PALACIO Paul dit Yves

Par Robert Kosmann

Né le 2 septembre 1943 à L’Isle Adam (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) ; menuisier, ouvrier spécialisé puis contrôleur sur chaine chez Renault à Billancourt ; syndiqué CGT puis militant et délégué CFDT ; responsable de l’organisation trotskiste Lutte ouvrière.

Paul Palacio n’eut pas le temps de connaître son père Michel, fils d’émigré économique espagnol au début du siècle, qui tenait un commerce alimentaire. Son père décéda sous les bombardements en juillet 1944. Sa mère, née Cécile Quinton, était employée de maison puis vendeuse de journaux en kiosque. Les parents de Paul Palacio ne s’intéressaient pas aux questions politiques. Ils eurent au total trois enfants, une fille et deux garçons.

Après avoir obtenu son certificat d’études primaires, en 1957, Paul Palacio effectua des études techniques au cours complémentaire d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) entre 1956 et 1959 où il obtint un CAP de menuisier ébéniste et la première partie du brevet élémentaire industriel. Il fut alors embauché entre 1959 et 1965 dans plusieurs petites entreprises de menuiserie à Ivry. En même temps il sympathisa avec les Jeunesses socialistes unifiées (JSU) et participa à ses premières manifestations contre la guerre d’Algérie à Paris avec l’UNEF et le PSU. En parallèle il adhéra au mouvement des Auberges de jeunesse de Paris (XIXe arr.) au sein du MIAJ. C’est son frère, Dominique, qui initia Paul aux questions politiques. Au moment de la guerre d’Algérie son frère milita au PSU. Il fut un des observateurs français de la manifestation algérienne d’octobre 1961 et entra ensuite à l’organisation Voix ouvrière en 1963.

Paul Palacio effectua son service militaire dans les transmissions, de mars 1963 à juillet 1964, dans le Val-de-Marne. Il retravailla ensuite quelques mois dans une menuiserie. Dans le même temps, début 1965, par l’intermédiaire de son frère, il adhéra à l’organisation Voix ouvrière.

Le choix politique de cette organisation était l’implantation dans les grandes concentrations ouvrières. Paul Palacio laissa son métier de menuisier pour entrer chez Renault en janvier 1966 comme ouvrier spécialisé et il fut affecté au contrôle technique de fin de chaine sur les 4 L, dans l’île Seguin. Il resta à ce poste jusqu’à la fermeture de l’usine, en février 1992. Après la fermeture du site, l’entreprise souhaitant sa démission le priva de travail pendant 11 mois mais maintint sa rémunération, elle finit tout de même par lui proposer un poste dans un service « qualité » jusqu’à sa préretraite en 2000.

Paul Palacio entra à la direction de l’organisation devenue Lutte ouvrière (après la dissolution de Voix ouvrière en 1968 par la Préfecture de police) au milieu des années 1970 et y participait encore en 2012. Il fut candidat aux élections législatives à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) en mars 1973, à Aurillac (Cantal) par deux fois en mars 1978 et 1980 (élections partielles) puis à Malakoff (Hauts-de-Seine) en 1981, et à Abbeville (Somme) par trois fois en juin 1997, juin 2002 et juin 2007. Il se présenta également aux élections municipales à Paris (XXe arr.) par deux fois. Candidatures de témoignage pour lesquelles il obtint des scores situés en moyenne légèrement au dessous de 3 %. Sur le plan personnel, il resta célibataire, en suivant ses convictions et la morale de son organisation.

Sur le plan syndical, il adhéra à la CGT en 1966 et fut élu délégué du personnel en novembre 1967. En désaccord avec la position des directions syndicales au moment des grèves de Mai-68, Paul Palacio était favorable à la liaison avec les étudiants et très opposé aux accords de Grenelle qui, pour lui, étaient une trahison. Pour ces raisons, une consigne interne à la direction de la CGT Renault le fit rayer des listes à l’élection de délégués du personnel qui suivirent mai 1968. Il adhéra alors à la CFDT qui avait à l’époque une position plus ouverte aux idées d’extrême gauche.

En 1969, puis en 1971, 1973 et 1975 eurent lieu dans l’île Seguin, et à la régie Renault en général, des grèves d’OS. Paul Palacio fut un des animateurs de ces grèves en soutien aux travailleurs qui souhaitaient aller jusqu’au bout de ces conflits et jusqu’à l’obtention de leurs revendications.

À la suite de la grève de 1975, dix sept salariés avec trois délégués, dont Paul Palacio, subirent une procédure de licenciement par l’entreprise « pour avoir bloqué les chaînes de production de véhicules ». Il furent licenciés à l’exception des délégués, dont Paul Palacio, car le licenciement des délégués fut refusé par l’inspection du travail. En 1986, Paul Palacio fit face à une nouvelle procédure de licenciement dans un cadre collectif qui fut à nouveau refusée par l’inspecteur du travail.

Dans le cadre de la CFDT il fut délégué syndical pendant quelques mois et élu délégué du personnel CFDT sans interruption de 1969 à 1986. Il fut mis à l’écart de cette centrale qui intégrait progressivement dans sa stratégie la fin de l’usine de Billancourt en 1985 et fut placé en position non éligible sur les listes de délégués du personnel.

Mis à l’écart de tout mandat, il démissionna de cette centrale en 1986 et tenta, sans succès, en raison de problèmes juridiques, de faire renaître le SDR (Syndicat démocratique Renault) que ses camarades avaient fondé pendant la grève Renault de 1947 et qui s’était éteint ensuite. En 1997 il revint à la CGT comme simple adhérent jusqu’à la prise de sa pré-retraite en 2000. En 2012 il militait encore à l’union locale CGT de Paris XXe et dans son organisation politique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158644, notice PALACIO Paul dit Yves par Robert Kosmann, version mise en ligne le 6 mai 2014, dernière modification le 1er décembre 2022.

Par Robert Kosmann

SOURCES : Archives interfédérales et confédérales de la CFDT. — Gilbert Hatry (dir.), Notices biographiques Renault, Éditions JCM. — Entretien et correspondance avec Paul Palacio, mars 2012. — Paul Palacio, Souvenirs d’un militant révolutionnaire à Renault-Billancourt, Les bons caractères, 2022, 93 p.

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