AMBROGELLY Adolphe, Marius, Jean

Par Claude Pennetier

Né le 5 octobre 1906 à Lyon (IIe arr., Rhône), tué par des résistants en septembre 1944 en forêt de Sénart (Seine-et-Oise, Seine-et-Marne et Essonne) ; ouvrier biscuitier puis employé de bureau ; syndicaliste CGTU ; militant communiste de Grenoble (Isère), Marseille (Bouches-du-Rhône), Gentilly (Seine, Val-de-Marne), Arcueil (Seine, Val-de-Marne) et Paris ; maire adjoint communiste d’Arcueil ; membre du Parti ouvrier et paysan français (POPF).

Adolphe Ambrogelly et sa femme France
Adolphe Ambrogelly et sa femme France
[Coll. privée Martine Kerbrat, petite-fille d’Adolphe Ambrogelly]

Adolphe Ambrogelly, fils d’un cheminot au PLM (chef de manutention à la gare de Lyon-Guillotière), perdit sa mère en 1913. Son père se remaria en 1914 avec « une femme issue d’une famille bourgeoise et qui n’a jamais travaillé ». Dans son autobiographie du 28 septembre 1933, Adolphe Ambrogelly précisait : « Je n’ai aucune liaison avec mon père et sa femme depuis l’âge de 13 ans date où je les ai quittés. Nous avons eu à trois reprises des relations courtes nécessitées par des questions de famille. Mon père et sa femme sont des petits bourgeois traditionalistes fréquentant des gens pareils à eux. Nous n’avons jamais été d’accord ensemble et je n’entretiens avec eux ni avec aucun membre de ma famille paternelle et maternelle aucune relation ni en fait ni en correspondance. »

Adolphe Ambrogelly devint apprenti pâtissier en 1920 à Villeurbanne (Rhône). Il exerça son métier d’ouvrier pâtissier à Marseille, Briançon (Hautes-Alpes) et Bourgoin (Isère) avant d’être embauché par la Maison Coute, 10, boulevard Raspail, Paris VIIe arr. en 1925. Adolphe Ambrogelly donna quelques précisions dans son autobiographie de 1933 : « J’ai toujours travaillé dans mon métier à part quelques courtes coupures antérieures à 1927 où j’ai travaillé dans diverses usines métallurgiques : Compteurs de Montrouge, Ballot, Citroën, STCRP, également à l’Humanité en 1926 où je travaillais la nuit au service de routage des journaux. »

Adhérent des Jeunesses communistes (JC) depuis 1923 à Grenoble, il entra en 1924 au syndicat unitaire de la biscuiterie. Ouvrier pâtissier à Marseille en 1924, secrétaire des JC des 1er, 2e et 3e cantons, Adolphe Ambrogelly appartint à la direction de la 22e Entente des jeunesses communistes avec Paul Jany et Victor Nazzi tout en siégeant comme délégué jeune au comité de l’Union départementale CGTU des Bouches-du-Rhône. En janvier 1925, exempté du service militaire en raison de la faiblesse de sa vue, il vint dans la région parisienne pour participer au IVe congrès du Parti communiste (PC) à Clichy (Seine, Hauts-de-Seine) et resta à Paris où il devint secrétaire du 9e rayon des JC. Il avait sous sa responsabilité les Ve, VIe, XIVe arrondissements de Paris et une partie de la banlieue sud. La 4e Entente des JC l’avait coopté à son comité exécutif où il travailla avec André Ferrat. La police l’appréhenda le 25 août 1925 à la gare du Nord alors qu’il distribuait les journaux La Caserne et Le Libéré aux soldats libérés. Adolphe Ambrogelly fut en effet un militant particulièrement actif : « J’ai participé à la préparation et au développement de toutes les manifestations prolétariennes de ces dernières années. J’ai participé aux mouvements grévistes chez Ballot, Citroën Saint-Ouen, STCRP grève perlée 1925. J’étais rue Damrémont [mai 1925, voir François Chasseigne], à [la manifestation] Sacco Vanzetti, à la venue de Primo Rivera. »

