BARROIS Marcel, Henri

Par Christian Lescureux

Né le 16 mai 1926 à Sains-en-Gohelle (Pas-de-Calais) ; ouvrier mineur ; résistant ; militant des Jeunesses communistes et du PCF et dans l’action syndicale ; secrétaire de la fédération communiste du Pas-de-Calais ; élu régional.

Fils de Désiré Barrois, houilleur et de Célina Leblond, sans profession, Marcel Barrois était le troisième garçon d’une famille de dix enfants. Son père était membre du Parti communiste et de la CGTU puis de la CGT, ainsi que conseiller municipal communiste de Barlin. Toute la parenté sympathisait avec le communisme. Un cousin avait combattu en Espagne dans les Brigades Internationales. Dans les fêtes de famille on chantait des chants révolutionnaires
La famille habitait Barlin (Pas-de-Calais) où l’influence communiste était grande. Marcel Barrois ne reçut pas d’éducation religieuse. Il fréquenta l’école laïque de Barlin. Très bon élève, il obtint le CEP en 1938, à l’âge de douze ans, puis suivit des « cours de prolongation de scolarité » en attendant ses quatorze ans révolus pour pouvoir être embauché à la mine. Il a gardé le souvenir de manifestations de sympathie à l’égard du Front populaire organisées dans la cour de l’école par les élèves avec la participation des instituteurs.
Il adhéra aux Jeunesses communistes en 1939. Après la défaite, Marcel Barrois descendit, comme galibot, à la fosse 7 de Barlin à Maisnil-Lez-Ruitz, en septembre 1940.
Dès l’Occupation, les membres du Parti communiste et des Jeunesses communistes de Barlin, dont la famille Barrois, reprirent leur activité : réunions et distributions de tracts dans la localité et au fond du puits. Les sentiments hostiles à l’occupant et au gouvernement étaient assez spontanément partagés par la population. Fait significatif : le 11 novembre 1940, sans qu’aucun mot d’ordre n’ait été donné, alors que le jour n’était pas légalement chômé, Marcel Barrois, son père et ses deux frères tous quatre mineurs ne sont pas descendus à la mine et près de la moitié des mineurs de la fosse en fit autant. En mai-juin 1941 Marcel Barrois, galibot, participa à la grève patriotique des mineurs. Son engagement dans la Résistance fut de plus en plus conséquent et l’a d’autant plus marqué que l’un de ses frères aînés fut arrêté (il s’était évadé au cours de son transfert en Allemagne) et que son secrétaire de cercle, Léon Bailleux, arrêté lui aussi, fut fusillé. Marcel Barrois participa aux combats de la Libération dans la région de Barlin. Il est titulaire de la carte des Résistants Volontaires
À la Libération, il fut membre de la section communiste de Barlin, secrétaire du cercle local des Jeunesses communistes (qui comptait 120 adhérents) et devint membre du bureau départemental de cette organisation. En 1945 Marcel Barrois participa à la direction du syndicat des mineurs CGT de Noeux-Les-Mines et en 1946 il fut élu secrétaire du comité d’entreprise de la Fosse 4 de Barlin. Il était fort actif à ce poste durant les grèves de 1947-1948.
En mai 1948, il épousa Jacqueline Arsa, née le 6 janvier 1926 (fille d’un colonel de la Résistance), ménagère, qui militait au sein de l’Union des jeunes filles de France et devint elle-même dirigeante de la fédération communiste du Pas-de-Calais (membre du bureau fédéral en 1957 et de 1968 à 1982). Le couple qui aura trois fils (nés en 1950, 1953 et 1960) vint habiter à Méricourt puis à Lens, Marcel Barrois étant muté à la fosse 2 de Lens en juin 1948.
Il participa en 1948 à une école fédérale du PCF à Sallaumines puis à une école centrale de quatre mois en 1954. La même année, Marcel Barrois fut élu secrétaire de l’importante section communiste de Lens (1 200 adhérents). Il le fut jusqu’en 1959, restant ensuite membre du bureau de la section. En 1949, il accéda au bureau de la fédération communiste et devint alors permanent du PCF. Il participa au secrétariat fédéral de février 1952 à juin 1959 (secrétaire à l’organisation et responsable du travail aux entreprises) puis au bureau fédéral de 1959 à 1994.
En 1957, il fut envoyé pour six mois par la direction nationale du PCF comme instructeur politique dans la fédération d’Ille-et-Vilaine. En 1959, Marcel Barrois devint correspondant du quotidien communiste Liberté pour les locales de l’ouest du bassin minier. En 1960, entré comme rédacteur à La Tribune des mineurs, organe régional du syndicat CGT des Mineurs, Marcel Barrois dirigea bientôt cet hebdomadaire. À cette même époque il entra au bureau de la Fédération nationale du Sous-Sol puis fut secrétaire national, jusqu’en 1985.
Il était également élu secrétaire général de l’Union régionale des syndicats des mineurs et similaires CGT du Nord-Pas-de-Calais succédant à ce poste à Léon Delfosse. Ces responsabilités politiques et syndicales amenèrent Marcel Barrois à prendre une part importante dans la grande grève des mineurs de 1963 et dans les nombreux mouvements qui marquèrent la longue période de liquidation de l’exploitation charbonnière.
Au sein de la direction fédérale du PCF dans le Pas-de-Calais Marcel Barrois a contribué avec les élus communistes à l’orientation de la politique du PCF concernant le charbon et le devenir de l’économie du département privé de cette richesse.
En 1985, il quitta le secrétariat de l’Union régionale devenue Union régionale des Syndicats des mineurs et similaires, retraités et veuves CGT du Nord-Pas-de-Calais pour en assurer la présidence et conserva la direction de La Tribune de la région minière (qui succède à la Tribune des Mineurs). Il assume encore ces responsabilités à ce jour.
Marcel Barrois participa aux travaux du CESR Nord-Pas-de-Calais dès 1974 puis fut élu communiste du Pas-de-Calais au Conseil régional de 1986 à 1998 et fut aussi conseiller municipal de Lens de 1983 à 1995.
Il fut pendant plusieurs années membre du conseil d’administration du Bassin Nord-Pas-de-Calais des Houillères nationales.
En profond désaccord avec les positions et les méthodes de la direction fédérale notamment manifestées lors de la conférence fédérale de janvier 1994 à Carvin, Marcel Barrois ne reprit plus sa carte du PCF à compter de 1995.
De 1986 à ce jour, Marcel Barrois présida l’Association de défense du logement minier et l’Association mémoires et cultures de la région minière. De 1990 à 1995 il présida « l’Association Mai-Juin 41 » qui anima les diverses manifestations commémoratives de la grève des Mineurs de 1941.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15782, notice BARROIS Marcel, Henri par Christian Lescureux, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 octobre 2008.

Par Christian Lescureux

SOURCES : Arch. fédération communiste du Pas-de-Calais. — Arch. comité national du PCF. — Liberté et Tribune des Mineurs. — Le Monde, 5 juin 1998 : « Règlements de compte dans les corons du Pas-de-Calais ». — Interview de Marcel Barrois les 5 et 6 mars 2003. — Notes de Michel dreyfus.

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