GOBERT Jean, Marcel

Polytechnicien, promotion 1936, Jean Gobert était ingénieur du génie maritime de 1e classe, chargé de l’atelier des hydravions de l’arsenal du Mourillon, à Toulon. Fils d’Auguste Gobert et de Marie Wacquez, célibataire, il résidait chemin de Plaisance à Toulon. Il faisait partie de la promotion Supaéro 1944. Quand les combats de la libération commencèrent, il confia à son camarade et voisin de chambre, Henri Lafaurie, des documents qui devaient permettre à son fils, né de père inconnu, de porter son nom.

Le 25 août 1944, alors que le port était presque tout entier sous le contrôle des troupes françaises du général de Lattre de Tassigny, il fut chargé par l’ingénieur général Borde, directeur des industries navales de Toulon, de participer sans armes à une mission de reconnaissance dans l’arsenal maritime du Mourillon. Il s’agissait de faire un état des dégâts provoqués par les Allemands. Arrêté par des militaires allemands retranchés dans le secteur, il fut fusillé avec les ingénieurs Crochet, Seeuws et Lavrut. D’après le Livre noir de la XVe Région, trois de ces ingénieurs furent pris ensemble, menés au capitaine Kersten qui ordonna leur exécution. Ils furent fusillés, le dos tourné, par un peloton commandé par le second maitre Uhl. Le quatrième ingénieur aurait été pris à l’entrée de l’arsenal avec une quinzaine de cartouches allemandes dans une sacoche. L’adjoint de Kersten le fit abattre. Le soir, ce fut le tour d’un membre des Forces françaises de l’Intérieur (FFI), Alexis Pariset*, arrêté avec un fusil et un brassard tricolore. Les corps, mains liées derrière le dos, yeux bandés, furent retrouvés grâce aux renseignements fournis par des prisonniers. À la mi-journée, deux pompiers, Victor Gaubert* et Bernard Rochette*, dont les corps furent retrouvés beaucoup plus tard, avaient été fusillés eux aussi. Les quatre officiers allemands responsables de ces exécutions furent condamnés à mort par un tribunal militaire nommé par le général de Lattre de Tassigny et exécuté le 29 août 1944. En revanche, les sous-officiers qui exécutèrent les ordres et qui furent jugés par le tribunal militaire de Marseille par la suite échappèrent à cette sentence.

Jean Gobert, comme ses camarades, fut fait chevalier de la Légion d’honneur le 9 mai 1946. La mention « Mort pour la France » lui fut attribuée par le ministre de la Marine le 13 février 1948. Une stèle fut inaugurée à la Libération sur les lieux mêmes de l’exécution à la mémoire des quatre fusillés.