BOUSQUET Pierre

Par Vincent Flauraud

Né le 28 novembre 1916 à Albaret-le-Comtal (Lozère), mort le 1er mai 2003 à Aurillac (Cantal) ; surveillant éducateur, comptable ; responsable des compagnons de France (St Flour, 1940-1944) ; vice-président, président, secrétaire, secrétaire adjoint de l’UD CFTC du Cantal (1947-1964), secrétaire, secrétaire adjoint de l’UD CFDT du Cantal (1965-1971) ; conseiller municipal PSU puis PS d’Aurillac (1965-1977), premier adjoint au maire d’Aurillac (1977-1983).

Né en Lozère, Pierre Bousquet est arrivé très tôt dans le Cantal (d’abord à Fridefont), où se situe l’essentiel de son activité militante.
Aux sources de son engagement, Pierre Bousquet cite en premier lieu ses parents, Pierre Jean Baptiste, journalier agricole, grand mutilé de la guerre de 1914-1918 (ce qui vaut à l’intéressé d’avoir été pupille de la nation à compter de 1919), et Marguerite Roche, bonne. « Ils m’ont recommandé jusqu’à leur dernier souffle de ne jamais renier mes origines et m’ont toujours montré le service des autres ". Le rapport au catholicisme, déterminant dans son engagement, est plus ambigu. Sa mère est pratiquante, mais son père est l’un des deux seuls hommes du village à ne pas faire ses Pâques. Élève de l’Institution de la Présentation à St Flour, où il passe la première partie de son baccalauréat en 1934, Pierre Bousquet s’y trouve en butte avec la vision très austère et rigoriste de la religion qu’enseignent ses maîtres.
Surveillant dans un établissement privé de Tarascon (Bouches-du-Rhône), où il donne par ailleurs quelques cours de latin, de 1935 à avril 1937, Pierre Bousquet y fait la connaissance du père Paul de Jésus, qui lui présente « une vision plus positive de la religion ", et le réconcilie avec le catholicisme. Mais il noue aussi quelques contacts avec des socialistes locaux. D’avril à septembre 1937, avant de partir effectuer son service militaire prolongé par la guerre, il est surveillant éducateur au centre médico-pédagogique de Pau, d’obédience socialiste.
Démobilisé le 26 juillet 1940, il retourne dans le Cantal. Il y devient assez vite le responsable des Compagnons de France pour la région de St Flour. Lors des sessions nationales de formation, il sera marqué par la rencontre avec François Huet (colonel Hervieu dans le Vercors), Georges Rebattet (« Cheval ", dans la résistance cantalienne), Jean-Paul Léri (de Narbonne, fusillé à Lyon en novembre 1943), Pierre Cartelet (instituteur dans le Nord, ancien responsable des Jeunes socialistes, fusillé en juillet 1944), Maurice Clavel, Paul Delouvrier, ou encore Pierre Courtade (futur rédacteur à l’Humanité). En contact avec les milieux catholiques lyonnais, il devient un lecteur de Témoignage chrétien. Dans le Cantal, en décembre 1943, Pierre Bousquet intègre un des réseaux de renseignements de l’ORA. Entré au maquis FFI le 6 juin 1944, il s’engage pour la durée de la guerre le 13 octobre, au sein du 152e RI (Allier, Nièvre, Doubs, Alsace, Allemagne). Blessé le 24 avril 1945, il recevra la croix de guerre avec trois citations, et en 1964 la légion d’honneur à titre militaire.
La guerre terminée, Pierre Bousquet s’installe à Aurillac (Cantal), comme inspecteur à la caisse des mutuelles de réassurance agricole du Cantal jusqu’en 1950, puis comme comptable.
En 1946, il se marie (il aura trois enfants) avec Odile Delaite, originaire de Lorraine, institutrice dans l’enseignement public. Son père, ancien militant du Sillon et de la Jeune République, résistant et membre du CDL à Nancy, a une influence déterminante sur Pierre Bousquet.
Ce dernier adhère au MRP en 1945, qui songe un moment à lui pour le représenter aux élections à l’assemblée constituante. Mais il s’en éloigne vite, le jugeant trop à droite, et trop confessionnel. Militant à l’ACO, Pierre Bousquet entre en contact par ce biais avec la tendance « Reconstruction « de la CFTC animée par Paul Vignaux. En juin 1947, ayant quitté le MRP, il rejoint le syndicat chrétien au sein des « minoritaires ». Il devient rapidement le vice-président, puis le président, et enfin le secrétaire de l’UD du Cantal.
En 1958, Pierre Bousquet s’engage contre l’adoption de la constitution de la Ve République. Contesté au sein de l’UD pour avoir fait adopter par le bureau une motion allant dans ce sens, il cède le secrétariat, devenant secrétaire adjoint. Proche du mendésisme, il adhère alors à l’UFD, puis en 1959 au PSA, passe brièvement par l’UGS, et se retrouve au PSU lors de la fusion de 1960.
En 1964, Pierre Bousquet, fidèle à la volonté de déconfessionnalisation incarnée par la tendance issue de Reconstruction, est l’un des artisans, dans le Cantal, du changement de la CFTC en CFDT. Il en redevient le secrétaire, très brièvement, puis de 1965 à 1971 le secrétaire adjoint.
Il s’agissait en effet de ne pas provoquer de crise au sein de la CFDT naissante, dont une partie des militants acceptaient mal son engagement aux côtés du socialiste Jacques Meyniel pour les élections municipales.
Pierre Bousquet devient ainsi membre de la municipalité d’Aurillac, comme conseiller de la majorité (1965-1971), puis dans l’opposition (1971-1977), enfin comme premier adjoint chargé des travaux, sous le premier mandat du socialiste Réné Souchon (1977-1983). Il ne se représente pas en 1983. En 1995, il fait un retour symbolique remarqué, comme dernier de la liste dissidente menée par l’ancien socialiste chevènementiste Yvon Bec, qui l’emporte face à R. Souchon.
Entre-temps, Pierre Bousquet quitte le PSU pour le PS en 1974, en même temps que Michel Rocard, qu’il avait reçu à Aurillac. Mais il rejoint le CERES, et non les mitterrandistes à l’instar de la plupart des rocardiens : à la fois, il n’apprécie guère F. Mitterrand, et reproche à M. Rocard une option « trop centriste ».
En 1987, quand commencent à poindre les « affaires », il quitte le PS, et reste quatre ans sans parti. Il rejoint le Mouvement des citoyens dès sa naissance en 1992.
Son engagement syndical et/ou catholique a conduit parallèlement Pierre Bousquet à devenir administrateur de la caisse primaire d’assurances maladie, de novembre 1955 à février 1978, de la caisse régionale d’assurance maladie de décembre 1962 à février 1978, conseiller prud’homme de 1960 à 1992 (il termine sa série de mandats comme président), trésorier puis président du Foyer des jeunes travailleurs d’Aurillac à compter de 1967, président de l’association de gestion et d’animation de la Maison d’enfants de Quézac (Cantal) à partir de sa création en 1985.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17647, notice BOUSQUET Pierre par Vincent Flauraud, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 13 janvier 2022.

Par Vincent Flauraud

SOURCES : Fiche de renseignements complétée par l’intéressé ; entretiens, 1997-1999. — La Montagne, nov. 1964, 27 juillet 1989.

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