QUEMPER Edouard, Marie

Par Alain Prigent

Né le 17 janvier 1925 à Pleumeur-Bodou (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor) ; employé ; secrétaire de la fédération du PCF (1952-1965) ; conseiller général (1967-1985), vice-président du conseil général des Côtes-du-Nord (Côtes d’Armor) ; conseiller régional (1992-1994) ; conseiller municipal (1953-1959) puis adjoint au maire de Saint-Brieuc (1962-1995).

Edouard Quemper était le fils d’Edouard Quemper, hôtelier, et de Célestine Pincemin. Son père, fils d’agriculteurs qui possédaient une ferme familiale à Penvern en Trébeurden (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor), devint marin de commerce. Marié en 1924, il créa l’hôtel de l’Espérance. Militant du Parti Radical avant-guerre, membre du Front national dans la Résistance, il adhéra à la SFIO en 1945 puis au PCF en 1949. Sa mère Célestine Quemper, née le 8 février 1896 à Pleumeur-Bodou participa le 6 juin 1952 au meeting à la maison du peuple à Saint-Brieuc puis à la manifestation interdite par la préfecture organisée par le PCF, la CGT et un certain nombre d’autres organisations contre la venue du général Ridgway en France.

Edouard Quemper fit ses études à l’école primaire de l’ile Grande puis à l’EPS (Ecole primaire supérieure) de Lamballe où il eut comme professeur de lettres, Georgette Manesse, militante de l’UFF et du PCF à la Libération. Il fut très marqué par le mouvement de grèves des carriers de l’Ile-Grande durant l’été 1936. En 1937, la famille déménagea à Penvern en Trébeurden. Il rejoignit les FTP en novembre 1943. Après avoir participé au sabotage d’un car de l’armée allemande en juin 1944, il rejoignit le maquis à Saint-Eloi en Louargat afin d’échapper à la répression. Fin juillet 1944, il donna son adhésion au PC encore clandestin. A la Libération il fut affecté à Saint-Brieuc en attente d’un départ pour le Front de Lorient, apprenant qu’il figurait sur la liste des condamnés à mort élaborés par les SS installés à Trébeurden. Il fut ensuite affecté à la surveillance de milliers de prisonniers de guerre allemande à Saint-Thégonnec (Finistère). Après le drame de Saint-Efflam en Plestin-les-Grèves, fin octobre 1944, où sept de ses camarades furent déchiquetés à la suite d’une manipulation défaillante d’un obus, Edouard Quemper fut affecté au service médical à Saint-Brieuc. En mai 1945, il rejoignit le Trégor. En 1946, il milita alors au cercle de l’Ile-Grande de l’UJRF (Union de la Jeunesse Républicaine de France). Il devint aussi secrétaire de la cellule locale du PCF. Il aida à la création d’une coopérative agricole, L’espérance rurale, dont il devint le directeur en 1946. Cette coopérative était dirigée par Louis Famel, maire SFIO de Tonquédec. Après avoir suivi une école fédérale d’une semaine sous la direction de Jean Le Parenthoen, secrétaire de la fédération, il fut élu au congrès de Guingamp en mars 1946 à la commission de contrôle financier de la fédération, puis en 1947 au comité fédéral. Il compléta sa formation politique en suivant une école centrale en 1949, école qui fut interrompue par André Marty, et une l’école de quatre mois en 1952 à Viroflay. En 1948 il devint permanent départemental chargé de l’organisation. Au même moment, le 30 octobre 1948 à L’Ille-Grande, il épousa Louisette Bouffant, jeune fille issue de milieux catholiques. Le couple eut quatre enfants. Il fut candidat aux élections à de très nombreuses reprises : sa première campagne il la mena aux cantonales à Perros-Guirec en 1949 obtenant 23,7% des suffrages exprimés.
La fédération ayant des difficultés financières, il quitta son poste de permanent pour prendre en charge le secrétariat départemental de l’association des anciens FTP et FFI en janvier 1950. Il sillonna alors le département s’occupant des dossiers des anciens résistants pendant la journée et présentant des films essentiellement soviétiques le soir. Cette séquence de sa vie militant fut interrompue en mai 1951. Recherché par la police à l’issue d’une manifestation en gare de Saint-Brieuc le 11 mai contre le passage d’un train en provenance de Brest et transportant des tourelles de canon à destination de Rochefort, il fut arrêté le 18 mai 1950 à Merdrignac où il se cachait. Au total dix responsables de la CGT et de la fédération communiste des Côtes-du-Nord furent emprisonnés pendant sept mois à la prison de la Santé à Paris. Deux autres militants entrèrent dans le même temps dans la clandestinité, Jean Le Jeune et Roger Ruelleu. Libéré le 30 novembre puis jugé à partir du 22 janvier 1951 dans le procès dit « des 12 combattants de la Paix » de Saint-Brieuc, Edouard Quemper fut, avec ses camarades, acquitté à l’issu d’un procès ayant eu une résonance nationale, la défense citant Alain Le Léap et Charles Tillon. Les prévenus furent soutenus pendant toute cette période par de nombreuses manifestations populaires et par des témoignages lors du procès venus de tous les horizons syndicaux (CFTC) et politiques (Jean Nicolas, maire de Saint-Brieuc).

