HANROT Nicolas-Auguste (parfois HENROT), dit GUICHARD [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né dans les Ardennes en 1811, mort après 1885 ; marié ; cordonnier ; démocrate-socialiste exilé après le 2 décembre 1851, co-fondateur et rédacteur en 1860 du Revendicateur ; membre de l’AIT ; membre en 1879 de la Jeune Icarie ; rentré en France dans les années 1880.

Cordonnier installé à Charleville (Ardennes), Auguste Hanrot fut condamné au bannissement au lendemain du coup d’État du 2 décembre 1851. En 1854, il fut condamné à quatre mois de prison et 100 francs d’amende dans l’affaire de la Jeune Montagne. On lui reprochait d’avoir diffusé des écrits ou brochures sans autorisation.

Exilé à New York, il y exerçait, fin 1860, sa profession et habitait 74 West Broadway. Démocrate-socialiste, il fut un des rédacteurs-fondateurs du Revendicateur (trois numéros parus entre le 8 décembre 1860 et le 9 février 1861) qui fit suite au Libertaire de Joseph Déjacque. Ce « journal des intérêts populaires » se définissait comme une « tribune nouvelle crée pour la propagation des idées humanitaires et sociales ». Dans le programme exposé dans la page spécimen figuraient les points suivants : « abolition des armées permanentes (…), suppression du clergé (…), suppression de la propriété personnelle de la terre (…), suppression du capital et de la rente (…), égalité civile absolue devant la loi comme devant le scrutin (…), possession des instruments du travail par les producteurs (…) et, d’une manière générale, extinction des maux, des vices et des misères qui affligent l’humanité. » Le Revendicateur disparut rapidement, sans doute victime de la crise économique aiguë qui frappa New York peu après l’annonce de la sécession des États sudistes.

Après la guerre de Sécession, Auguste Hanrot était installé à Weekhaven (New Jersey). Membre de l’Union républicaine de langue française, il fut l’un des fondateurs du comité formé à Hoboken par les républicains français du comté d’Hudson pour secourir la Patrie en danger.

Il adhéra ultérieurement à la section française n° 42 de l’AIT de West Hoboken et versa son écot à la souscription lancée au bénéfice des grévistes de Monthey (Suisse). En septembre 1872, il fut l’un des organisateurs, de la tombola donnée au profit du Socialiste. Il était également présent lorsque la section 42 décida de s’auto-dissoudre fin février 1873. En 1875, il était toujours abonné au Bulletin de l’Union républicaine.

Le 15 avril 1879, la Jeune Icarie annonça l’admission du citoyen et de la citoyenne Hanrot de New York, qui venaient d’être dépouillés de leurs petites économies par un avocat et un propriétaire malhonnêtes : « Chargé d’années, victime de l’individualisme, communiste convaincu, vétéran de l’armée de la grande cause, Icarie lui devait un asile où il pût tranquillement finir ses jours à l’ombre d’institutions qui furent le rêve de sa vie. »

Auguste Hanrot rentra vraisemblablement en France durant les années 1880. En mars 1885, la Revue icarienne accusa réception d’une brochure publiée à Charleville (Ardennes) et intitulée De la nécessité, dans l’intérêt de tous, riches comme pauvres, d’une réforme sociale et religieuse, pour arriver progressivement au règne de la justice et de la vérité.

Après son retour en France, Auguste Hanrot demanda et obtint une pension au titre de la loi de réparation nationale de 1881. Après son décès, sa veuve bénéficia du droit de réversion.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159571, notice HANROT Nicolas-Auguste (parfois HENROT), dit GUICHARD [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 6 juin 2014, dernière modification le 24 novembre 2016.

Par Michel Cordillot

SOURCES : Gazette des Tribunaux, 2 mars 1854, p. 224 ; 8 mars, p. 244, 4e col. – Le Revendicateur, passim. — Le Socialiste, 4 mai, 15 septembre 1872, 2 mars 1873. — Bulletin de l’Union républicaine, 12 juin 1875. — Revue icarienne, n°4, mars 1883. — Pascal Duprat, Les Tables de proscription de Louis Bonaparte et de ses complices, Liège, Redouté, 1852, vol. 2, p. p. 222. — Jules Prudhommeaux, Icarie et son fondateur Étienne Cabet, Paris, Cornély & cie, 1907, p. 566. — Denise Devos, La Troisième République et la mémoire du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, Paris, Arch. nat., 1992. — Charles Clerc, Les Républicains de langue française aux Etats-Unis, 1848-1871, Thèse, Univ. Paris XIII, 2001, p. 363. — Notes de Robert P. Sutton et P. Baudrier.

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