ALPHANDÉRY Claude. Pseudonyme dans la clandestinité : Cinq-Mars

Par Gilles Vergnon

Né le 29 novembre 1922 à Paris ; haut-fonctionnaire, puis président de sociétés, responsable associatif ; résistant, responsable des MUR-MLN dans l’Ardèche, puis la Drôme, président du CDL de la Drôme en 1944 ; membre du Parti communiste (1946-1956), du Club Jean Moulin, puis du Parti socialiste.

Issu d’une famille aisée et de tradition républicaine (son père, Pierre Alphandéry était trésorier-payeur général et son grand-père Georges Lévy-Alphandéry, maire et conseiller général de Chaumont et député radical de la Haute-Marne de 1924 à 1940), Claude Alphandéry, fréquenta, après des études secondaires au lycée Carnot, une hypokhâgne à Bordeaux (1939-1940) et un passage à Aix-en-Provence, la khâgne du Lycée du Parc à Lyon (1941-1942).

En contact avec la Résistance, diffuseur de la presse clandestine, il abandonna ses études en 1942 et, après avoir occupé un poste de professeur auxiliaire à Roanne dans une école religieuse, l’institut Saint-Louis de Gonzague, s’immergea dans la clandestinité au début de 1943. Désigné responsable des MUR de l’Ardèche en mai-juin 1943, il noua de bonnes relations avec Raoul Galataud, chef départemental FTPF, qui facilitèrent la constitution le 15 novembre d’un Comité de Libération nationale de l’Ardèche. Il rédigea largement le premier numéro de son organe, L’Ardèche combattante, diffusé en janvier 1944. Poursuivi par la Gestapo, Claude Alphandéry devint à l’automne 1943 responsable du MLN dans la Drôme et il fut désigné au même moment président du CDL. Étranger au département et non « marqué » politiquement, il assura d’autant mieux l’intégration en son sein de toutes les tendances de la Résistance (PC, SFIO, Jeune République, radicaux, catholiques, protestants...) ainsi que d’intellectuels réfugiés à Dieulefit, comme le poète Pierre Emmanuel*. Début juillet 1944, il obtint d’Alban Vistel, responsable régional MLN, le remplacement à la tête des FFI du département de Jean Drouot- « L’Hermine » par le lieutenant-colonel Jean-Pierre de Lassus Saint-Geniès- « Legrand ».

Démissionnaire de ses fonctions en décembre 1944, après l’échec des congrès de Vizille (5 septembre) et d’Avignon (7-8 octobre) des CDL du Sud de la France, Claude Alphandéry fut remplacé à la présidence du CDL par le socialiste Fernand Bouchier*. À sa demande et grâce à l’intervention du ministre de l’Information P.-H. Teitgen, il fut, d’octobre 1945 à mai 1946, affecté comme attaché de presse à l’ambassade de France à Moscou, d’où il rentra pour passer le concours de l’ENA. Adhérent alors au parti communiste, il fut directement « rattaché » au comité central et suivi pendant sa scolarité (1947-1948) par Jean Chaintron*. Affecté à la direction du trésor, puis au service des études économiques et financières (SEEF) du ministère des Finances, il milita au Mouvement de la paix et à la rédaction d’Économie et politique. Membre de la commission permanente du Mouvement des Combattants de la liberté (novembre 1948), il appela dans Combat pour la paix à des Comités de Défense pour le développement du commerce avec l’Est (1er mars 1952). Il fut membre du Comité permanent de la Résistance contre la ratification des accords de Bonn et Paris (1953).

Claude Alphandéry, qui épousa Nicole Bernheim en 1950 (deux enfants, Pierre et Marc), quitta le PCF en 1956. Proche du « mendésisme », affecté par l’avènement de la Ve République, il obtint en 1959 un poste d’expert auprès de l’ONU à New York, d’où il ramena un essai sur le modèle américain de la société de consommation. Membre à son retour du Club Jean Moulin, il poursuivit dans les années 1960 et 1970 une activité professionnelle dans l’immobilier, à l’Immobilière construction de Paris (ICT), à la Banque de construction et des travaux publics (BCT) dont il fut PDG de 1963 à 1979. Devenu un spécialiste de la politique du logement, il présida de 1969 à 1975 la commission de l’habitat du VIe Plan.

Claude Alphandéry signa en 1974, avec d’autres chefs d’entreprise, comme Antoine Riboud et Gilbert Trigano, un appel de soutien à la candidature de François Mitterrand*. Il rejoignit alors le « groupe des experts » du Parti socialiste et le PS lui-même, où il se rapprocha du courant « rocardien », signant la motion Mauroy*-Rocard* au congrès de Metz (1979). Il présida, à partir de 1991, le Conseil national pour l’insertion par l’activité économique.

Médaillé de la Résistance, Croix de guerre 1939-1945, Claude Alphandéry fut Grand officier de la Légion d’honneur. En mars 2004, il participait encore à un colloque sur l’actualité du programme du CNR organisé par l’association ATTAC.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9950, notice ALPHANDÉRY Claude. Pseudonyme dans la clandestinité : Cinq-Mars par Gilles Vergnon, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 19 novembre 2008.

Par Gilles Vergnon

ŒUVRE : L’Amérique est-elle trop riche ?, Calmann-Lévy, 1960. — Pour une politique du logement, Seuil, 1965. — Les prêts hypothéquaires, PUF, 1976. — Vivre et résister, Descartes & Cie, 1999. — De la galère à l’entreprise, 2002.

SOURCES : Claude Alphandéry, Vivre et résister, op. cit. — Louis-Frédéric Ducros, Montagnes ardéchoises dans la guerre, t. II : La lutte clandestine, Valence, 1977. — Notes de Raoul Galataud pour le cédérom de l’AERI sur « La Résistance en Ardèche ». — Patrick Martin, La Résistance dans le département de la Drôme, thèse, université Paris IV, 2001. — Who’s who, 2003.

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