Maitron patrimonial (2006-2024)
Né le 7 février 1893, dans le département d’Aichi ; mort le 7 mai 1970. L’un des animateurs de la fraction pour l’action dans l’École marxiste Rōnō (Rōnōha). Militant du Parti populaire japonais (Nihon taishutë) et du Parti national populaire ouvriers-paysans (Zenkoku rōnō taishutō). Secrétaire général du Parti prolétarien japonais (Nihon musan tō). Après la Seconde Guerre mondiale, devenu président du Parti socialiste de gauche (Saha shakaitō). Représenta à la Diète l’aile gauche de la social-démocratie.
SUZUKI Mosaburō était le quatrième fils de SUZUKI Yaemon et de SUZUKI Shige qui vivaient dans la localité de Kamagōri, district de Hoi, département d’Aichi. Diplômé de l’école primaire supérieure de Kamagōri-nanbu en 1908, il enseigna quelque temps comme instituteur non titularisé, mais bientôt il décida d’aller à Tōkyō poursuivre des études, malgré sa situation économique difficile. Il suivit des cours dans un collège privé et à l’école d’anglais de Tōkyō, revenant fréquemment dans son pays natal. Admis en deuxième année à l’Université Waseda en juillet 1913, il fréquenta la section d’économie politique ; il exerçait parallèlement, toutes sortes de métiers pour gagner sa vie : instituteur non titularisé, porteur de journaux, livreur de lait, étudiant au pair, etc. En février 1913, SUZUKI Mosaburō avait été mêlé à l’Affaire de l’incendie du parc de Hibiya (Hibiya yakiuchi jiken) ; un mois plus tard, il épousa la fille d’un médecin de Kamagōri, sa ville natale; son mariage ne fut cependant déclaré qu’en 1917.
Diplômé de la Faculté d’études spécialisées de Waseda en juillet 1915, SUZUKI Mosaburō devint journaliste au quotidien Hōchi shimbun (Les Nouvelles). En mars 1918, désigné comme envoyé spécial en Sibérie, il se rendit en Union soviétique, juste après la Révolution, et quatre mois plus tard, il fut chargé d’effectuer un reportage sur les émeutes du riz à Kyōto, Ōsaka et Kōbe. Cette série d’enquêtes l’incitèrent à lire des ouvrages et des revues d’orientation socialiste. En août 1919, il prit la tête de la grève qui avait éclaté au journal où il travaillait ; les revendications des travailleurs ne furent pas satisfaites et il fut contraint de donner sa démission. En septembre, il entra an Taishō nichinichi shimbun (Quotidien de Taishō) mais en août 1920, à la suite d’un conflit social au journal, il dut quitter son poste. Un mois plus tard, il s’embarqua pour l’Amérique avec l’intention de mener une enquête sur le mouvement socialiste occidental ; à New York, il fréquenta INOMATA Tsunao et TAGUCHI Unzō.
Envoyé spécial du Yomiuri Shimbun (Journal Yomiuri) SUZUKI Mosaburō assista, en janvier 1922, au Congrès des peuples d’Extrême-Orient (Kyokutō minzoku taikai). C’est à son retour, trois mois plus tard, qu’il fit la connaissance de YAMAKAWA Hitoshi. D’après les fichiers de la police, il aurait été membre du Parti communiste japonais à sa formation mais SUZUKI Mosaburō l’a toujours nié, affirmant qu’il n’avait jamais été qu’un sympathisant du groupe des socialistes japonais résidant en Amérique à l’époque où il était là-bas. En décembre 1922, il fut engagé dans la section économique du journal Tōkyō nichinichi shimbun (Quotidien de Tōkyō) devenu plus tard le Mainichi shimbun (Journal Mainichi). En avril 1923, il créa une société de secours et de protection pour les socialistes victimes de la répression. Il collabora en décembre à la formation du Groupe de recherches sur les problèmes politiques (Seijimondai kenkyūkai) qui devint, six mois plus tard, le Groupe de recherches sur la politique (Seiji kenkyūkai). Et c’est par la création d’un parti prolétarien à partir du Groupe de recherches sur la politique (Seiji kenkyūkai), que se manifesta pour la première fois la tendance de la gauche légale à laquelle il appartenait. Amené à s’opposer à l’aile gauche du Groupe de recherches sur la politique (Seiji kenkyūkai), il regroupa en février 1926 l’aile gauche des centristes autour de la revue Taishū (Les Masses).
