BERTRAND Gabriel [secrétaire de rédaction de l’Humanité]

Par Madeleine Rebérioux, Justinien Raymond

Né le 4 mai 1861 à Tonneins (Lot-et-Garonne), mort le 23 décembre 1917 en Russie ; journaliste ; militant socialiste.

La famille de Gabriel Bertrand avait des attaches lorraines et catholiques par sa mère, méridionales et protestantes du côté de son père. Des deux côtés cependant, il s’agissait d’un milieu social aisé (son père et son grand-père paternels étaient propriétaires terriens) et dont les traditions politiques étaient conservatrices : son grand-père, bonapartiste, avait fondé l’Écho de Marmande. Son histoire militante, comme celle de son frère Pierre, sera celle d’une rupture.

Il fit ses études au collège de Marmande et publia, très jeune, des vers dans le journal de son grand-père. C’est à Agen, au Journal de Lot-et-Garonne, lui aussi bonapartiste, qu’il fit ses premières armes dans un métier, le journalisme, auquel il devait consacrer une grande partie de sa vie.

Venu à Paris, il fonda avec son frère Pierre La Revue de France qui eut quelques numéros. Tout en habitant la capitale où il fut candidat, en octobre 1897, à une élection municipale partielle dans le IIIe arr., G. Bertrand porta surtout son action socialiste en Vaucluse. Il adhéra au Parti ouvrier français (POF) et participa à ses congrès nationaux de Lille (1896), Paris (1897), Montluçon (1898) et Épernay (1899), ainsi qu’au congrès international de Londres (1896). Aux élections législatives de mai 1898, candidat à Carpentras (Vaucluse), il recueillit 1 125 voix.
Gabriel Bertrand fut dreyfusard, au moins dès janvier 1898, s’exprimant lors de plusieurs réunions publiques. Il considérait que c’était un devoir pour les socialistes de s’engager dans l’affaire Dreyfus. Il est souvent désigné à l’époque comme « G. Bertrand, publiciste ».
Il fut élu en février 1899 au conseil fédéral du POF de la région parisienne. Au congrès de Paris, salle Japy (décembre 1899), il représenta deux groupes guesdistes et les deux circonscriptions électorales de Carpentras et d’Avignon. Après ce congrès, dans les remous de l’affaire Millerand, G. Bertrand poussa la fédération de Vaucluse à quitter le POF pour prendre son autonomie. Deux organisations départementales s’affrontèrent alors : G. Bertrand représenta plusieurs groupes de la fédération autonome au congrès de Paris, salle Wagram (1900) ainsi qu’au congrès de Lyon (1901). Avec cette fédération, il adhéra au PSF (Parti socialiste français, 1902) au lendemain du congrès de Lyon auquel il participa (1901) comme au congrès d’unité de 1905 après lequel il se trouva dans la SFIO. À deux reprises encore, il livra une bataille électorale dans l’arr. de Carpentras : en 1902 (2 293 voix) et en 1906 (4 158 voix).

En 1904, G. Bertrand avait contribué à la fondation de l’Humanité dont il fut secrétaire de rédaction et rédacteur parlementaire. Deux ans plus tard, il quitta le journal pour entreprendre une carrière diplomatique et il fut consul à Danzig, Manille, Sarajevo, Leipzig, avant de prendre poste, pour peu de temps, à Moscou en 1917 où il s’était déjà rendu en 1904. Il y fut très lié à la famille Kerensky. C’est là qu’il mourut, le 23 décembre 1917.

Il s’était marié avec Jeanne Bathélémy dont le père était instructeur à Saint-Cyr. Le couple fit ondoyer sa fille et la fit communier, ce qui n’empêcha pas Gabriel Bertrand de critiquer Jean Jaurès qui avait fait de même.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article99788, notice BERTRAND Gabriel [secrétaire de rédaction de l'Humanité] par Madeleine Rebérioux, Justinien Raymond, version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2022.

Par Madeleine Rebérioux, Justinien Raymond

ŒUVRE : Collaborations ci-dessus indiquées ainsi qu’au Socialiste et à la Petite République. G. Bertrand écrivit une brochure préfacée par Hubert-Rouger : La Propriété et la classe ouvrière devant le socialisme.

SOURCES : Comptes rendus des congrès socialistes. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes III, op. cit., pp. 56 à 68, passim. — Cl. Willard, Les Guesdistes, op. cit., p. 606. — La Petite République, 1898 et 1899. — L’Aurore, 1898. — Notes de Christian Surmaire et de Julien Chuzeville.

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