Par Pierre Broué
Née en 1885 ; piqueuse en bottines, puis confectionneuse ; militante de la CGT, secrétaire adjointe de l’Union des syndicats ouvriers de l’Isère.
Militante de la CGT, Louise Martin fut élue conseiller prud’homme à Grenoble le 13 mars 1910. Elle était l’épouse de Pierre Berthet, militant du syndicat des employés de commerce, élu en 1913 secrétaire de l’Union des syndicats ouvriers de l’Isère, et elle le seconda dans son activité, avec le titre de secrétaire adjointe.
Considérée comme « extrémiste », elle eut à subir en 1913 une perquisition au cours de laquelle la police trouva en sa possession des journaux et brochures anarchistes. Elle déploya pendant la guerre une grande activité, et intervint dans nombre de conflits du travail, grève des mineurs de La Mure en 1914, réorganisation du syndicat des textiles de Vizille en 1915, action des gantiers de Voiron en février 1917. En août 1917, elle lança aux métallurgistes de Grenoble un appel à l’action qui ne rencontra guère d’écho.
Nous ignorons dans quelles circonstances précises elle aurait accepté — dès 1916 — de se placer au service de la police. Il semble que son mari en fut informé et le dissimula à ses camarades, la conservant dans ses responsabilités à l’USOI. Tous deux ne furent démasqués qu’en 1919 et, exclus alors de leurs syndicats respectifs et de la CGT, furent stigmatisés comme « traîtres à la classe ouvrière ».
Par Pierre Broué
SOURCES : Arch. Dép. Isère 166 M 10, 11, 12. — Le Droit du Peuple, 1913-1919, passim, et, pour son exclusion, 7 juillet et 9 septembre 1919. — Claudette Boude, La CGT dans l’Isère de 1911 à 1918, TER Grenoble, 1972.