ARNAL Fernand, Louis

Par François Roux et René Lemarquis

Né le 12 août 1890 à Saint-Florent-sur-Auzonnet (Gard), mort le 2 février 1979 à Avignon (Vaucluse) ; mineur puis monteur électricien ; militant syndicaliste CGTU ; militant communiste, secrétaire du rayon d’Avignon (Vaucluse) de 1932 à 1939 ; candidat aux législatives de 1936 ; résistant, déporté à Büchenwald de 1943 à 1945.

Fils de mineur, Fernand Arnal après avoir obtenu son Certificat d’études primaires fréquenta pendant deux ans une école primaire supérieure. Il fut ensuite mineur à Saint-Jean-de-Valériscle (Gard) en 1906, puis émigra aux États-Unis où il exerça le même métier dans les mines de l’Utah et de Californie de 1907 à 1911. Puis, de 1913 à 1922 il fut, toujours aux USA, soit mineur, soit barman ou berger. Il se syndiqua aux United Miners et appartint au PS américain de 1917 à 1922. À son retour en France il fut poursuivi comme insoumis et condamné le 6 juin 1922 à deux ans de prison avec sursis. Il fit son service militaire comme 2e classe. Il épousa une employée du magasin « Les Dames de France » d’Avignon, syndiquée à la CGTU et fille de petits propriétaires vivant de leur terre après que le père eût été mineur. Fernand Arnal déclarait, en 1937, avoir une fille de vingt ans mariée à un communiste. Il commença à travailler à la Compagnie du gaz à Salon (Bouches-du-Rhône) de 1922 à 1926. Licencié à cette date à cause de son activité militante, il vint à Avignon (Vaucluse) où il fut employé comme ouvrier électricien chez un petit entrepreneur d’Avignon (trois ouvriers).
Fernand Arnal adhéra au Parti communiste à Salon au début 1924. À son arrivée à Avignon, il fut secrétaire de la cellule locale en 1927-1928, puis trésorier du rayon de Vaucluse de 1928 à 1932, puis secrétaire de ce rayon au début de 1933. En avril 1934, il fut désigné comme membre du comité régional. Il fut délégué aux conférences régionales de 1930, 1932 et 1934 ainsi qu’à la conférence nationale d’Ivry de 1934 puis au congrès de Villeurbanne en janvier 1936 et aux conférences d’Huygens en juillet et de Montreuil en janvier 1937.
Dans la crise que traversa le Parti communiste, en Vaucluse comme ailleurs, de 1930 à 1933, tandis qu’étaient exclus quelques figures marquantes, comme Ernest Denante* ou Henri Aymé*, Fernand Arnal s’efforça, avec quelques autres, de maintenir la continuité de l’action : le 1er août 1931, lors de la manifestation antimilitariste annuelle du Parti, il parlait avec Marius Francia*... devant seulement vingt personnes... ! Un commissaire de police écrivait : « Le Parti communiste n’existe plus à Avignon... » Il lutta aussi avec Étienne Charpier* contre le trotskiste J. Estevenin* qui attaquait les positions du PC allemand et les fit exclure en juillet 1933. Il intervint également « avec le concours d’un délégué du CC » contre deux membres du « groupe Ferrat » qui furent exclus mais « l’épuration n’a pas été complète » écrivait-il en 1937.
Sur le plan syndical, Fernand Arnal adhéra dès 1922 au Syndicat unitaire de l’Éclairage à Salon puis devint en 1927 secrétaire du syndicat des électriciens et participa à ce titre au renouvellement du conseil d’administration de la Bourse du Travail, le 12 mars 1928, au cours d’une réunion qu’il présidait, et où les représentants de la CGTU obtinrent la majorité des sièges. Il fut, dès 1934, un actif propagandiste de la réunification syndicale et un des dirigeants les plus marquants de l’Union locale CGTU qui cependant n’avait pas d’existence légale...
Membre du Syndicat du Bâtiment dont son gendre, Lucien Trilles*, était secrétaire depuis 1935, il dirigea pendant 33 jours la grève du bâtiment. Il était en 1937 trésorier de la 27e région fédérale du syndicat CGT du bâtiment.
