ALZIARI Georges, Barthélemy. Pseudonymes dans la Résistance : Maxime, DULAC Serge, Commandant Serge

Par Jacques Girault

Né le 21 janvier 1911 à Nice (Alpes-Maritimes), mort le 27 mars 2000 à Brunoy (Essonne) ; instituteur ; militant communiste ; résistant ; officier de carrière.

Georges Alziari
Georges Alziari
Jean Laurenti, Carnet de bord d’un vétéran, 1972

Fils d’un maçon devenu valet de chambre dans l’hôtellerie et d’une blanchisseuse qui avaient cinq enfants et qui habitaient le vallon de la Madeleine à Nice, Georges Alziari reçut les premiers sacrements catholiques. En 1927, il entra à l’École normale d’instituteurs de Nice. Titulaire d’un certificat d’aptitude à l’enseignement de la gymnastique, il effectua son service militaire dans les chasseurs alpins et le termina comme sous-lieutenant en octobre 1931 après avoir été formé à l’école des officiers de réserve de Saint-Maixent (octobre 1930-mars 1931). Il fut tour à tour instituteur à Cagnes-le-Haut (1931-1932), à Bairols (1932), à Péone (1932-1933), à Vence (1933-1937) puis à Grasse (1937-1940).

Georges Alziari épousa à Vence en septembre 1934 Cécile Duclos, fille d’un artisan peintre, dactylo, secrétaire du syndicat d’initiatives, militante pour le droit de vote des femmes, espérantiste. Quand ils vinrent habiter Grasse, elle ne retrouva pas d’emploi stable. Le couple eut quatre enfants dont les trois premiers reçurent les premiers sacrements catholiques.

Alziari adhéra au Syndicat national des instituteurs à sa sortie de l’École normale. Peu attiré par le militantisme syndical, espérantiste, il participa aux activités du mouvement créé par Célestin Freinet. Membre d’une ligue pacifiste, il adhéra au Parti communiste en juin 1936. Secrétaire d’une cellule communiste dont son épouse était adhérente, actif sous le Front populaire, il était un des dirigeants de l’association sportive de Vence. Secrétaire des sections communistes de Vence (1936-1937) puis de Grasse à la fin de 1937, il porta notamment la contradiction à Jacques Doriot lors d’un meeting à Grasse en 1939. A partir de 1938, il était le secrétaire de la sous-section de Grasse du SNI. Gréviste le 30 novembre 1938, il fut sanctionné de huit jours de retenue de salaire.

Mobilisé comme lieutenant à Antibes à partir du 24 août 1939, dans un régiment d’infanterie, Georges Alziari séjourna sur le front des Alpes et fut démobilisé le 8 août 1940. Le 20 août, prévoyant qu’il allait être révoqué comme d’autres instituteurs communistes du département, il tenta de faire échec à la mesure en écrivant à l’Inspecteur d’académie. Après avoir justifié son ancienne activité politique, il ajoutait : « Les événements de cette dernière année, ainsi que le contact que ma situation d’officier m’a permis d’avoir avec un milieu différent m’ont permis de me rendre compte d’un grand nombre de faits qui m’avaient échappé jusque-là, et de réformer des théories qui pêchaient par manque d’information ».

Après une longue procédure, Georges Alziari fut cependant révoqué par arrêté préfectoral du 14 septembre 1940. Cette décision lui fut signifiée alors qu’il avait repris un poste au cours préparatoire de l’école Gambetta à Grasse, dirigée par le militant socialiste SFIO Jean Cuméro. Sans ressource, alors père de deux enfants, comme beaucoup d’autres instituteurs révoqués de la région, il écrivit à nouveau à l’Inspecteur d’académie pour demander son maintien en activité. L’administration ne revint pas sur sa décision. Il travailla alors comme aide-boulanger à Grasse, comme charbonnier à Thorenc, comme manœuvre dans un chantier de terrassement du canal de la Gravière. Son épouse continuait à habiter Vence chez ses parents avec ses deux enfants. Il trouva un emploi, en mars 1941, dans les services administratifs des « Chantiers ruraux » à Digne (Basses-Alpes) jusqu’à leur dissolution en 1942. Après avoir travaillé dans les Ponts et chaussées, il devint, le 13 novembre 1943, employé au ravitaillement général à Digne. Son domicile, montée de l’Hôpital, servit alors de relais pour la résistance communiste. Sa famille, qui l’avait rejoint en 1941, retourna à Vence en 1943.

Georges Alziari, en contact avec les communistes locaux, prit part à l’organisation de la Résistance. Son activité fut homologuée dans les « organisations civiles » à partir de 1941 et dans les « organisations militaires » à partir du 15 juillet 1943 comme « agent de liaison puis comme commandant de compagnie FTP ». Sous le pseudonyme de « Maxime », il devint le responsable du sous-secteur Basses-Alpes F2, futur F3, de l’organisation des FTPF. Passant dans la clandestinité au début de 1944, il entra, le 20 janvier 1944, dans le triangle de direction, comme responsable militaire des unités des Basses-Alpes (Commissaire régional aux opérations) sous le pseudonyme de « Serge Dulac », dit « commandant Serge ». Il participa à la première réunion du Comité départemental de Libération, en mai 1944. Il préconisa à plusieurs reprises des actions susceptibles de rassembler les populations bas-alpines, ainsi lors des commémorations. Opérationnellement très actives, ses unités subirent une rude répression allemande. Il dirigea personnellement plusieurs opérations, dont l’attaque, avec trois autres FTP, le 29 avril 1944, du bureau du ravitaillement général à Digne, qu’il connaissait bien, qui se solda par la prise d’un grand nombre de tickets d’alimentation.

