BERTON François, Gaston

Par Daniel Grason

Né le 26 octobre 1904 à Saint-Montan (Ardèche), mort le 25 janvier 1944 à Natzviller (Bas-Rhin) ; typographe, employé ; déporté.

Fils de Célestin, négociant et de Léontine Fabrege, ménagère, François Berton fut engagé comme typographe au quotidien toulonnais La République du Var, le 15 mai 1929. Il habitait La Valette et avait travaillé auparavant à Lorgues (Var), Cavaillon (Vaucluse), Grasse (Alpes-Maritimes où, en 1928, il avait eu des contacts avec des militaires), Nice et Saint-Raphaël. Membre du bureau de la cellule de rue de Toulon-Centre,
François Berton était bibliothécaire de la commission exécutive de la neuvième Union régionale des syndicats de la CGTU. Le 1er août 1929, il jetait des tracts depuis la plateforme d’un tramway en passant devant la porte de l’Arsenal maritime à l’heure de la rentrée. Le 9 août, lors d’une réunion du comité de rayon, il présentait une brochure antimilitariste dont il était l’auteur. Il fut ce jour-là chargé d’acheter une ronéo pour la confection des tracts. Il quitta le journal La République du Var le 14 octobre 1929.
Il vint habiter en région parisienne, fit la connaissance de Ruchla Grinchajm, née le 27 décembre 1910 à Varsovie (Pologne) et se maria avec elle le 18 septembre 1934 à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Une fille, Roberte naquit le 24 août 1936 à Varsovie et devint française par filiation. En 1940, le couple habita 45 rue Bénard à Paris (XIVe arr.). Le mari était employé en qualité d’agent auxiliaire à l’Office départemental de placement, rue Mogador à Paris (IXe arr.).
François Berton fut appréhendé par la police française le 2 juillet 1940 pour avoir loué ou prêté une pièce de leur appartement à Naftule Grosman*, impliqué dans un réseau de renseignement et d’action du Komintern. Il ne joua qu’un rôle mineur, mais outre Grossman, il connaissait Robert Beck et agit en connaissance de cause. Emprisonné à la prison de la Santé, il y rencontra en octobre 1942 Renée Hogge compagne de Beck, celle-ci était en détention préventive ; il lui demanda au cas où lui et sa femme ne survivraient pas aux épreuves, de s’occuper de leur fille Roberte.
Ruchla (Rachel) Berton, arrêtée le 22 juillet 1942 pour défaut de port de l’Étoile Jaune, internée au camp de Pithiviers (Loiret) sous le n° 2421, accoucha le 6 décembre 1942 d’une fille dénommée Françoise. Toutes deux furent déportées par le transport n° 60 au départ de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) le 7 octobre 1943, la mère sous le prénom de Renée à destination d’Auschwitz (Pologne). Un convoi de mille déportés, femmes et hommes, trente-et-un dont deux femmes survécurent, Ruchla et Françoise Berton y moururent le 12 octobre 1943, probablement gazées.
Il ne fut pas jugé, mais incarcéré dans la prison de la Gestapo au Fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis), désigné comme otage. Les services de sûreté et de sécurité allemands s’adressèrent dans plusieurs courriers au commandant du camp de Romainville, pour qu’il soit mis fin à son statut d’otage afin de le déporter. Le 14 juillet 1943 il partait avec cinquante-six prisonniers du Fort de Romainville de la gare de l’Est pour le camp de concentration de Natzweiler (Bas-Rhin), tous des déportés politiques Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard), François Berton matricule 4559, y mourut le 25 janvier 1944.
Renée Hogge* libérée du camp de Mauthausen (Autriche) fut remise à la Croix-Rouge et rentra en France le 22 avril 1945. Elle tint parole, entreprit des démarches pour adopter Roberte Berton, en pension à Beaumont-sur-Sarthe. Le 12 mai un jugement lui conféra provisoirement la tutelle qui fut confirmée définitivement le 11 décembre 1950.
François Berton a été homologué Déporté interné résistant (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article99749, notice BERTON François, Gaston par Daniel Grason , version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 23 septembre 2019.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. Nat. F7/13118 ; 13164. – Arch. PPo.1W 0101. – Arch. Dép. Var, 4 M 59.4. – Bureau Résistance GR 16 P 54698. – Renseignements fournis par la Mairie de Saint-Montan et par le journal Var-matin République. – DBMOF, notice par Jacques Girault. — Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Éd. Tirésias, 2004. – Site Internet CDJC XLV-47, XLV-62. – JO n° 185, 12 août 1987. – Site Internet GenWeb.

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