BELTETTE Achille, Victor, Albert

Achille Beltette était le fils de Jean-Baptiste, charron, et de Victorine Devillers, sans profession. Il alla à l’école primaire dans son village natal, dirigée par l’instituteur Evariste Harduin, auquel il voua une grande reconnaissance pour son enseignement et qui le poussa à entreprendre des études secondaires au collège de Saint-Riquier (Somme).

Après l’obtention du baccalauréat ès lettres, il poursuivit des études supérieures à la faculté des lettres de Lille, tout en étant surveillant au collège Jean Bart à Dunkerque (1883-1885), puis maitre des classes primaires et faisant fonction de surveillant général au collège d’Arras (1886-1888). Après l’obtention en 1887 d’une licence ès lettres avec un certificat secondaire de littérature anglaise, il devint professeur chargé de cours d’anglais au lycée de Tourcoing, où il accomplit l’essentiel de sa carrière. Ayant échoué quatre fois à l’agrégation, il avait pourtant acquis à la ville, comme au lycée, une "considération très légitime" selon l’inspecteur général en 1908. Il donnait en outre des cours à l’Institut Sévigné (école primaire supérieure de filles) et participait à l’enseignement pour adultes de 1900 à 1913. Il avait aussi été à l’origine de la création de la première équipe de football-association recensée (« Jeune France", 1885). Il fut distingué officier d’académie en 1902 et officier d’instruction publique en 1908.

Après avoir participé en 1904 et 1905 à la constitution de la Fédération française des professeurs de lycées, il en devint le trésorier en 1907. Délégué en 1912, à Bruxelles, au congrès de création du Bureau international des fédérations nationales du personnel de l’enseignement secondaire public (BIES), il en devint un des animateurs.

Conseiller municipal de Tourcoing élu en 1912, durant l’occupation allemande des "régions envahies" après 1914, il participa à la fondation et au fonctionnement d’un Comité de secours alimentaire en faveur des familles démunies. Il fut ensuite pris comme otage parmi d’autres professeurs, et déporté (janvier1918) près de Vilnius (actuelle Lituanie) dans un camp de représailles. Condamné pour espionnage par un conseil de guerre le 9 novembre 1918 à Bruxelles, il fut libéré par l’armistice. Cela lui valut la Légion d’honneur le 30 septembre 1920. Le gouvernement britannique lui attribua par ailleurs, le 18 septembre 1919, la British war medal, pour services rendus à l’armée anglaise durant la guerre.

Après la guerre, il fut secrétaire général du BIES, de 1920 à 1931, avec Jean Clavière qui avait été son collègue à Dunkerque. Avant le congrès de 1926 tenu à Genève, ils exprimèrent à la presse leurs objectifs : "L’œuvre de paix, telle que s’efforce de la réaliser la Société des nations, se heurtera à des difficultés sans cesse renouvelées, tant que les éducateurs de ceux qui seront l’élite intellectuelle des nations, c’est-à-dire les professeurs de l’enseignement secondaire, n’auront pas modifié l’état d’esprit des peuples et créé dans le monde l’esprit nouveau que réclame l’humanité actuelle. Notre doctrine est que, en matière d’éducation, les réformes pédagogiques seront en danger de ne produire aucun résultat, si elles sont imposées comme une consigne par la voix des gouvernements. Notre doctrine est que ce sont les aspirations des maîtres, leurs expériences professionnelles mises au point dans les congrès qui doivent provoquer la rédaction des textes officiels."

Achille Beltette était aussi, en 1923, trésorier de la Fédération nationale des professeurs de lycées et du personnel enseignant secondaire féminin (Voir Victor Cope).

Domicilié à Villemomble (Seine/Seine-Saint-Denis), il était retraité depuis 1927. Il assurait la fonction de secrétaire administratif — chargé des relations internationales — du Syndicat national des professeurs de lycées et du personnel de l’Enseignement secondaire féminin. Il était considéré comme un « fervent républicain ». (Voir Maurice Lacroix).