GERBE née PIJOLAT Suzanne [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Née le 20 février 1912 Lyon (6e arr.), morte le 24 août 2012 à Caluire-et-Cuire (Rhône) ; institutrice puis professeur à Lyon ; militante UGS puis PSU ; participant à l’aide au FLN dans le réseau Jeanson.

À quinze ans, Suzanne Pijolat est marquée par l’annonce par son grand-père, militant radical socialiste, de l’exécution des anarchistes Sacco et Vanzetti en 1927. Institutrice dans de petits villages de l’Ain, elle poursuit ses études à la Faculté de Lettres de Lyon. Devenue professeur dans un lycée lyonnais, elle y pratique une pédagogie active auprès des filles ; elle organise des voyages dans la Yougoslavie de Tito (vue comme autogestionnaire). Avec son mari Jean Gerbe (professeur de philosophie), elle inscrit son action militante dans l’orientation du christianisme social. Jean Gerbe a publié un opuscule intitulé Christianisme et Révolution.

À la Libération, elle franchit le pas de l’adhésion politique au sein du MRP, perçu comme un parti progressiste chrétien. En 1958, elle adhère à l’UGS dont la fusion avec le PSA en 1960 donne naissance au PSU, qui fut le grand engagement politique de sa vie. En 1958 et 1959, elle est candidate UGS aux élections cantonales et municipales de Caluire dans le Rhône.

Elle milite surtout contre la guerre d’Algérie. Avec son mari, elle s’engage dans le réseau Jeanson. Arrêtés, jugés, condamnés, ils effectuent trois mois de prison. Lors de son 90e anniversaire, elle raconte, non sans humour, cette aventure dans un petit livre préfacé par André Barthélémy*, secrétaire fédéral du PSU du Rhône entre 1963 et 1967, Un automne à la prison Montluc, (Éditions L’Harmattan, 2002).

Très proche de Claude Bourdet, elle poursuit la lutte contre l’armement atomique au sein du Mouvement Contre l’Armement Atomique (MCAA) dont elle est secrétaire dans le Rhône à partir de 1963. En mai 1968, elle joue un rôle actif au sein du comité de rédaction du Journal du Rhône avec les militants UNEF et CFDT. En juin 1968, elle est une nouvelle foi candidate aux élections législatives dans la 3e circonscription du Rhône pour le PSU. En 1974, elle quitte le PSU dans le sillage de Michel Rocard pour rejoindre le PS au moment des Assises du Socialisme, puis quitte le PS, rallié à l’armement atomique, en 1978.

Mariée à Jean Gerbe, le couple a cinq enfants. Adhérent du PSU dès seize ans en 1963, son fils Eric Gerbe a notamment des responsabilités à l’UL-CFDT de Décines (Rhône, France).
Elle mourut centenaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151141, notice GERBE née PIJOLAT Suzanne [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 17 décembre 2013, dernière modification le 26 août 2021.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Mun. Lyon, fonds PSU. — Suzanne Gerbe, Un automne à la prison Montluc, L’Harmattan, 2002. — Gérard Lindeperg, La fédération du Rhône du PSU, ses origines, son histoire jusqu’à la fin de la Guerre d’Algérie (avril 1960-avril 1962), maîtrise, Université de Lyon 2, 1976. — Ophélie Vancayzeele, Des carrières de militants du PSU. Contribution à l’étude de la fédération du Rhône (1960-1974), mémoire de M2, Université de Lyon 2, 2009. — Notice par François Prigent, DBMOMS, op. cit., t.6, Paris, 2010.

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