LEMOINE Jean, Eugène, Robert

Fils d’un employé de commerce qui décéda sous les bombardements de Rouen en juin 1944 et d’une surveillante des PTT, membre du Parti socialiste SFIO puis du Parti socialiste unifié, syndiquée à la CGT-FO, Jean Lemoine, pupille de la Nation, ne reçut aucun sacrement religieux. Elève du collège de garçons de Rouen de 1944 à 1947, il entra en 1948 à l’École normale d’instituteurs de Rouen, obtint le baccalauréat « sciences expérimentales » et plus tard le certificat d’aptitude à l’enseignement pour les enfants arriérés. Il enseigna comme instituteur dans une école de perfectionnement de Rouen qui accueillait des adolescents en difficulté, première création du genre à la suite des actions des parents et des enseignants.

Lemoine encadrait des groupes de Vaillants à partir de 1953 et y militait. Il en devint le secrétaire de la fédération entre 1954 et 1956, animant le comité de l’enfance auprès des instituteurs. Il fut membre en 1955 du bureau national de l’Union des Vaillants et des Vaillantes de France. Il anima le groupe local des Francs et franches camarades Dans ce cadre, il participa au Festival mondial de la Jeunesse à Bucarest en août 1953. Spécialiste de marionnettes, il effectua des tournées en Suisse en 1950 et en 1951.

Lemoine adhéra au Parti communiste français à Rouen en juin 1952 ou en janvier 1953, selon les sources. Il fut arrêté en juin 1953 pour des inscriptions demandant la libération des Rosenberg et soutint les actions des militants de Rouen (notamment des dockers) contre la guerre d’Indochine. Il participa au stage pour les instituteurs communistes organisé par le PCF en avril 1954 à Viroflay.

Lemoine effectua son service militaire dans l’infanterie (mars 1956-mars 1958) au camp de Frileuse à Beynes (Seine-et-Oise) et le termina avec le grade de caporal-chef. Il témoigna plus tard sur son militantisme à l’armée (l’Humanité, 21-22 mai 2005). Exempté d’Afrique du Nord comme fils de tué pendant la Deuxième Guerre mondiale, il renonça à ce droit pour suivre l’école des officiers de réserve dont il fut exclu à la suite d’une enquête. Il se porta volontaire pour poursuivre en qualité de sous-officier la formation des jeunes incorporés afin de pouvoir mener une activité préventive vis-à-vis de la situation en Algérie.

Rendu à la vie civile, Lemoine reprit son emploi à Rouen. Il devint directeur de son école, qu’il avait contribué à créer, en 1965. Militant du Syndicat national des instituteurs depuis 1951, membre du bureau départemental et secrétaire de la section syndicale locale, il anima la vie syndicale en mai-juin 1968. Il fut membre du bureau de l’amicale des parents d’élèves.

Membre du comité, puis du secrétariat de la section communiste de Rouen (rive droite), puis du secrétariat du comité de ville en 1968, Lemoine entra en 1959 au comité de contrôle financier de la fédération communiste de Seine-Maritime. Membre du comité fédéral à partir de 1961, du bureau fédéral de 1965 à 1971 après avoir suivi une école d’un mois du PCF, responsable des enseignants, puis du seul comité fédéral jusqu’à sa mutation en 1973, Il occupa les fonctions de rédacteur en chef de l’hebdomadaire fédéral, L’Avenir normand.

Lemoine militait dans le mouvement de locataires dans le cadre de la Confédération nationale du logement. D’abord membre du bureau de l’amicale à partir de 1959, responsable de l’amicale à partir de 1961, membre du conseil d’administration de la fédération de la CNL, il fut élu au conseil d’administration des HLM de Rouen.

Lemoine fut candidat au Conseil général dans le cinquième canton de Rouen en 1961, en 1967 (3 849 voix au premier tour, deuxième position et 6 701 voix le dimanche suivant) et, dans le quatrième canton, en 1973 (426 voix, deuxième position, puis 641 voix).

En 1973, Lemoine obtint sa mutation pour la section d’enseignement spécialisé du collège Courbet à Romainville (Seine-Saint-Denis). Puis il retourna en Normandie en 1980 comme professeur d’enseignement général des collèges en classe de SES du collège Louise Michel de Manneville-sur-Risle (Eure). Retraité depuis 1986, il habitait toujours Saint-Philbert-sur-Risle (Eure) en 2011. Il y effectua deux mandats de conseiller municipal de 1983 à 1995 et ne se représenta pas. Animateur du conseil de parents d’élèves du collège de Montfort, il présida par la suite le conseil du lycée Jacques Prévert à Pont-Audemer (Eure). Président de l’Union musicale de Montfort, il impulsa une initiative pour populariser l’enseignement musical dans toutes les écoles.

Lemoine se maria en juillet 1958 à Maromme (Seine-Maritime) avec une institutrice, fille d’un ingénieur des travaux publics, syndiqué à la CGT-FO, et d’une institutrice. Le couple eut deux enfants puis divorça. Lemoine se remaria en octobre 1973 à Rouen avec une secrétaire, divorça, puis se remaria en novembre 1975 à Romainville avec une agent d’administration. Ils eurent un enfant.

Toujours membre du PCF, membre du comite de la section communiste de Pont-Audemer, souvent critique par rapport à certaines pratiques imposées par les directions nationales et locales (rapport Khrouchtchev, Georges Marchais), Lemoine était actif dans la section de Rouen des Amis de l’Humanité. Membre de la Fédération syndicale unitaire, il militait dans une association de protection et de valorisation de la vallée de la Risle. Membre du conseil d’administration national du Mouvement national de lutte pour l’environnement, il participait à ses universités d’été.