BÉLINO Fernand [BELINO Albert, Fernand]

Par Claude Pennetier

Né le 30 janvier 1910 à Aubin (Aveyron), mort le 19 avril 1979 à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) ; garçon de café ; militant communiste ; combattant volontaire en Espagne républicaine ; déporté à Buchenwald ; maire adjoint d’Épinay-sur-Seine (1965-1977) ; conseiller général de la Seine (1945-1967) ; vice-président du conseil général de la Seine-Saint-Denis.

Cadet d’une famille de onze enfants, fils et petit-fils de mineurs du bassin de Decazeville, Fernand Bélino vint travailler à Paris en 1924, comme garçon de café, et habita chez sa sœur à Épinay-sur-Seine (Seine). Adhérent du Parti communiste en 1934, membre du comité régional Paris-Nord dès 1936, Fernand Belino fut volontaire en Espagne républicaine d’octobre 1936 à mai 1938 et servit avec le grade de lieutenant puis de capitaine dans le bataillon « André Marty » de la 12e Brigade internationale. Il fut blessé trois fois, dont une fois grièvement le 27 juillet 1937. De retour en France, Bélino devint secrétaire de la section communiste d’Épinay et membre du comité régional. Mais son champ d’activité pourrait être plus large car son dossier du Komintern témoigne d’une mission dans des pays européens et de ses contacts avec le Komintern : « 7-07-1939. Donner l’instruction à Paris pour délivrer le visa d’entrée à Belino Albert pour faire le rapport au Secrétariat d’IC sur son voyage en Europe. »
Fin août 1939, avec Auguste Gillot* et Georges Poupon*, il tira plusieurs milliers d’exemplaires de l’Humanité clandestine. Bélino semble avoir appartenu très tôt à l’appareil illégal. Une réunion importante se tint le 27 septembre 1939 à son domicile pour envisager les conditions de passage dans la clandestinité des dirigeants du PCF (témoignage d’Arthur Ramette). Le 4 octobre, une nouvelle réunion eut lieu chez lui avec Jacques Duclos*, Benoît Frachon* et Arthur Ramette*. Sous la direction de Paul Maertens*, responsable national de l’appareil d’édition et de diffusion du matériel, il fut chargé du service clandestin de diffusion, Pierre Villon* s’occupant lui du service édition et de l’appareil de liaison. En février 1940, Maertens réceptionna deux tonnes de papier expédiés de Belgique par Maurice Tréand* sur un remorqueur qui arriva en région parisienne par le canal de l’Ourcq. Mais, en mars, la police procéda à une vague d’arrestations, notamment celle de Bélino le 13, qui entraîna la saisie du matériel et la chute d’une imprimerie qui venait d’être installée à Arcueil. Maertens et son équipe furent jugés responsables de ce fiasco.

Il fut incarcéré à la prison de la Santé puis interné au camp de Gurs (Basses-Pyrénées) le 10 juin 1940. Condamné le 28 octobre 1940 par le tribunal militaire de Périgueux à quatre ans de prison, il fut incarcéré à la prison militaire de Villefranche-de-Rouergue le 15 novembre1940 puis à la Maison centrale de Nîmes le 4 décembre 1940 et à la Maison centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne) le 16 octobre 1943

Par arrêté d’internement administratif le 11 novembre 1943 signé par le Préfet régional de Toulouse, il fut transféré au centre de séjour surveillé de Noé (Haute-Garonne) le 16 novembre 1943 puis à celui de Nexon (Haute-Vienne) le 24 novembre 1943 en fin au Fort-Barraux (Isère) le 31 décembre 1943. Il tenta de s’évader le 27 janvier 1944 et fut déporté à Buchenwald le 22 juin 1944. Lors des élections cantonales de 1945, il était présenté comme « commandant la quatrième compagnie de libération du camp de Buchenwald ».

Élu conseiller général de la Seine en 1945, Fernand Bélino siégea dans cette assemblée jusqu’en 1967 avant de représenter Épinay au conseil général de Seine-Saint-Denis et d’en être vice-président. Il fut maire adjoint d’Épinay (1965-1977) et suppléant d’Étienne Fajon*, député communiste de la première circonscription de Seine-Saint-Denis de 1973 à 1978.
L’Humanité du 16 juin 1950 publia une « Tribune de discussion » titrée « Être digne du beau titre de membre du Parti », texte jugé pessimiste et qui lui attira une sévère réplique de Lavedrine, responsable du Comité de défense de l’Humanité d’Épinay : « Camarade Bélino, c’est toi le "chevalier à la triste figure" » (l’Humanité, 22 juin 1950). Lors de la 2e conférence de la Fédération Seine-Ouest, en mai 1954, salle des Grésillons à Gennevilliers, il fut élu au comité fédéral.
Membre du bureau de l’AVER (Association des volontaires en Espagne républicaine), il souscrivit à l’éviction d’André Marty* (cf. son article dans les Cahiers du communisme de janvier 1957 où le nom d’André Marty n’est pas cité, article « Les Grands anniversaires » relatif aux Volontaires des Brigades internationales). En 1978, Fernand Bélino était un président délégué de l’AVER.
Il s’était marié en septembre 1939 à Paris XIIe arr. avec Lise Songeon, professeur de musique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16133, notice BÉLINO Fernand [BELINO Albert, Fernand] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 5 juillet 2022.

Par Claude Pennetier

Fernand Bélino
Fernand Bélino

SOURCES : Arch. AVER — Arch. André Marty, S I. — Édition de l’Humanité clandestine. — Arch. Com. Ivry (lettre de 1950). — L’Humanité, 20 avril 1979. — Renseignements recueillis par Roger Beaunez. — Philippe Nivet, Les Assemblées parisiennes de 1935 à 1953, IHTP, 1995. — RGASPI, 495 270 5360, dossier du Komintern, autobiographie du 28 octobre 1938 ; 495 270 8480 7. — Note de Jean-Pierre Ravery et de Fabrice Bourrée.

ICONOGRAPHIE : Rapport régional pour la 5e conférence de Paris-Nord, décembre 1937 à Pierrefitte-Montmagny, 16 p.

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