BOEGLIN Édouard

Par Gilles Morin

Né le 30 décembre 1942, mort le 16 avril 2009 à Mulhause (Haut-Rhin) ; instituteur puis journaliste, secrétaire de la fédération socialiste du Haut-Rhin (1969-1974), membre du comité directeur du Parti socialiste (1973-1975).

Fils d’un militant socialiste alsacien, Édouard Boeglin adhéra en 1962, à vingt ans, à la section de Mulhouse de la SFIO. Enseignant puis journaliste, son parcours professionnel l’a mené du quotidien Les Dernières nouvelles d’Alsace (1968-1980) au journal L’Alsace-Le Pays (depuis 1980) en tant que secrétaire de rédaction.

En 1962, la fédération du Haut-Rhin se classait au quinzième rang du Parti socialiste, et était dominée par la personnalité du maire de Mulhouse, Émile Muller, qui avait succédé en 1956 à un autre socialiste, Jean Wagner, mais en passant des alliances de centre droit. Le vent de mai 1968 a du mal à souffler dans les rangs de la SFIO à Mulhouse comme à Paris, et Édouard Boeglin, alors instituteur, devenu quelques mois plus tôt secrétaire adjoint de la section de Mulhouse, prit ses distances avec les “anciens”. En juin 1968, il fut suppléant d’Antoine Koch, candidat aux législatives dans la 3e circonscription. Au mois de décembre, il fut délégué à son premier congrès national de la SFIO à Puteaux au moment où celle-ci annonçait son auto dissolution et Guy Mollet sa retraite politique. La marche vers le nouveau Parti socialiste était entamée dans le Haut-Rhin où Émile Muller fit monter des jeunes aux responsabilités fédérales, en espérant pouvoir les contrôler : Édouard Boeglin devint secrétaire fédéral en avril 1969. Cependant, la stratégie d’union de la gauche affirmée par le nouveau PS dans laquelle s’inscrivait la nouvelle équipe fédérale autour d’Édouard Boeglin, avec notamment Eugène Riedweg, Tony Koch, Jean Huvé, Édouard Black et Charles Wendling s’imposa au cours du congrès fédéral de Colmar (février 1970) auquel vint assister Alain Savary alors premier secrétaire du “nouveau” Parti socialiste. Émile Muller quitta alors le PS avec ses amis pour s’en aller créer le MDSF (Mouvement démocrate-socialiste de France) qui par la suite allait se transformer en PS (Parti social-démocrate) avec Max Lejeune et d’autres anciens de la SFIO. La section de Mulhouse fut aussitôt reconstituée mais la fédération socialiste était exsangue. En 1970, Édouard Boeglin, rejoignit l’Office universitaire de recherche socialiste (L’OURS), association d’études et de recherche créée l’année précédente par Guy Mollet, dont il devint un fidèle ; il en devint vice-président à partir de 1997.

