Maitron patrimonial (2006-2024)
Né en 1841 dans le département de Tochigi ; mort le 4 septembre 1913. Leader de la lutte paysanne contre la pollution de la mine de cuivre d’ Ashio ; député à la Diète.
Fils d’un chef de village, TANAKA Shōzō, dont le prénom pendant son enfance était Kanesaburō, naquit à Konaka dans le village de Hata gawa (actuelle ville de Sano), district d’Aso, département de Tochigi. En 1859, succédant à son père, il devint chef du village de Hatagawa. Au cours de la lutte qu’il dirigea, pour obtenir une réforme de la politique de la famille ROKKAKU, son seigneur féodal, TANAKA Shōzō fut mis en prison pendant une dizaine de mois environ. L’objectif fut atteint, mais il fut expulsé du fief des ROKKAKU.
Après la Rénovation de Meiji, il devint, en 1871, fonctionnaire à la préfecture d’Esashi (actuelle préfecture d’Iwate). C’est à cette époque qu’il découvrit la réalité de la misere des paysans dans cette région. Il fut ensuite soupçonné injustement d’avoir assassiné son supérieur ; incarcéré, il ne fut libéré que trois ans pins tard lorsque son innocence fut établie. TANAKA Shōzō rentra dans son pays natal, et il décida de se consacrer à des activités politiques. Il participa au Mouvement pour la liberté et les droits du peuple (Jiyū minken undō) et fonda, d’autre part, le Tochigi shimbun (Journal de Tochigi).
Elu conseiller général de Tochigi en 1880, il le demeura durant six mandats consécutifs et adhéra, en 1882, au Parti réformateur progressiste (Kaishin tō) présidé par OKUMA Shigenobu. Puis, il prit l’initiative d’une campagne contre la politique despotique du préfet de Tachigi, MISHIMA Michitsune, mais, ayant été arrêté, il fut détenu jusqu’à la mutation de celui-ci.
En qualité de président du Conseil général de Tochigi, TANAKA Shōzō assista le 11 février 1889 à la cérémonie de promulgation de la Constitution impériale (Meiji kempō), et il fit un discours louant cette Constitution qu’il qualifia de « premier trésor national de l’empire japonais ».
Aux premières élections générales de 1890, il se présenta et fut élu dans la cinquième circonscription du département de Tochigi. Dès lors, il demeura en fonctions durant six mandats consécutifs et siégea à la Chambre des représentants pendant dix ans.
Vers cette époque, les paysans riverains de la rivière Watarase polluée par les déchets de la mine de cuivre d’Ashio, entamèrent une campagne pour obtenir des dommages et intérêts et l’arrêt de la production de cette mine. Ce mouvement paysan, qui constitue pour ainsi dire la première lutte contre les nuisances provoquées par une entreprise industrielle au Japon, devint le plus grand problème social de l’ère Meiji. TANAKA Shōzō prit la tête des paysans victimes de la pollution en déposant une interpellation lors de la seconde session de la Diète en 1891 et en exigeant du gouvernement qu’il apporte une solution définitive à cette Affaire, dans l’intérêt des paysans. Mais, comme les mesures appropriées ne furent pas prises, les dégâts dans les champs augmentèrent d’année en année, et les paysans victimes organisèrent finalement des pétitions collectives et se rendirent à Tōkyō à plusieurs reprises en 1897.
En 1900, à la suite de l’Affaire de Kawamata au cours de laquelle les manifestants se heurtèrent aux forces de l’ordre, soixante-huit paysans furent accusés du crime d’attroupement. TANAKA Shōzō critiqua vivement la politique gouvernementale de répression au cours des délibérations de la Chambre et il finit par se démettre de ses fonctions de député l’année suivante. Il adressa, le 10 décembre 1901, une lettre ouverte à l’empereur Meiji, qui eut un grand retentissement dans la société japonaise.
Ensuite, il participa à la lutte du village de Yanaka contre le projet de construction d’un réservoir d’eau. Mais, la Loi sur l’expropriation forcée ayant été appliquée, les maisons des paysans furent détruites et le village de Yanaka fut rayé de la carte en 1907.
TANAKA Shōzō s’occupa plus tard des problèmes concernant la conservation des eaux et il fit des enquêtes sur la qualité de l’eau de ses activités d’investigation, et mourut en 1913 à l’âge de soixantetreize ans. Militant démocrate actif, TANAKA Shōzō, qui avait été incarcéré cinq fois, s’était dévoué toute sa vie à l’intérêt des paysans. Cinquante mille d’entre eux assistèrent à son service funèbre, et selon leurs désirs, ses cendres furent réparties et ensevelies dans cinq cimetières différents.
Maitron patrimonial (2006-2024)
ŒUVRE : Gijin zenshū. (Ecrits complets sur les gens épris de justice, en cinq vo lumes, 1925-1927.
SOURCES : KINOSHITA Naoe, TANAKA Shōzō no shōgai (La Vie de TANAKA Shōzō), 1928 ; TANAKA Shōzō ō (Le Vieux TANAKA Shōzō), 1921. — SHIOTA Shōbei, Ashio kōdoku iiken narabi ni TANAKA Shōzō ni kansuru bunken mokuroku (Répertoire des publications sur l’affaire de la pollution par le cuivre d’Ashio et sur TANAKA Shōzō), 1959. — NAGASHIMA Yohachi, Kōdoku jiken no shinso tō TANAKA Shōzō ō (Le Vieux TANAKA Shōzō et la vérité sur l’affaire du poison de la mine de cuivre), 1938. — NAKAGOME Michio, TANAKA Shōzō to kindai shisō (TANAKA Shōzō et la pensée moderne), 1972.