PS, 1 PSU). Yves Allainmat qui avait reconquis la circonscription de Lorient pour la gauche allait siéger avec deux nouveaux élus socialistes, Charles Josselin (Dinan) et Louis Le Pensec (Quimperlé). Il fut vice-président de l’Assemblée nationale de 1977 à 1978. En 1978, ayant dépassé l’âge de soixante-dix ans qu’il s’était fixé comme limite, il se retira. En mars, il assura à Lorient la transition en douceur en parrainant Jean-Yves Le Drian (PS, rocardien), maire adjoint de Lorient en 1977 dont il fut le suppléant. Celui-ci devint député en 1978 (52,2 %), puis maire en 1981. Le socialisme lorientais, ancré dans ses bastions laïques et ouvriers depuis plusieurs décennies, allait s’orienter vers de nouvelles couches sociales et vers un électorat d’origine catholique gagné à la gauche.

En 1986, un banquet pour son 80e anniversaire réunit 600 personnes, autour de Pierre Mauroy*, Edmond Hervé et Louis Le Pensec.

Remarié le 28 décembre 1974 à Guidel (Morbihan), Yves Allainmat était officier de la Légion d’honneur en 1981.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9869, notice ALLAINMAT Yves [ALLAINMAT Louis, François, Yves] par Christian Bougeard, Gilles Morin, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 16 novembre 2022.

Par Christian Bougeard, Gilles Morin

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SOURCES : Arch. Nat., F17 27914. - Arch. OURS, dossiers Morbihan et fichier « Bataille socialiste », fonds C. Fuzier. — Le Rappel du Morbihan, 8 avril 1993. — Ouest France, mars 1967. — Jean Pascal, Les députés bretons de 1789 à 1983, Paris, PUF, 1983. — Michel Nicolas, Jean Pihan, Les Bretons et la politique. 1958-1988. 30 ans de scrutins en Bretagne, Rennes, PUR, 1988. — Jean-Jacques Monnier, Le comportement politique des Bretons, Rennes, PUR, 1994. — Notes de Jacques Girault.

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