Dans sa vie militante Fernand Arnal fut blessé en mars 1930 lors d’un affrontement avec la police. Il fut actif dans la lutte contre le fascisme. Le 26 juin 1933, il était à la tribune lors du meeting de protestation organisé par le Secours rouge international « contre tous les fascismes » au cours duquel on put entendre, outre un violent discours du docteur Henri Aymé, récemment réintégré, le témoignage d’un député allemand du Reichstag décrivant les tortures infligées aux antihitlériens. Fernand Arnal participa de même façon au meeting du Secours rouge international de janvier 1934 à la Bourse du Travail d’Avignon. Surtout il fut un des organisateurs des manifestations antifascistes des 11 et 12 février 1934 : haranguant un millier de personnes, rue Joseph-Vernet, le 11 février, et lançant un appel à la grève générale. Il fut à la tête du défilé, avec Henri Aymé et Gaston Dijon* de la CGTU, le lendemain 12 février, et prit à nouveau la parole pour stigmatiser l’émeute du 6 février et la menace fasciste.
Candidat du Parti aux élections municipales d’Avignon dès 1929, contre la liste SFIO, où il n’obtenait que 324 voix, Fernand Arnal l’était à nouveau aux municipales de 1935. Il fut candidat aux cantonales, Avignon-Nord en 1935 : 351 voix en octobre (élection complémentaire), Louis Gros* étant élu avec 3 202 voix sur 4 286 votants. En octobre 1937, il recueillit 833 voix au premier tour et se désista au second pour Gabriel Biron*, SFIO. Aux élections législatives de 1936, il fut candidat communiste du Front populaire à Avignon : il réunit sur son nom, au premier tour, 3 988 suffrages sur 23 111 suffrages exprimés et se désista au second tour en faveur de Pierre Vaillandet*.
Participant aux grandes grèves de juin 1936, Fernand Arnal fut proposé par l’UD pour faire partie de la commission départementale de conciliation, le 10 juillet, mais fut récusé par le préfet. Il signa le 17 juillet avec Lucien Trilles, comme représentant du syndicat du Bâtiment, la première convention collective qui clôturait la grève du Bâtiment. Mais il ne tarda pas à se dresser contre les timidités du Front populaire et de ses représentants radicaux ou socialistes vauclusiens. Le 4 juillet 1937 Fernand Arnal était à L’Isle-sur-la-Sorgue à la journée de réforme paysanne, en présence de Waldeck-Rochet*. Le 12 février 1938, à la journée commémorative de la grande grève de 1934, il soulignait le manque d’audace de certains gouvernements de Front populaire ; le 12 mars, il dénonçait une « politique extérieure, à la remorque de l’Angleterre », et le 14 juillet, avec quelques autres dirigeants du parti vauclusien et de l’UD, Fernand Arnal était en tête du défilé qui clôturait la manifestation d’appel au maintien du Front populaire et de soutien à l’Espagne républicaine. Interdit par la municipalité socialiste d’Avignon, le défilé s’acheva par quelques heurts avec la police, ce qui motivait une lettre d’Arnal au bureau de la Fédération socialiste du Vaucluse, au nom du PC.
La rupture était consommée quelques semaines plus tard : le 3 septembre dans un meeting à Avignon contre les atteintes aux 40 heures, en l’absence des députés du Vaucluse, Fernand Arnal s’associait aux violentes critiques de Dijon, secrétaire général de l’UD, contre Daladier. Il suivit dès lors les destinées de son parti.
Mobilisé sur place en 1939, à cause de son âge, il fut arrêté par la Gestapo en 1943 et déporté à Büchenwald pour faits de Résistance. Libéré en 1945, Fernand Arnal continua à militer au Parti communiste. Il vécut ensuite retiré à Avignon.
Il a été porté en terre dans le Gard, commune de Saint-André-de-Roquepertuis où son gendre Lucien Trilles possédait une maison.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10225, notice ARNAL Fernand, Louis par François Roux et René Lemarquis, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 10 février 2018.

Par François Roux et René Lemarquis

SOURCES : Arch. Nat. F7/13022. — Arch. Dép. Vaucluse, 1 M 823, 824, 826, 841 et 842, 3 M 283, 285, 311, 10 M 31 et 32. — RGASPI, Moscou : 495.270.1605. Autobios 28 avril 1934 (A), 1er août 1937 (A). — Le Réveil vauclusien, 13 mai 1929 (Collec. Bibl. Municipale Avignon-Calvet). — A. Autrand, Statistique des électeurs parlementaires et des partis politique du Vaucluse, éd. 1930. — A. Autrand, Un siècle de politique en Vaucluse, 1958. — Renseignements communiqués par l’intéressé.

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