BOURDON Robert, Léon, Roger

Par Alain Dalançon

Né le 21 mars 1928 à Caen (Calvados), mort le 22 juillet 2011 à Cricqueboeuf (Calvados) ; professeur puis inspecteur départemental de l’Éducation nationale ; militant syndicaliste, secrétaire du S3 de Caen du SNES (1967-1972) et membre de la CA nationale (courant Unité et action) (1969-1971) ; responsable départemental puis académique puis membre du bureau national du SNIDEN (1972-1991) ; militant socialiste SFIO, PSA, PSU puis PS.

Fils unique d’un père chef de section aux PTT, résistant socialiste dès 1941, adhérent à la CGT-Force ouvrière et d’une mère sans profession, également socialiste, catholique pratiquante, Robert Bourdon reçut une éducation traditionnelle mêlant morale civique et religieuse. Il alla à l’école communale de Venoix, dans la banlieue de Caen, où son instituteur le retint jusqu’à l’âge de douze ans. Il fut reçu premier du canton au certificat d’études primaires. Il entra en 1940 en classe de 6e au lycée de garçons Malherbe de Caen, sauta celle de 5e, et obtint le baccalauréat mathématiques élémentaires en 1946.

Après une année en classe de mathématiques supérieures dans le même lycée, il fit une licence de mathématiques à la faculté des sciences de Caen tout en étant maître au pair de 1949 à 1951 au lycée Malherbe, puis maître auxiliaire au collège de Flers (Orne) en 1951-1952. Il fut reçu au certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement de second degré II en 1952, année de création de ce nouveau concours, puis effectua son stage au centre pédagogique régional de Rennes en 1952-1953. Il épousa à l’église le 31 juillet 1954 Ginette Piot qui devint professeur d’enseignement général des collèges (lettres-anglais), avec laquelle il eut un fils et une fille.

Secrétaire de la section (S1) du Syndicat national de l’enseignement secondaire du collège de Flers, se reconnaissant dans le courant "autonome", délégué au congrès national de 1953, Robert Bourdon fit adopter la revendication de ses camarades de CPR d’être rémunérés comme certifiés stagiaires - et non comme boursiers d’agrégation -, et de voir leur année de stage prise en compte dans leur ancienneté de service. Mais il ne put faire adopter celle de la titularisation des stagiaires dès le mois de juin, en raison de l’hostilité du secrétaire général Albert-Claude Bay à cette demande jugée impraticable ; déjà mécontent de retard pris par la direction syndicale autonome pour défendre les revendications des stagiaires, il rejoignit le courant "B" dont les militants avaient pris fait et cause pour eux.

Affecté comme professeur certifié de mathématiques au lycée de Deauville en 1953, Robert Bourdon y demeura jusqu’en 1972 et milita durant toute cette période dans le courant B, devenu "Unité et Action" du SNES. Secrétaire du S1 de son lycée de 1953 à 1966, il entra à la CA académique puis succéda à Jean Petite comme secrétaire général de la section académique (S3) de 1967 à 1972. Dans la section départementale de la FEN, il participait notamment au travail de réflexion sur la réforme de l’École et la formation des maîtres, initié au début des années 1960 par Jean Michel et Jean Petite à partir des principes du Plan Langevin-Wallon qui fut réédité par la section. Il contribua également à la réflexion de la commission pédagogique nationale du SNES dirigée par Petite à partir de 1967, notamment sur le baccalauréat et la notation.

À Caen, où la contestation démarra très vite en mai-juin 1968, Robert Bourdon fit en sorte que le SNES maintienne le contact dans les établissements scolaires entre les professeurs, les parents d’élèves et les lycéens et, à l’extérieur, favorise le maintien des relations entre les confédérations ouvrières CGT et CGDT et avec les étudiants. Au conseil national du SNES du 19 mai 1968, il intervint dans ce sens et pour que la grève de 24 heures prévue le 24 mai, suivant le dispositif d’action voté au congrès de Pâques, soit abandonnée. Il vota l’appel du CN à la grève non limitée en restant dans les établissements mais, dans les semaines qui suivirent, il jugea, comme Jean Petite, que le SNES suivait de trop près la ligne de conduite de la CGT et du Parti communiste.

Robert Bourdon partageait avec Jean Petite un engagement politique similaire. Membre du Parti socialiste SFIO depuis 1952, il l’avait quitté en 1956 puis avait milité au Parti socialiste autonome avant d’adhérer au Parti socialiste unifié. Responsable de la section de Trouville et secrétaire fédéral adjoint en 1964, il s’était présenté aux élections législatives de 1967 et fut à nouveau candidat en juin 1968.

Pourtant, malgré les désaccords qui avaient pu se manifester en mai-juin 1968 au sein de la tendance UA, comme la plupart de ses camarades adhérents du PSU et exerçant des responsabilités dans le SNES, il refusa en 1969 de se soumettre à l’injonction de la direction de son parti (Robert Chapuis) de ne plus militer dans le courant UA et de rejoindre le nouveau courant Rénovation syndicale. Élu membre de la CA nationale sur la liste UA, il resta secrétaire du S3 en poursuivant la cogestion avec Léon Viger, secrétaire adjoint, militant autonome de l’ex-SNET de Cherbourg. Sa carte du PSU ne lui fut pas renouvelée. Il adhéra ensuite en 1971, au moment du congrès d’Épinay, au Parti socialiste, dont il fut secrétaire de section jusqu’en 1972.

En 1972, Robert Bourdon, très intéressé par la pédagogie, passa le concours d’IDEN (inspecteur de l’Éducation nationale) et fut affecté dans la circonscription de Lisieux la première année, puis dans celle de Trouville jusqu’à sa retraite en 1991. Il se syndiqua alors au SNIDEN (FEN), devint immédiatement responsable départemental puis académique de 1974 à 1981 et siégea au BN de 1981 à 1991. Il obtint au bout de trois ans que les votes des adhérents aient lieu pour fixer le report des mandats du SNIDEN dans les congrès de la FEN ; dans ces conditions, il s’accommoda de l’absence de reconnaissance des tendances dans ce syndicat. Il en était toujours membre en 2005 en qualité de retraité.

Robert Bourdon avait été membre du comité départemental de la Mutuelle assurances des instituteurs de France puis trésorier départemental de la Prévention MAIF. En 2005, il était toujours adhérent du PS se reconnaissant dans le courant majoritaire Hollande.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17560, notice BOURDON Robert, Léon, Roger par Alain Dalançon, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 août 2021.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. Nat. 581AP1001. — Arch. IRHSES (dont congrès SNES, S3 Caen, L’Université syndicaliste, bulletin du SNIDEN). — Témoignage de l’intéressé et autres témoignages de militants.

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