En décembre 1927, à l’occasion de la création de la revue Rōnō (Ouvriers et paysans), il forma avec YAMAKAWA Hitoshi et SAKAI Toshihiko l’Ecole marxiste Rōnō (Rōnōha) qui, ne se bornant pas à être un Groupe de recherches sur le marxisme, se posa en véritable courant politique. Cette école fut à l’origine de deux partis politiques locaux : le Parti populaire prolétarien (Musan taishūtō), juillet 1928, et le Parti prolétarien de Tōkyō (Tōkyō musantō), décembre 1929. Mais à part ces deux exceptions, l’Ecole marxiste Rōnō, favorisant par principe la formation d’un parti du front unifié, fit plutôt fonction d’aile de la gauche légale à l’intérieur du Parti des ouvriers et des paysans (Rōdōnōmintō), du Parti populaire japonais (Nihon taishūtō), du Parti national populaire (Zenkoku taishūtō) et du Parti national populaire ouvriers-paysans (Zenkoku rōnō taishūtō). Mais au sein même de l’École marxiste Rōnō surgirent des contradictions entre les théoriciens et les hommes de la pratique ; l’antagonisme entre SUZUKI Mosaburō à YAMAKAWA Hitoshi en est un exemple tout à fait représentatif. En 1929, SUZUKI Mosaburō provoqua, à l’intérieur du Parti populaire japonais (Nihon taishūtō), un mouvement d’épuration visant les centristes tels qu’SAKAI Toshihiko à se battre pour que la « déclaration des principes de lutte contre la mobilisation des soldats pour la Chine » soit adoptée comme ligne directrice du Parti. Mais il perdit ses possibilités d’action quand fut fondé le Parti socialiste populaire (Shakai taishūtō) auquel il adhéra comme militant de base. Dans la deuxième moitié des années trente, avec la -progression du Mouvement de front populaire, l’École marxiste Rōnō s’éteignit naturellement, perdant sa raison d’être.
SUZUKI Mosaburō créa avec KATŌ Kanjū en mai 1936, l’Association des groupements prolétariens ouvriers-paysans (Rōnō musan dantai kyōgikai) et, en mars 1937, le Parti prolétarien japonais (Nihon musantō), où il déploya ses activités au sein de la tendance Front populaire. Le même mois, il fut élu conseiller municipal de la ville de Tōkyō. Mais, touché par la vague de répression contre le Mouvement de Front populaire, il fut arrêté en décembre de la même année.
Aussitôt après la guerre, SUZUKI Mosaburō contribua à la formation du Parti socialiste japonais (Nihon shakaitō) où il fut élu membre du Comité exécutif et membre titulaire du Comité central. En outre, il fut mandaté, en avril 1946, pour siéger à la Chambre des représentants ; réélu neuf fois de suite et jusqu’à sa retraite, il a donc occupé ce siège vingt ans et huit mois. Eu mai 1947, il publia en commun avec KATŌ Kanjū, une déclaration affirmant « leur volonté de rompre totalement avec le Parti communiste ». Poursuivant sans trêve son action de dirigeant de gauche, notamment en formant à l’intérieur du Parti socialiste, le Groupe de mai (Satsuki kai), il devint en janvier 1950 secrétaire général du Parti socialiste, que son aile droite avait abandonné. Devenu président de ce même Parti de janvier à octobre 1951, il assista au congrès constitutif de l’Internationale socialiste qui eut lieu à Francfort en juin 1951. Président du Parti socialiste de gauche (Sahashakaitō) de 1952 à 1955, il participa à la Conférence des partis socialistes d’Asie, qui se tint en Birmanie en janvier 1953. A partir d’octobre 1955, il fut président du Parti socialiste unifié (Toitsu shakaitō). Mais, en mars 1960, il donna sa démission du Comité exécutif et de la présidence pour devenir conseiller du Parti socialiste. Sa retraite ne l’empêcha ni de continuer à élaborer la politique et la théorie de cette formation ni d’enseigner à son École centrale. Il s’occupa également d’édifier une Université du travail et une bibliothèque sociale où il regroupa un grand nombre de documents socialistes. Il fut enfin l’instigateur du mouvement pour la sauvegarde de la Constitution.
Maitron patrimonial (2006-2024)
ŒUVRE : SUZUKI Mosaburō senshū (Œuvres choisies de SUZUKI Mosaburō), en quatre volumes, 1970-1971.
SOURCES : SUZUKI Mosaburō tsuitōgō (Numéro spécial en hommage à SUZUKI Mosaburō), paru dans la revue mensuelle du Parti socialiste, numéro de juillet 1970.