Aux municipales de 1971, Édouard Boeglin, à la tête de la liste d’Union de la gauche, obtint 13,80 % des voix, loin derrière Émile Muller, réélu dès le premier tour. Au mois de juin, au congrès d’Épinay, il défendit la motion Mollet-Savary, quelques votes de la fédération se portant aussi sur la motion Poperen. Il fut membre de la Bataille socialiste (dont le premier bulletin est imprimé à Mulhouse), courant qui regroupait les proches de Guy Mollet et Claude Fuzier, et qui publiait un bulletin éponyme. Ce courant de gauche développait une grande méfiance à l’égard de la stratégie de “conquête de pouvoir” du PS impulsée par l’équipe autour de François Mitterrand à partir de 1971, et préconisait le dialogue “doctrinal” plutôt que “programmatique” avec les communistes. Candidat du PS aux législatives en 1973 dans la 4e circonscription du Haut-Rhin, il recueillit un peu moins de 10 % des suffrages, un bon score compte tenu de la prégnance du “mullerisme”. Au congrès de Grenoble du PS (22 au 24 juin 1973), porteur de la moitié des six mandats de la fédération, il entra au comité directeur du PS pour la motion 2 (Fuzier), suite au retrait des responsables “historiques” du courant Bataille socialiste (Fuzier, Cazelles, Piette…). Au congrès fédéral de 1974, la percée du courant CERES qui recueille 40 % des mandats (contre 30 % pour chacun des courants Bataille socialiste et “Mitterrand”), conduisit à son remplacement à la tête de la fédération par Bernard Wemaere. Opposant à la nouvelle direction fédérale, il finit par s’épuiser dans les batailles de procédure et ne plus participer aux réunions locales. L’année suivante, au congrès national de Pau, la motion Bataille socialiste, avec moins de 5 % des mandats, n’eut aucun représentant au comité directeur. En 1975, il crée le Centre alsacien de recherche et d’action socialistes (CARAS), qui publia un mensuel jusqu’en 1977. Candidat socialiste dans le canton de Mulhouse-Est Édouard Boeglin démissionna du Parti socialiste en octobre 1976 et rejoignit le Mouvement des radicaux de gauche jusqu’en 1978. Il s’éloigna alors de l’engagement politique mais resta un observateur attentif de la vie politique locale et organisa de 1989 à 1998 des Symposiums humanistes internationaux consacrés aux bicentenaires de la Révolution et de la République.

Il rejoignit le Mouvement des Citoyens de Jean-Pierre Chevènement en 2000. Candidat du Pôle républicain en juin 2002, dans la 6e circonscription du Haut-Rhin (Mulhouse-Nord-Illzach-Wintenheim), il obtint 1168 voix, soit 3 % des suffrages exprimés : le meilleur score du Pôle républicain en Alsace.

Conseiller municipal depuis 2001, délégué au patrimoine (à Mulhouse), il est officier dans l’ordre des Palmes académiques et membre du conseil d’administration de l’Union internationale de la presse francophone (section française).

À côté de ses engagements politiques, Édouard prit des responsabilités syndicales tour à tour au SFJ-CFDT dont il fut membre du Comité directeur de 1970 à 1979 puis au SJ-CGC dont il assura la présidence de 1996 à 1999.

Franc-maçon depuis 1972, Édouard Boeglin fut conseiller de l’Ordre du Grand Orient et chef de la revue Humanisme, et président du directoire des Éditions maçonniques de France et vice-président du Conseil de surveillance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article142908, notice BOEGLIN Édouard par Gilles Morin, version mise en ligne le 8 novembre 2012, dernière modification le 14 octobre 2019.

Par Gilles Morin

ŒUVRE : Nombreux articles dans Les dernières nouvelles d’Alsace, puis L’Alsace, et dans la revue Humanisme. Livres  : Le Brave soldat Schweig, Mulhouse, Caras, 1978. — La Tête haute, Mulhouse, Caras, 1983. — Edgar, Jean-Pierre et les autres, Besançon, Cêtre, 1988 ; L’art et la manière de bien manger (avec Patrick Pagès), Nîmes, Le Colporteur, 1991. — Les Mariannes de la République en Franche-Comté, Besançon, Cêtre, 1992. — Le Guide de Mulhouse, Lyon, La Manufacture, 1993. — La Libération de l’Alsace, Besançon, Cêtre, 1995. — Anarchistes, francs-maçons et autres combattants de la liberté, Paris, Bruno Leprince éditeur ; De Charles Martel à Charles de Gaulle. Ils ont écrit notre histoire, Paris, ViaCadet, 2001. — Le Grand Orient de France (avec Alain Bauer), Paris, Puf, Que sais-je, 2002. — Il a également coordonné de nombreux ouvrages collectifs parus chez Edimaf. — Notes de E. Boeglin en septembre 2002.

SOURCES : Dossier OURS, Témoignages d’Édouard Boeglin dans Recherche socialiste n° 7 (1999), 12 (2001).

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