A peine sorti de prison, il fut élu secrétaire de la fédération du PCF de 1952, responsabilité qu’il assuma jusqu’en 1965. Candidat à toutes les élections, il fut élu au conseil municipal de Saint-Brieuc en 1953 sur la liste communiste conduite par Edouard Prigent, agrégé de lettres classiques. Réélu au conseil municipal en 1959, il fut très actif dans les recours menés par la gauche PCF-PSU pour invalider l’élection de Raoul Poupard, suite au mandement de l’évêque de Saint-Brieuc en chaire le jour du second tour. Après la victoire électorale de 1962 de la liste menée par Antoine Mazier (PSU), il siégea alors dans la majorité jusqu’en 1977. Il devint adjoint au maire en 1965 dans la municipalité dirigée par Yves Le Foll. Il céda ses responsabilités à la fédération à Marcel Alory afin de se consacrer à son mandat municipal.
Candidat en 1958 aux cantonales à Belle-Isle-en-Terre en 1958, il obtint 31,7% des suffrages exprimés face au socialiste Jean Coantiec, conseiller général sortant. En février 1965, lors d’une cantonale partielle suité au décès d’Antoine Mazier (PSU), il obtint 20,8% au premier tour. En 1967, à la suite du redécoupage des cantons briochins, il fut élu conseiller général du canton de Saint-Brieuc-Nord, battant l’ancien député-maire de Saint-Brieuc obtenant 33,6% au premier tour et 51,8% au second tour (6437 voix contre 6251). Il fut réélu en 1973 (43,4% au premier tour / 53%) puis en 1979 (38% / 55,2% au second tour). Le canton étant scindé en trois en 1982, il conserva son siège mais fut battu en 1985 (17,2 / 43,9%).
Il siégea alors au conseil général sans discontinuité jusqu’en 1985. Il devint le premier vice-président de Charles Josselin (PS) cette instance après le changement de majorité en 1976. Il fut l’un des candidats titulaires sur la liste communiste aux élections sénatoriales des Côtes-du-Nord le 26 septembre 1971. En 1977, les communistes demandèrent de conduire la liste d’union au vu des résultats électoraux obtenus par les divers partis depuis 1971 (PCF, PS et PSU). Les négociations échouèrent et la gauche se présenta désunie. Edouard Quemper conduisit sur la liste communiste qui avec 28,8% des suffrages exprimés ne fut devancée par la liste socialiste d’Yves Le Foll (PSU passé au PS) que de 88 voix. En 1983, l’union fut à nouveau possible. Claude Saunier dirigea (PS) la liste victorieuse. Edouard Quemper retrouva alors un poste d’adjoint aux sports.

L’influence du PCF dans ce département breton restait très forte dans les années 70-80 plongeant ses racines dans la Résistance, permettant l’élection de nombreux maires et conseillers généraux communistes (12 en 1976). Aux élections sénatoriales de septembre 1980, la fédération communiste s’appuyant sur le rapport de forces nettement favorable à la gauche unie, proposa aux instances socialistes de régler le problème dès le 1er tour avec une liste d’union comportant deux candidats PS et un PC. L’union étant impossible, la liste du PCF conduite par Edouard Quemper, comme elle l’avait annoncé en cas de désaccord, ne se désista pas au 2e tour. Avec l’élection de deux sénateurs, la droite tira profit de cette situation.

Edouard Quemper fut le candidat communiste dans la circonscription de Saint-Brieuc aux élections législatives pendant plus de deux décennies. En 1962, il obtint 12,4% des suffrages. En 1967 il vit son score progresser (18,5%). Après un coup d’arrêt en 1968 (18,5%), il permit au PCF de progresser en 1973 (21,9%), puis en 1978 (25,3%), élection où il fut battu au second tour. En il fut à nouveau devancé par le socialiste Yves Dollo (19,4%). En 1988, il vit son score fléchir à nouveau (16,8%). En juin 1979. Il figurait sur la liste du PCF aux élections européennes en juin 1979. Il était membre du conseil national de l’association des élus communistes et républicains, élu au congrès le 25 novembre 1979 à Pantin. Il fut tête de la liste PC à l’élection régionale de 1992, instance où il siégea de 1992 à 1994 démissionnant afin de promouvoir Christian Le Verge.

Edouard Quemper est resté fidèle au PCF militant encore activement en 2014 à la section de Perros-Guirec dirigée par Daniel Duguet de Trélévern. Ses frères René Quemper et Pierre Quemper furent des militants communistes très actifs dans le canton de Perros-Guirec.

Edouard Quemper fut l’une des figures les plus importantes du communisme dans les Côtes d’Armor.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163777, notice QUEMPER Edouard, Marie par Alain Prigent, version mise en ligne le 10 septembre 2014, dernière modification le 10 septembre 2014.

Par Alain Prigent

OEUVRE : Edouard Quemper, Mémoires, Saint-Brieuc, 1996. — Édouard Quemper, Prison pour une belle Marseillaise, Saint-Brieuc, 2002.

SOURCES : Arch. dép. Côtes d’Armor, 1W 13 (rapports du préfet 1951) 1192W25 (Elections municipales de 1977). — Arch. comité national du PCF. — Composition des comités fédéraux et fichier des élus et des candidats de la Fédération des Côtes-du-Nord du PCF établis par Gilles Rivière. — Archives Marcel Alory, ancien secrétaire fédéral du PCF des Côtes-du-Nord. —Archives Edouard Quemper (Documents sur le procès de 1951-1952). — Ouest-Matin, quotidien édité par les fédérations du PCF de l’Ouest (1948-1956). — Une semaine dans les Côtes-du-Nord, supplément de L’Humanité Dimanche (1956-1968). — Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fédérations du PCF de Bretagne (1968-1981). — Marcel Alory, L’Union de la Jeunesse Républicaine de France dans les Côtes-du-Nord (1945-1956), monographie, 28 pages, sans date. — Jean Le Jeune, Itinéraire d’un ouvrier breton, chez l’auteur, 2002. — Félix Leyzour, En direct. De la Bretagne au Sénat et à l’Assemblée nationale, Chez l’auteur, 2011. — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. — Multiples entretiens avec Édouard Quemper.

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