ALLÈGRET Yvonne [née LAVERGNE Yvonne]

Par Alain Chaffel

Née le 5 juin 1933 à Brive (Corrèze) ; employée ; militante communiste, responsable de la fédération de la Drôme du PCF pendant plusieurs décennies, membre du comité central (1972-1985).

Élevée dans un milieu modeste (son père était chauffeur à la SNCF, sa mère ménagère), fille unique, Yvonne Lavergne grandit dans un foyer communiste ; son père avait rejoint les rangs du Parti pendant l’Occupation.

Après un BEPC et deux CAP d’aide-comptable et d’employée de bureau, elle travailla comme employée dans plusieurs entreprises en Corrèze, puis dans la Drôme (CFPA, MGEN) jusqu’à son élection au comité central du PCF le 17 décembre 1972.

Membre du PCF et de l’UJFF depuis 1950, membre de la commission fédérale de contrôle financier en 1952, secrétaire départementale de l’UJFF de la Corrèze de 1952 à 1957, elle fut élue au comité fédéral de Corrèze du PCF en 1953. Elle accéda au bureau fédéral en 1956. Elle fut permanente au bureau national de l’UJFF de 1958 à 1961 et vint habiter à Paris. En 1961, elle siégeait au comité de section du XIVe arr. de Paris.

Choisie pour participer à une école centrale de 4 mois en 1961 — dix ans après avoir suivi une première école d’un mois « pour la jeunesse » en novembre 1951 — elle y rencontra son futur mari, Anatole Allègret*, tourneur sur bois, qui entrait au secrétariat fédéral de la Drôme. Elle vint s’installer dans ce département. Élue au bureau fédéral en 1962, responsable des femmes communistes du département, elle accéda rapidement à la commission nationale du « travail parmi les femmes ».

Chargée de suivre, à ce titre, la région Rhône-Alpes, elle fut repérée par Madeleine Vincent* qui soutint sa candidature au comité central au moment du 20e congrès du PCF en 1972. Cette promotion - une première depuis 1945 pour un communiste drômois - fut perçue comme un événement majeur par les militants locaux. Elle déboucha sur une situation originale et vraisemblablement unique dans une fédération du PCF, car Anatole Allègret, son époux, occupa au même moment le poste de premier secrétaire fédéral. Lorsque celui-ci quitta ses responsabilités, fin 1983, pour raisons de santé, le secrétariat national écarta l’hypothèse de son remplacement par Yvonne Allègret car « Anatole continuerait à peser sur la fédération » (12 janvier 1984).

Les treize années qu’Yvonne Allègret passa au comité central furent pour elle essentielles. Fascinée par certains intellectuels du Parti, comme Louis Aragon* ou Lucien Sève*, elle eut l’impression d’entrer dans un univers « riche et profond ». Heureuse et flattée d’avoir vécu cette « expérience » en tant que membre de la commission féminine, elle utilisa ce long passage au sommet de l’appareil pour donner davantage de responsabilités aux militantes et les pousser à s’engager sur les listes du Parti aux élections municipales. Elle se battit aussi, avec elles, pour la contraception et l’IVG (Interruption volontaire de grossesse), malgré les réserves des communistes locaux. Non réélue au comité central en 1985, elle écrivit dans le journal fédéral : « C’est avec mon total accord que le CC sortant n’a pas reproposé ma candidature afin de permettre la promotion de nouveaux camarades. Aucune interprétation politique n’est possible, j’ai défendu le projet de résolution, je l’ai voté à toutes les instances du Parti. »
Candidate emblématique du PC à toutes les consultations électorales depuis 1967, elle fut finalement élue à Valence en 1977 à l’occasion des élections municipales.

Présidente du groupe communiste, elle occupa le poste d’adjointe aux affaires sociales du maire socialiste de la ville, Rodolphe Pesce, pendant dix-huit ans, jusqu’à la défaite de la gauche en 1995. Elle siégea également au conseil régional de 1986 à 1998.

Toujours membre de la direction fédérale en 2001, elle avait été faite chevalier de la Légion d’honneur en 2000.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9907, notice ALLÈGRET Yvonne [née LAVERGNE Yvonne] par Alain Chaffel, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 19 novembre 2008.

Par Alain Chaffel

SOURCES : Arch. fédération de la Drôme du PCF. — Arch. comité national du PCF. — Alain Chaffel, Les Communistes de la Drôme de l’euphorie de la Libération à la désillusion du printemps 1981, L’Harmattan, 1999. — Interviews d’Yvonne Allègret du 13 novembre 1993 et du 18 juillet 2001.

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