Membre du Parti communiste depuis 1925, Adolphe Ambrogelly fut affecté à la cellule de l’entreprise « l’Idéale » à Gentilly. Son autobiographie fait état d’un conflit qui faillit le mettre en dehors du PC : « En 1930, la mécanisation de la direction du 4e rayon et aussi des désaccords de fond existant dans la cellule l’Idéale, certains éléments ont obtenu contre moi sans m’entendre une mesure d’exclusion. Je n’ai jamais cessé de protester. J’ai continué à militer sans aucune interruption au PC. Les cellules ont protesté avec moi et après explication devant la direction du rayon la décision a été rapportée, aucun reproche ne pouvant m’être fait sur mon travail et sur mon activité. C’était une période où le sectarisme du groupe faisait la loi dans le Parti. » Il était en 1933 secrétaire du sous-rayon de Gentilly-Arcueil-Cachan et un des dirigeants du 5e rayon (Montrouge, Malakoff).

Adolphe Ambrogelly participa au congrès syndical de la Grange-aux-Belles (Paris) en juillet 1925, entra l’année suivante à la commission exécutive de la Fédération unitaire de l’Alimentation et fut réélu en 1927 et 1932. En février 1927, son syndicat lui confia l’organisation d’une conférence des jeunes syndiqués de l’Alimentation. Ouvrier à la biscuiterie « l’Idéale », coopérative ouvrière de production de Gentilly (il la présente ainsi : « coopérative ouvrière de production l’Idéale à structure prolétarienne mais à composition sociale corrompue »), il devint secrétaire du syndicat unitaire des biscuitiers de la Seine en 1928 et le resta pendant quatre ans. En décembre 1932, il fut chargé de diriger le mouvement des chômeurs dans la banlieue sud. Il était également secrétaire du comité intersyndical d’Arcueil-Cachan en 1933.

De 1925 à 1927, Adolphe Ambrogelly habitait dans le XIIIe arrondissement, au dortoir du restaurant coopératif du Trait d’union. Il s’installa en 1928 dans un immeuble voisin, rue de Tolbiac et, marié en 1930 à Orléans avec France, Éliane Coulon, corsetière (fille d’un ouvrier d’Orléans et d’une ouvrière à la Manufacture des Tabacs, dont il eut deux filles et un garçon), il vint habiter à Arcueil en 1931 ; dans cette ville il changea quatre fois de logement. Il vivait avec sa femme « syndiquée unitaire au syndicat des biscuitiers de la Seine, membre du SRI, SOI, Amis de l’URSS. Elle est sympathisante à notre parti et rend des services à nos organisations dans quelques tâches diverses, à Arcueil et au syndicat » et avec sa belle-mère « sympathisante connue des camarades du PC à Orléans », membre de l’Union fraternelle des femmes à Arcueil. Le couple eut un enfant.

Adolphe Ambrogelly s’imposa rapidement comme le collaborateur le plus efficace du dirigeant communiste local Marius Sidobre. En 1933, il était gérant du journal Le Cri d’Arcueil.

