BERLINGAUD Marcel dit Berlin

Par Eric Panthou

Né le 10 avril 1901 à Voulême (Vienne), postier, militant communiste, secrétaire politique du Comité régional du PCF en Auvergne fin 1933, candidat aux législatives de 1936 en Savoie, décédé à Barro (Charentes), le 22 mai 1965.

Marcel Berlingaud est connu comme militant sous le nom de Berlin. Ce n’est qu’à l’occasion de l’élection législative d’avril 1936, où il fut candidat du PCF, qu’il se présenta sous le nom de Berlingaud, dit Berlin pour la presse.

Son père était cultivateur. Marcel Berlingaud fit sa carrière dans les PTT.
En mars 1922, il est réformé temporaire du service militaire pour pleurésie après avoir été envoyé 10 jours au Maroc. Il se marie en avril 1922 avec Célestine François à Barro (Charentes), là où ses parents vivaient à cette date. Il a eu un enfant. Il s’est remarié ensuite en 1947 avec Hélène Rabet, en Charente-Maritime.

Il fut un dirigeant d’un rayon des JC dans le XIéme arrondissement à Paris, son nom est alors cité dans l’Humanité en 1924. En 1929, Marcel Berlingaud milite à Montreuil (Seines-Saint-Denis).

Selon son carnet militaire, il quitte Montreuil et arrive à Clermont-Ferrand à partir du 10 septembre 1932, domicilié en banlieue, à Aubière. Son nom apparaît pour la 1ére fois dans Le Cri du Peuple, l’hebdomadaire du PCF du Puy-de-Dôme, en janvier 1933, où il critique l’attitude des dirigeants, socialistes, de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) du département. Il intervient alors au nom du Comité départemental du Secours Rouge International, mais aussi un comité Fort-Mesclier demandant l’amnistie pour deux militants. Il écrit un article mi février lançant l’objectif prochain de 600 adhérents au SRI dans le département. Le 8 avril, il signe un article au nom du Secrétariat régional du PCF dans lequel il écrit : “Dans notre région, le Comité départemental du Secours Rouge vient de proposer la transformation de son Congrès contre la répression en Congrès antifasciste et un Comité d’action antifasciste vient d’être créé. Notre parti doit proposer partout la réalisation du front unique de lutte contre le fascisme et la guerre à toutes les organisations se réclamant de la classe ouvrière”. Le congrès contre la guerre et le fascisme se tient le 28 mai 1933 et Berlin en est l’un des principaux organisateurs. Le congrès fut considéré comme un succès, avec la présence de délégués observateurs des sections SFIO de Clermont-Ferrand et Saint-Amand-Tallende, et bientôt l’adhésion de quelques maires SFIO au Comité. C’est Berlin qui assura le rapport introductif, au nom du SRI.
Suite à plusieurs provocations de l’extrême-droite et à la répression contre des militants ouvriers, le rapprochement avec les socialistes se concrétise. Un meeting unitaire se tient le 1er juillet 1933, présidé par le socialiste Villedieu (futur député de Clermont-Ferrand en 1936). Berlin y intervient au nom du PCF.
En mai 1933, devant les difficultés du Cri du Peuple, l’hebdomadaire est réorganisé, Pranchère étant chargé de la rédaction et de la direction politique tandis que Berlin devient responsable administratif, à la place de Marcel Mâle, qualifié de “saboteur”.
Le 26 août, Berlin signe un article annonçant le prochain Comité régional du PCF et affirmant que celui-ci doit surmonter les faiblesses du Parti dans la région, en particulier à la CGTU qui est passée de 830 adhérent à l’Union Locale de Clermont-Ferrand en 1929 à 450 en 1933.

En 1933, il est considéré par la direction du parti comme l’un si ce n’est le meilleur élément au sein de la direction du PCF dans le Puy-de-Dôme. C’est une région où le Parti est faiblement implanté et a des difficultés à dégager une direction solide.

Il est alors ambulant des PTT.
Dupuy, le représentant du CC en tournée dans la région, le fait nommer secrétaire politique avec un secrétariat collectif à ses côtés. Berlin est par ailleurs membre du Comité Régional.

Le dimanche 16 septembre 1934, il prend la parole à un meeting antifasciste organisé conjointement avec la SFIO.

A l’automne 1934, lors de la préparation des élections cantonales, Berlin s’oppose au projet de candidature de Pranchère. Le Comité Central impose le retrait de cette candidature. Ce dernier démissionne alors, bientôt suivi par Brunstein et Ollier. Une commission d’enquête du Comité Central accuse ces hommes d’avoir formé un « groupe » et prononce le 6 janvier 1935 l’exclusion définitive de Pranchère tandis que Brunstein est exclu pour un an, le 15 décembre 1934, sanction ramenée à six mois.

Berlin est relevé de toutes ses fonctions pendant un an. On lui reprochait notamment « son appréciation sur le régime intérieur du Parti, il accuse sa direction de prendre des policiers comme homme de confiance, tels que Marion et autres ».

