ALLARD Raymond, Hector, Eugène

Par Jacques Girault, Gilles Morin

Né le 2 décembre 1910 à Escaudœuvres (Nord), mort le 3 septembre 2000 à Contes (Alpes-Maritimes) ; instituteur puis directeur d’école à Lille (Nord) ; militant syndicaliste du SNI, secrétaire général de la section départementale du Nord (1957), membre du bureau national (1955-1965) ; militant socialiste, adjoint au maire socialiste de Lille (1969-1977).

Raymond Allard
Raymond Allard
Ses photos à l’école Raymond Allard à Saint-Denis de la Réunion, île de La Réunion. Cliché pris par sa directrice, Agnès de Launay.

Fils d’un ouvrier menuisier, Raymond Allard entra comme dessinateur en 1926 à l’usine de Fives-Lille et suivit des cours du soir pour devenir instituteur. Il effectua son service militaire à Lunéville et à Strasbourg (1932-1933), puis se maria en décembre 1933 à Cambrai (Nord). Le couple eut quatre enfants.

Il fut instituteur à Roost-Warendin en 1929, à Rumillies, à Mastaing, à Escaudain. Mobilisé en septembre 1939 à Lille, il fut démobilisé en juillet 1940. Devenu directeur de l’école d’EScaudain en 1942, il entreprit, trois ans plus tard, une rénovation pédagogique qui la transforma en école expérimentale pionnière dans le département. Puis à Lille, il fut nommé directeur de l’école Montesquieu en 1953, qui devint école d’application.

Secrétaire adjoint de la section départementale du Syndicat national des instituteurs du Nord, Allard en devint le secrétaire général (1957-1965). Assesseur à la séance du Conseil national du SNI, le 28 décembre 1947, lors du congrès du SNI à Pau, il intervint le 19 juillet 1953 sur l’enseignement scolaire agricole. Deux ans plus tard, il participait à la commission des résolutions.

Raymond Allard figurait en onzième position sur la liste « Pour un syndicalisme indépendant et constructif » conduite par Denis Forestier pour l’élection du bureau national du SNI. Il fut élu lors de la réunion du conseil national, le 26 décembre 1955 par 1168 mandats (13e de la liste). Il devint le secrétaire des commissions spécialisées de la pédagogie (écoles annexes, d’application, enfance inadaptée) et membre de la commission corporative. Lors de la réunion du conseil national de Pâques 1956, son rapport proposait « un plan d’équipement de l’Enfance inadapté éducable ». Il soulignait notamment la faiblesse de la participation du Ministère de l’Éducation nationale. Lors du congrès du SNI à Grenoble, le 16 juillet 1956, durant la journée pédagogique il présenta un rapport sur « Les écoles d’application : leur fonctionnement général, leurs perspectives d’avenir », et trois jours plus tard un autre rapport sur « L’action confessionnelle et privée dans le domaine de l’enfance inadaptée ». Lors de la journée pédagogique du congrès de juillet 1957, il traita de la « Liaison entre l’enseignement technique (EN) et l’enseignement technique pratique (Écoles d’application) ». Il rédigea les quatre pages du Bulletin d’information annexé à L’École libératrice, le 4 octobre 1957, « Vers l’essor de l’enseignement spécial » après les journées d’étude de l’enfance inadaptée à Carcassonne. Lors du congrès, le 18 juillet 1957, il intervint sur la nécessité d’obtenir l’adhésion de l’opinion pour mener l’action laïque.

Ces activités se traduisirent par une progression sur les listes majoritaires lors des réélections du bureau national : 7e sur la « Liste pour un syndicalisme indépendant, réaliste et constructif » et 6eme après le scrutin lors de la réunion du conseil national du 23 décembre 1957 dont il présida la séance du latin. Il était en septième position en décembre 1959.

A partir de 1958, Allard, dans le bureau national, était le secrétaire de commissions spécialisées et de la commission pédagogique (écoles annexes, écoles d’application, enfance inadaptée, enseignement agricole). Il participait toujours à la commission corporative et devint membre de la commission œuvres et réalisations sociales. Le rapport qu’il fit adopter par le bureau national, le 6 février 1958, « Pour un aménagement rationnel de l’année scolaire en fonction des possibilités et de la santé de l’enfant et en fonction des conditions de vie sociale actuelles », fut publié dans L’École libératrice, le 26 février, pour être discuté au congrès national de Brest du SNI. Lors de la journée pédagogique avant le congrès, le 16 juillet 1958 fut consacré aux « stages spéciaux » dans les écoles annexes et d’application. Le 20 juillet, lors de la séance consacrée aux questions pédagogiques, il introduisit la discussion sur la « Réorganisation de l’année scolaire en fonction des possibilités de la santé de l’enfant et des conditions de vie sociale actuelle ». Lors de la journée pédagogique avant le congrès, le 5 juillet 1959, son rapport portait toujours sur les questions de la formation professionnelle des normaliens. Deux jours plus tard, dans la discussion du rapport moral présenté au congrès, son intervention porta sur les rapports du SNI avec les jeunes instituteurs. Réélu au BN en 1959, à partir de 1960, il fit partie des commissions corporative, pédagogique et de celle des œuvres et des réalisations sociales. Renouvelé au BN, il reçut, en 1962, le mandat de créer une fédération des associations laïques s’occupant de l’enfance et de l’adolescence inadaptées, et en janvier 1963, il présenta, lors de la réunion de BN, un rapport sur la création de la Fédération nationale des associations laïques de protection de l’enfance et de l’adolescence.

