Par Boualem Bourouiba
Né le 28 novembre 1933 à Alger (Algérie) ; agent des PTT ; militant du FLN en 1955 ; participe à la fondation de l’UGTA en février 1956 ; secrétaire de la fédération des postiers ; arrêté, revenant en activité en 1959, présent aux manifestations de décembre 1960 à Alger ; prend part à la réorganisation de l’UGTA à l’indépendance, écarté de la direction syndicale par le coup de force sur le congrès de janvier 1963 ; revient au secrétariat de l’UGTA en 1965.
Né dans une famille de 7 enfants (3 garçons et 4 filles), Slimane Rebbah grandit au quartier Belcourt à Alger, quartier d’installation des migrants venant de Kabylie (devenu Belouizdad* du nom de l’organisateur pour le MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) et l’OS (Organisation secrète), des « Jeunes de Belcourt). Il suit les cours secondaires au collège du Champ de manœuvres à Alger qu’il quitte l’année du Bac. Agent des PTT dès 1952, marié, il sera père de 5 enfants (2 filles et 3 garçons).
Aux PTT, il est sympathisant de la CGT particulièrement active à cette époque. Lorsque le FLN (Front de libération nationale) prend racine à Alger au printemps 1955, il y adhère avec l’enthousiasme de ses 22 ans. Responsable de cellule à Belcourt, il est aussi responsable FLN au Centre de tri des PTT d’Alger-gare, où il travaille. Il apporte son concours aux actions des groupes armés de l’ALN sous la responsabilité de Mustapha Fettal et de Mokhtar Bouchafa (un héros de la Bataille d’Alger). Membre fondateur de l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens), il met en place très rapidement le syndicat des postiers dont il devient le secrétaire, et se montre actif dans toutes les activités de la centrale syndicale visitant la Mitidja et plus largement l’Algérois. Il est arrêté le 23 mai 1956.
Incarcéré à la prison de Barberousse, de santé fragile, en l’absence de charges, il est libéré un an plus tard. Son administration l’autorise à reprendre son emploi, mais à 200 kms d’Alger, à Aumale [Sour El Gozlane]. En 1959, il abandonne son poste à Aumale et rejoint la capitale. Il est arrêté plusieurs fois et libéré faute de preuves. Il participe à l’organisation des groupes armés du FLN/ ALN de la Casbah. Ainsi en liaison avec l’organisation FLN du quartier de Belcourt, il est un des principaux initiateurs des manifestations de décembre 1960. Il veille ensuite à la lutte anti-OAS dans les secteurs d’El Biar, Ben Aknoun, Fontaine Fraîche, Hydra…, de mars 1962 à l’indépendance. Il subit l’attaque d’un commando OAS, à son domicile à la Cité des Allobroges (Malki aujourd’hui) ; il s’en tire avec des blessures légères.
À l’indépendance, il reprend son activité professionnelle aux PTT, et syndicales à l’UGTA. En collaboration avec Rahmoun Dekkar*, rentré de Tunis, et Amirouche Bélaïdène*, libéré de prison, il s’attelle à la reconstitution de l’organisation des postiers et prête main-forte aux membres du secrétariat national de la Centrale dans leurs multiples tâches. Ainsi, après le retrait de Madjid Ali Yahia*, de ses fonctions de secrétaire national chargé des finances et de la presse, il devient directeur deL’Ouvrier Algérien qui reparaît. L’organe de l’UGTA sera le premier journal à connaître des saisies, à quelques semaines du 1er congrès de la Centrale. L’accord signé en décembre 1962 entre la direction de l’UGTA et celle du FLN, prévoyait l’autonomie de gestion de la Centrale par rapport au parti. En mission à Cuba, Slimane Rebbah n’assiste pas au congrès. À son retour, la nouvelle direction de la Centrale fait le ménage et lui retire la direction du journal.
Revenu aux PTT, il est chargé de la Mutuelle, de sa réorganisation et de son fonctionnement. Il milite à la base des structures syndicales pour reconstituer la Fédération des postiers UGTA. Au congrès de 1965 de l’UGTA, une nouvelle direction est composée de neuf militants rodés dont Slimane Rebba aux côtés de Mouloud Oumeziane*, Boualem Bourouïba*, Mohamed Abib*, Abdelkader Drider*, Tayeb Djenadi*, Boualem Rebika, Tahar Ouali*, Lahçène Mimouni* formant le Secrétariat national.
Deux ans plus tard, trois de ces responsables quittent leurs fonctions ; Mimouni se tue dans un accident de la route ; Slimane Rebbah quitte l’Algérie pour rejoindre l’organisation opposée au régime du colonel Houari Boumediene, l’OCRA, animée à partir de Genève par Mohamed Lebjaoui*. Las de l’exil, il rentre au pays en 1970 et accepte d’être cadre dans une Sociétés nationale à Sig en Oranie jusqu’à l’âge de la retraite en 1990. Il assume le secrétariat de la section syndicale de la Fédération Nationale UGTA des Travailleurs retraités.
Par Boualem Bourouiba
SOURCES : Arch. Wilaya Alger. — Arch. Nat. Outre-mer, Aix-en-Provence, ALG 91 3F/116, notes de Louis Botella. — M. Farès, Aïssat Idir, op. cit. — B. Bourouiba, Syndicalistes algériens, op.cit.