Le PCF est confronté à une grave crise après le départ de ses principaux dirigeants, le groupe Pranchère-Souchal-Brunstein, qui sont accusés d’avoir mené une politique sectaire et gauchiste. Les deux premiers rejoignent bientôt le P.P.F. de Doriot tandis que Brunstein est remplacé par Louis Bertin au poste de secrétaire régional du PC, puis quand celui-ci partit pour la Haute-Savoie, en 1935, il est remplacé par Marcel Berlin.

Au milieu de cette année 1935, Berlin est affaibli par les critiques de la direction nationale contre sa compagne -et non épouse comme le disent les rapports internes du PC-, Marie Gobert. “Son mari, le camarade Berlin est très actif, mais est dangereux pour son manque de fermeté. Il est sous l’influence de sa femme. Malgré les conversations que j’ai eues avec lui il continua à l’utiliser comme orateur public pour les réunions du Comité antifasciste et il l’aida pour conserver, malgré les explications que je lui ai données, et l’hostilité des membres du Parti, la direction de l’Union des Femmes” écrit alors Jean Seinforin. Sa compagne avait sans doute comme pseudo Berline. Une dénommé Berline est exclue du Parti pour un an par le Bureau politique dans le cadre de l’affaire Pranchère, en janvier 1935.

Le 3 novembre 1935, se tient le congrès du Comité régional antifasciste. Marcel Berlin est alors secrétaire de l’organisation et y intervient.

Dans un rapport sur les relations entre la direction du rayon et les communistes dirigeants Amsterdam Pleyel, le délégué du CC, Roucaute, revient sur l’activité de Berlin. Ce dernier a fait le rapport sur Amsterdam-Pleyel lors du Comité régional de novembre 1935. Roucaute note un peu de confusion chez Berlin entre Comités AP et comités de FP.
“Gros travail de Berlin et d’un JC pour les Comités AP qui approchent les 4000 adhérents.
Dans cette situation particulière, Berlin a beaucoup de responsabilité. Il est un peu hautain avec les autres ; il croit les dépasser de cent coudes. Et il y a toujours l’influence néfaste de sa femme -écartée du PC- qui pèse sur lui. La solution de ces histoires dépend beaucoup de Berlin et nous le lui avons dit carrément”

En août 1935, il avait été décidé qu’à la fin de l’année, Allier et Puy-de-Dôme formeraient chacun une région distincte au niveau du Parti. Ernest Néron remplace Berlin sans doute dès juillet ou août 1935, mais on lui adjoint un secrétariat collectif pour l’aider.

Berlin quitta le Puy-de-Dôme sans doute vers décembre 1935 pour Modane (Savoie), ou Chambéry selon son carnet militaire. Il fut candidat du PC aux élections législatives en 1936 à Saint-Jean-de Maurienne sous son véritable nom, Berlingaud. Il ne recueillit que 391 voix et moins de 4% des suffrages exprimés.
Il est mobilisé en septembre 1939 et est fait prisonnier dans les Vosges. Il est rapatrié et démobilisé le 30 mars 1943.
Il aurait quitté le Parti communiste en 1940.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article99361, notice BERLINGAUD Marcel dit Berlin par Eric Panthou, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 31 juillet 2022.

Par Eric Panthou

SOURCES : Arch. Dép. Puy-de-Dôme, M 05420. — RGASPI : Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1933 cote : 517-1-1529. Région Auvergne, comité régional élargi du 19 mars 1933, rapport du camarade Dupuy_ Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1933 cote 517_1_1529. Rapport sur la conférence de décentralisation du département de l’Allier _ RAGSPI : Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1935 : cote 517_1_1744 : Tournée dans le Puy-de-Dôme du 11 au 25 août 1935. Délégué : Seinforin _ Fonds de la direction du Parti Communiste Français :1935 : cote 517_1_1744. Compte-rendu délégation à : Comité de Rayon de Clermont-Ferrand, Comité Régional du Puy-de-Dôme. Délégué : Roucaute, 9-10 novembre 1935. — Caroline Spina, Le Parti communiste du Puy-de-Dôme dans l’entre-deux-guerre, mémoire maîtrise Histoire, Université Clermont 2, 1993, “Un beau succès. vers l’unité d’action la plus large”, Le Cri du Peuple, 2 juin 1933. “Résultats des élections législatives”. — Le Populaire, 28 avril 1936. Dossier RGASPI à Moscou fonds 495-270, dossier 804 (non consulté). Lettre de Louis Follet à Marcel Chevalier, 8 janvier 1935, archives Roger Champrobert, Clermont-Ferrand. — État cvil Extrait acte de naissance (commune de Voulême). Arch. dép. de la Vienne. Fiche militaire de Marcel Berlingaud. http://www.culture.fr/grandmemorial/resultats?lastname=BERLINGAUD&exactLastname=1&firstname=Marcel&exactFirstname=1&database%5B%5D=charente

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