Alziari s’expliqua, à la fin de juillet 1944, sur la façon dont l’état-major des FTP avait conduit les combats qui avaient amené une violente riposte allemande. Selon lui, avant l’insurrection du 6 juin, il fallait la préparer en conjuguant l’action des maquis et celle en milieu urbain. À partir du 6 juin, toutes les forces devaient être mobilisées et unies pour chasser l’occupant et rétablir l’autorité civile, c’est-à-dire la République comme le prévoyait le programme du Conseil national de la Résistance. Entre les mouvements de Résistance, les divergences, souvent d’origines politiques, sur la façon de mener les opérations, furent surmontées et Alziari, civil, qui exerçait des responsabilités militaires, y parvint grâce à ses qualités humaines.

Lors de l’amalgame FFI-armée, Georges Alziari usa de son autorité pour maintenir dans l’armée, par signature d’un contrat d’engagement, la plupart de ses subordonnés. D’autres refusèrent l’engagement par refus de l’éloignement ou parce qu’ils préféraient une autre attitude, par exemple l’exécution des traîtres par leurs soins, et ainsi accusaient parfois leurs dirigeants de faiblesse. Nommé chef d’état-major du premier régiment bas-alpin (1er septembre 1944, 5 000 hommes, quatre bataillons et dix-huit compagnies armées), puis chef d’état-major de la demi-brigade bas-alpine (1er novembre 1945) qui devait participer aux combats pour la libération du territoire, il devint instructeur dans un stage à Plombières (20 mars-1er août 1945) d’où il sortit avec le grade de capitaine, affecté comme officier adjoint à l’état-major du colonel Petit, commandant le Centre d’instruction des officiers, depuis le 1er juin 1945. Lors de l’occupation en Allemagne, il fut, en 1946, instructeur à l’école des cadres d’Achern (école de mise à niveau des officiers de tous les recrutements).

Bien qu’ayant obtenu sa réintégration dans l’enseignement à compter de sa révocation, Georges Alziari avait choisi, comme d’autres cadres de la Résistance, de rester dans l’armée dans la 9e Division d’infanterie coloniale. Il s’agissait pour eux de participer à la démocratisation des institutions dans l’esprit du programme du Conseil national de la Résistance. Mais il fut rapidement l’objet d’un isolement professionnel, de 1952 à 1956, sans affectation à Versailles, en Seine-et-Oise, (Dépôt central des isolés militaires), avec quelques dizaines d’autres officiers communistes ou sympathisants. Pour des raisons médicales, il ne fit pas partie du corps expéditionnaire en Indochine. Toujours capitaine, il fut envoyé en Algérie en 1957. Durant son séjour, il rédigea un témoignage non signé, « Le journal de marche d’un capitaine en Kabylie » publié dans la revue communiste La Nouvelle Critique (juin 1959). Ce témoignage reflétait l’état d’esprit et le comportement de ces officiers qui ne partageaient pas les options gouvernementales mais entendaient maintenir dans l’armée un idéal démocratique et républicain à l’origine de leur engagement. Alziari, acceptant de participer à ce qu’il désignait lui-même comme une « lutte impossible », pouvait agir pour l’honneur de l’armée et pour l’amitié avec les Algériens. Les autorités militaires le mirent à la retraite d’office en juillet 1960.

Georges Alziari s’installa alors à Bagnolet (Seine) où il dirigea le centre aéré municipal. Il contribua à la création du comité de développement pour l’espace et le jeu, association spécialisée dans l’aménagement des aires de jeux pour enfants. Il collabora à l’information municipale et à l’hebdomadaire communiste La Voix de l’Est jusqu’en 1971. Secrétaire national de la Fédération des officiers de réserve républicains, membre des comités départementaux de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance et de l’Association républicaine des anciens combattants, président de l’Union locale de l’Union des fédérations d’anciens combattants, il participait au comité de rédaction du Réveil des combattants, revue à laquelle il collaborait régulièrement.

Georges Alziari obtint le grade de commandant de réserve dans les années 1980 au bénéfice d’une loi dite de « réparation de préjudice de carrière ». Dessinateur, il réalisa en 1963 l’étoile, symbole de l’Office républicain des mérites civiques et militaires. Toujours membre actif du Parti communiste, il contribua à la création d’une société d’histoire de Bagnolet,

Alziari composa un texte sur son expérience résistante, à partir de ses souvenirs, sous le titre Épopée de la première Compagnie de Provence. Il témoigna aussi aussi sur la guerre d’Algérie, dans l’ouvrage dirigé par Marc Chervel (p. 291-303), exprimant son opinion sur la pacification et ses méthodes (opérations militaires, torture notamment).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9977, notice ALZIARI Georges, Barthélemy. Pseudonymes dans la Résistance : Maxime, DULAC Serge, Commandant Serge par Jacques Girault, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 22 septembre 2021.

Par Jacques Girault

Georges Alziari
Georges Alziari
Jean Laurenti, Carnet de bord d’un vétéran, 1972

SOURCES : RGASPI, 495 270 3782, 09/03/1938
(consulté par Claude Pennetier), 517, 1, 1 890. — Arch. Dép. Alpes-Maritimes, 01 t 0256. — Presse locale et nationale. — Renseignements fournis par l’intéressé en 1975, par sa famille, André Odru, René Paquet. — Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes de Haute Provence 17 juin 1940-20 août 1944, Digne, B. Vial, 1983, 456 p. — Marc Chervel, en collaboration avec Georges Alziari, Jean Brugié, Michel Herr, Léon Horard, René Paquet, De la Résistance aux guerres coloniales. Des officiers républicains témoignent, Paris, L’Harmattan, 2001, 327 p. (Mémoires du XXe siècle).

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