Candidat aux élections municipales d’Arcueil les 5 et 12 mai 1935, sur la liste communiste de Marius Sidobre, il fut élu au second tour et désigné comme premier adjoint. Menant en parallèle action municipale et syndicalisme, Adolphe Ambrogelly eut un rôle important pendant les grèves de 1936, tant pour organiser des mouvements spontanés que pour empêcher certaines grèves ; Marius Sidobre déclara en décembre 1936 : « En juin déjà il était à la tête des ouvriers de sa corporation pour les guider dans leur lutte ; c’est lui que nos camarades de chez Fosse appelèrent à maintes reprises comme ceux de chez Guillou ou Langlès pour Arcueil, comme dans toute la région parisienne ; et comme le disait un délégué ouvrier de chez Fosse : « Il a su faire obtenir le maximum avec un minimum de grève ». Après le mouvement victorieux, il a su éviter une nouvelle grève qui était préparée par quelques Croix de feu qui ne visent qu’à diviser les ouvriers et les discréditer auprès des autres couches de la population en les poussant à la grève pour la grève » (registre de délibération du conseil municipal, 4 décembre 1936). Désigné comme secrétaire permanent de l’Union syndicale ouvrière de la pâtisserie, biscuiterie glacerie, pâtes alimentaires et produits de régime de la Région parisienne, Adolphe Ambrogelly annonça au conseil municipal l’abandon de son rôle actif à Arcueil en décembre 1936. Il resta premier adjoint, participa régulièrement aux réunions de l’assemblée mais ne tint plus de permanence à la mairie. En 1937, il quitta son domicile d’Arcueil pour s’installer rue d’Hauteville dans le IXe arrondissement. Au XVIIIe congrès du syndicat de l’Alimentation de la Seine (13-15 septembre 1937, Paris), Adolphe Ambrogelly demanda la suppression d’un paragraphe des statuts interdisant aux responsables des organisations syndicales d’être candidat aux élections politiques. Rien n’indiquait alors une rupture définitive des relations avec le Parti communiste. Adolphe Ambrogelly affirma plus tard avoir rompu toute attache avec son parti en 1938.

Il était présent à la dernière réunion du conseil municipal le 29 septembre 1939 où fut votée à l’unanimité une déclaration patriotique et antihitlérienne (voir Marius Sidobre). Employé à la Manufacture d’Armes de Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine) en novembre 1939, il fut congédié en avril 1940 en raison de ses antécédents politiques. Le conseil de la préfecture le déchut de son mandat municipal le 9 février 1940. Adolphe Ambrogelly avait quitté son domicile en janvier 1940 pour s’installer 3, rue du Paradis (Xe arr.) dans un immeuble dont sa femme était concierge. Placé en séjour surveillé le 30 mai 1940 au centre de Chibron (Var), il fut avec Louis Gatignon et André Moine, membre du triangle de direction communiste du camp. Il s’évada le 22 octobre sans l’autorisation de son organisation. La mesure d’internement dont il faisait l’objet fut reportée, sans doute après l’intervention d’anciens communistes, qui firent valoir qu’Adolphe Ambrogelly s’était désolidarisé du Parti communiste. Il adhéra au Parti ouvrier et paysan français (POPF) de Marcel Gitton en 1941 et était cité comme membre de son comité central en juin 1942. Adolphe Ambrogelly reprit la fonction de secrétaire général du syndicat du personnel des fabriques de biscuits, pâtes alimentaires et produits de régime de Seine et Seine-et-Oise. Il siégea au conseil d’administration du Comité de Secours immédiat.

Il fut exécuté par la Résistance dans la forêt de Sénart en septembre 1944.

La commission nationale de reconstitution des organisations syndicales, qui ignorait son sort, décida le 18 octobre 1944 qu’Adolphe Ambrogelly était exclu à vie de toute organisation syndicale.

Sa veuve vécut à Paris, chez son fils. La famille pensait qu’Adolphe Ambrogelly avait été tué par la Gestapo. Elle ignorait le lieu de sa sépulture.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9996, notice AMBROGELLY Adolphe, Marius, Jean par Claude Pennetier, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 10 octobre 2021.

Par Claude Pennetier

Adolphe Ambrogelly et sa femme France
Adolphe Ambrogelly et sa femme France
[Coll. privée Martine Kerbrat, petite-fille d’Adolphe Ambrogelly]

SOURCES : Arch. PPo. 101. — Arch. RGASPI, 495 27 1395. — Arch. Paris, DM3 et Versement 10456/76/1. — Arch. Dép. Var, 4 M 291 et 292. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M6/10802. — Arch. Com. Arcueil, registre de délibérations du conseil municipal. — Arch. Jean Maitron. — Regards, 14 septembre 1934. — Compte rendu du 18e congrès du syndicat de l’Alimentation de la Seine. — Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, 49 J : congrès et documents de l’USO de la Région parisienne.

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