CRÉTIEN Athanase [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né à Mosne (Indre-et-Loire), le 16 décembre 1824 ; mort le 14 avril 1895 à Dallas (Texas) ; marié et père de famille ; bourrelier ; fouriériste, participa à l’expérience de Réunion (Texas) ; membre de l’AIT.

Après son service militaire, Athanase Crétien reçut une formation de bourrelier (sans doute auprès de son père, lui-même bourrelier) et se spécialisa dans la fabrication de colliers et de harnais.

Le 17 juillet 1856, il épousa à Mosne Marie Justine, qui avait été déposée à l’hospice de Blois.

Athanase Crétien quitta aussitôt après la France avec son épouse pour se rendre à Galveston, afin de prendre part, en tant que colon, à l’expérience fouriériste du Texas. Il arriva à Réunion en char-à-bœufs le 10 mai 1856. Il y travailla à la fabrication de rouets, puis monta une tannerie qui permit la fabrication de harnais et de chaussures pour les enfants. Ayant récupéré de vieux outils lors de la démolition du premier tribunal de Dallas, il les retrempa afin qu’ils puissent servir aux colons. Pendant leur séjour à Réunion, les Crétien eurent deux fils, Georges (11 août 1856 – Dallas, 17 juillet 1936) et Émile (26 septembre 1857 - Dallas, 14 avril 1931).

Le 3 février 1857, Athanase Crétien fut désigné pour être membre de la commission consultative chargée de soutenir Bureau dans son travail (cette commission fut supprimée par Cousin après le départ de Bureau). Lorsque la colonie se dispersa, Athanase Crétien partit se réinstaller à Dallas, où naquirent ses deux filles Eugénie (Dallas, 22 août 1866– Dallas 23 novembre1951) et Louise (Dallas, 1er septembre 1870 – Highland Park, Texas, 25 août 1960). Resté citoyen français, il se fit dispenser de service actif dans l’armée confédérée durant la guerre de Sécession.

Resté fidèle à ses convictions fouriéristes et socialistes, Athanase Crétien fut membre de la section française n° 46 de l’AIT de Dallas. Durant les années 1875-76, il entretint une abondante correspondance avec les socialistes francophones de New York, dont on peut trouver la trace dans les colonnes du Bulletin de l’Union républicaine. Il rédigea en particulier une vibrante profession de foi fouriériste, publiée dans le numéro du 17 mars 1875. Il était peut-être également le fouriériste anonyme auteur de la lettre sur le projet d’ériger une Statue de la Liberté à l’entrée du port de New York. Entré en relation épistolaire avec Ernest de Boissière (voir ce nom), il lui rendit visite à Silkville.

Au printemps 1878, Charles Lévy et Arsène Sauva, deux anciens communards qui avaient rejoint la colonie icarienne de l’Iowa, décidèrent de former une "Union sociale" dans le but de solidariser les diverses communes sociales existant aux États-Unis et ailleurs dans le monde. A. Crétien, avec qui Ils étaient en contact et qui résidait alors à Dallas (Texas), accepta de figurer parmi les correspondants habilités à recevoir des adhésions en attendant la constitution définitive du Comité exécutif. Mais l’affaire resta apparemment sans suite, probablement à cause de la scission survenue en Icarie.

Il paraîtrait vraisemblable qu’Athanase Crétien se soit rendu en France avec sa fille Louise en 1889 (son épouse l’avait déjà fait en 1884 avec ses deux filles).

Cet homme cultivé (dont la bibliothèque personnelle fut léguée à la Southern Methodist University), mourut à Dallas en 1896, et fut inhumé à l’Oak Cliff Cemetery. Pendant de longues années, son fils Georges, qui tenait un salon de barbier, demeura le principal « conservateur » de la mémoire fouriériste à Dallas.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159755, notice CRÉTIEN Athanase [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 10 juin 2014, dernière modification le 12 février 2022.

Par Michel Cordillot

SOURCES : Bulletin de l’Union républicaine, 16 janvier, 17 mars, 12 juin, 18 septembre 1875, 17 janvier, 17 avril 1876. — Le Socialisme progressif, 1er avril 1878. — Éloïse Santerre, « Reunion, a Translation of Dr Savardan’s Un Naufrage au Texas, with an Introduction to Reunion and a Biographical Dictionary of the Settlers », M.A. Thesis, Southern Methodist University, Dallas, Texas, 1936, p. 455. — George H. Santerre, White Cliffs of Dallas. The Story of Réunion, the Old French Colony, Dallas, The Book Craft, 1955, p. 109. — Michel Cordillot, « Les derniers fouriéristes français aux États-Unis. Notes et document », Luvah, numéro spécial Ch. Fourier, 1989, p. 103-116. — Notes de Jean-Pierre Bonnet.

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