ALLEMANE Gaston, Jean, Bertrand

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Justinien Raymond

Né le 29 mars 1903 à Sauveterre-de-Cominges (Haute-Garonne), mort le 31 mars 1989 à Paris (XVIe .) ; chef comptable ; militant socialiste SFIO ; maire adjoint de Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) de 1935 à 1941, conseiller général de la Seine (1935-1941), député (1936-1940).

[Le conseil municipal. Nos édiles…, op. cit.]

Fils d’un charpentier et petit-neveu de Jean Allemane (1843-1935), ancien membre de la Commune de Paris, Gaston Allemane ne fréquenta ni le lycée, ni le collège, mais attiré par le droit, il passa la capacité de droit et, plus tard, le diplôme de l’École des sciences politiques. Chef comptable, il était membre de la deuxième section socialiste SFIO de Paris avant de demander, en 1932, son transfert à Champigny-sur-Marne où il devint un des principaux responsables socialistes. Gaston Allemane se situait à la gauche du Parti socialiste : en 1937, il siégea à la commission administrative du Populaire comme représentant de la motion Marceau Pivert.

La municipalité conquise en 1912 par Albert Thomas resta dirigée par les socialistes Eugène Courel (maire de 1925 à sa mort survenue en 1933) et Gaston Chardin (maire de 1933 à la Seconde Guerre mondiale). Élu maire adjoint en mai 1935, Gaston Allemane se présenta aux élections cantonales des 26 mai et 2 juin 1935 dans la première circonscription de Nogent-sur-Marne (Bry-sur-Marne, Champigny-sur-Marne). Au premier tour les voix se répartirent ainsi : Allemane 2 078, Doumencq (ou Doumenc ou Doumeng) communiste, 1 369, Barillet maire de Bry-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne), 2 311 (8 166 inscrits, 5 806 votants). Il conquit le siège au second tour par 3 443 voix contre 2 582 à Barillet, sur 6 094 votants. Gaston Allemane appartint à la sixième commission (Finances) dont il fut secrétaire, ainsi qu’à la dixième commission (Travail et chômage).

Franc-maçon, il fut affilié à la Loge Marat de la Grande Loge de France de 1934 à 1937.

Gaston Allemane fut candidat socialiste SFIO aux élections législatives des 26 avril et 3 mai 1936, dans la troisième circonscription de Sceaux (Bry-sur-Marne, Champigny-sur-Marne, Nogent-sur-Marne, Le Perreux-sur-Marne). Il recueillit au premier tour 4 825 voix sur 20 467 inscrits (23,6 % et 18 226 votants et fut élu au second tour avec 9 807 voix (48 % des inscrits). Gaston Allemane appartint aux commissions de l’administration générale, de la législation civile et du travail.

Mobilisé pendant l’été 1939 comme sous-lieutenant à la 67e DI stationnée en Alsace, il était présent à Vichy le 10 juillet 1940. Gaston Allemane vota la loi constitutionnelle donnant les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. « Pas glorieux ! nous écrivit-il le 8 avril 1980, mais fallait-il renverser le gouvernement et abandonner à leur triste sort les milliers de civils sur les routes, et la masse des prisonniers... Débat périmé certes mais, croyez-moi, il fut cornélien, dramatique, pour des hommes comme Martin et Massé par exemple (morts en déportation) et aussi pour moi-même. Arrivés à peine quelques heures avant le vote, retour des armées, personne ou presque pour nous accueillir et nous informer, pas de réunion du groupe parlementaire socialiste pour fixer la position commune et surtout deux ministres socialistes dans ce gouvernement qui demandait les pleins pouvoirs (Rivière et Blancho) soutenus par le groupe et servant de caution. » (Voir Albert Rivière et François Blancho)

Gaston Allemane se démit, en décembre 1941, de ses mandats de conseiller municipal et de conseiller général nommés par le gouvernement de Vichy. Il changea alors de domicile pour éviter une éventuelle arrestation. Bientôt les journaux publièrent les listes des principaux francs-maçons où son nom, en raison de l’ordre alphabétique, figurait en tête. Gaston Allemane participa à la reconstitution du Parti socialiste clandestin et siégea à son comité directeur jusqu’à la Libération, tout en aidant le réseau de résistance Libération-Nord. Un résistant, Roland Pré lui fournit du travail au Comité du bâtiment.

À la Libération, Robert Sorel, dirigeant de la section socialiste de Champigny-sur-Marne, mena une active campagne contre Allemane. Au congrès socialiste de novembre 1944, Gaston Allemane fut déclaré inéligible comme tous les députés qui avaient voté les pleins pouvoirs à Pétain mais Édouard Depreux demanda « qu’il soit éligible au conseil général en l’honneur de son attitude » ([Édouard Depreux>22336], Comment j’ai pu en décembre 1941, sous l’occupation nazie, dire non à Pétain et à Hitler, Paris, 1979, p. 48). Le congrès repoussa cet amendement à une petite majorité. Allemane n’accepta pas la sanction : il démissionna du Parti socialiste. Gaston Allemane se présenta aux élections législatives de 1951 et 1955 comme socialiste indépendant. Selon son témoignage, il « ne poursuivait, d’autre but, en ces circonstances que de défendre son honneur, contre l’ignoble campagne qui avait été menée contre lui » (lettre citée). Des membres du syndicat des journalistes socialistes, auquel il appartenait, l’encouragèrent à adhérer à la section de Clichy du Parti socialiste unifié (PSU) puis du Parti socialiste. Directeur d’une revue spécialisée, Gaston Allemane prit sa retraite vers 1968.

Gaston Allemane s’était marié le 19 juin 1934 à Paris (IIe arr.) avec Yvonne Bouyer, puis le 18 mai 1948 avec Marguerite Blanchard dans le XVIe arrondissement, où il mourut.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9912, notice ALLEMANE Gaston, Jean, Bertrand par Jean Maitron, Claude Pennetier, Justinien Raymond, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Justinien Raymond

[Le conseil municipal. Nos édiles…, op. cit.]

SOURCES : Arch. Paris, DM3. — Arch. Ass. Nat., résultats électoraux et dossier biographique. — Le Conseil municipal : nos édiles. Annuaire illustré, 1935-1941, (1937), p. 349-350. — Jean Jolly, Dictionnaire des parlementaires français, 1889-1940, PUF, 1960-1977, t. I. — Édouard Depreux, Comment j’ai pu en décembre 1941, sous l’occupation nazie, dire non à Pétain et à Hitler, Paris, 1979, p. 46-48. — Lettre de Gaston Allemane, 8 avril 1980. — État civil.

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