Membre de la commission administrative de la Fédération de l’Éducation nationale (1955-1965), Allard siégea au Conseil supérieur de l’Éducation nationale (1954-1966) et au Conseil supérieur de la Formation professionnelle agricole de la Jeunesse rurale. Il fut aussi élu sur la liste « Pour la défense et la promotion de l’école laïque » en mars 1958 pour siéger comme représentant du SNI à la Commission administrative paritaire nationale. Le 17 novembre 1958, lors des élections du conseil d’enseignement du premier degré, il fut désigné par 7 886 voix sur 9 131 suffrages exprimés. Il était aussi, au début des années 1960, administrateur du centre national de formation et de perfectionnement des professeurs d’enseignement ménager et ménager-agricole de Montlignon en Seine-et-Oise.

En 1964, il présida à l’organisation du congrès national du SNI à Lille. Lors de la réunion du bureau national du SNI, il annonça sa démission du BN puisqu’il allait être candidat comme « personnalité démocratique » en mars 1965 aux élections municipales de Lille.

En 1959, Raymond Allard fut le fondateur de l’Association laïque pour l’éducation et la formation professionnelle des adolescents. La Communauté Albert Châtelet à Mérignies fut sa première création. L’ALEFPA, qu’il présidait, compta jusqu’à une soixantaine d’établissements et structures d’accueil pour enfants en difficulté répartis dans onze départements métropolitains et d’outre-mer (Guadeloupe, Réunion). Il mena entre autres le reconversion du sanatorium d’Osseja (Cerdagne) en maison d’enfants à caractère sanitaire spécialisé et en maison de santé médicale. Après son départ, des audits, dont celui de l’Inspection générale des affaires sociales mirent au cause gravement la gestion passée de l’ALEFPA sans qu’Allard puisse en être tenu comme seul responsable.

Retraité en 1965, Allard, militant socialiste SFIO puis FGDS, franc-maçon, initié à la Loge "Le Réveil" (Grande Loge de France) de Douai, put alors exercer des responsabilités politiques. Conseiller municipal de Lille en 1965, fondateur, la même année, de l’Office municipal des sports, il devint adjoint au maire en 1969. Pour lui succéder comme maire en 1973, Augustin Laurent désigna Pierre Mauroy au lieu de Raymond Allard qui semblait être le favori, bien que contesté, y compris chez les francs-maçons du Grand-Orient. Il demeura dans le bureau municipal jusqu’à la fin du mandat en 1977.

Allard entra au Comité exécutif de la FGDS au titre des cercles Jean Jaurès en avril 1966 et fut vice-président de la FGDS du Nord en septembre 1966. Candidat FGDS aux élections législatives de 1967 dans la troisième circonscription (Lille Nord et Nord-Est), il obtint au premier tour, le 5 mars, 7 229 voix sur 44 248 inscrits et 36 269 votants. Devenu candidat unique de la gauche, le dimanche suivant, il rassemblait la totalité de ses voix, 14 980 sur 34 797 suffrages exprimés et le député sortant "Cinquième République" Lievin-Daniel, représentant du patronat régional, l’emportait.

Raymond Allard présida la Fédération nationale des associations laïques qu’il avait créée, qui ne se développa pas sur le plan national. Elle devint un outil pour l’ALEFPA qui fut supprimé discrètement pour éviter des difficultés. Il présida aussi à partir de 1973 l’Union française pour la jeunesse qui fonctionnait à Lille comme une université populaire. En 1975, il était le président du comité régional de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA). En 1979, il était le vice-président du Centre national pour la création des œuvres sociales, fondé en 1970, qui regroupait 53 associations (Entraide universitaire, mutuelle de l’ORTF, MAIF etc) et qui publiait la revue Intercollectivités. Il présida également la section lilloise de la Société d’entraide de la Légion d’honneur. La 16 novembre 1996, à l’Élysée, François Mitterrand lui remit la distinction d’Officier de la Légion d’Honneur.

Il passa la fin de sa vie près de l’un de ses fils vers Antibes (Alpes-Maritimes). Comme il l’avait souhaité, ses cendres furent dispersées près de l’école publique de Saint-André-de-la-Réunion qui porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9888, notice ALLARD Raymond, Hector, Eugène par Jacques Girault, Gilles Morin, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 23 septembre 2021.

Par Jacques Girault, Gilles Morin

Raymond Allard
Raymond Allard
Ses photos à l’école Raymond Allard à Saint-Denis de la Réunion, île de La Réunion. Cliché pris par sa directrice, Agnès de Launay.

SOURCES : Arch. Nat., F7/15463. - Arch. Préfecture de police, B 12, 43701 (dossier Breuillard). — Arch. OURS, FGDS, 2 APO 6. — Fondation J. Jaurès, 12 EF 59. — Presse nationale et locale. — Presse syndicale. - Les écoles de la République, Paris, Eclectis, 1993, p. 23. — Renseignements fournis par André Henry et par la famille de l’intéressé. — Presse nationale et locale.

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