VOITURET Jules Jean François

Par Jean-Louis Ponnavoy

Né le 4 mars 1895 à Saulieu (Côte-d’Or), fusillé le 1er avril 1944 à Karlsruhe (Bade-Wurtemberg, Allemagne) ; entrepreneur de travaux publics ; résistant du réseau SR Alliance.

Jean Voituret était le fils de Jules-François, maître mécanicien au tramway de Saulieu, âgé de 42 ans et de Anne Guignolot, âgée de 37 ans. Il se maria le 20 avril 1920 à Toulouse (Haute-Garonne), avec Marguerite Marie-Madeleine Vialleix.

Il fit ses études dans une école d’ingénieur en travaux publics et fut mobilisé en 1914 dans un régiment de pionniers. Après la guerre, il travailla comme ingénieur du génie civil dans plusieurs entreprises puis fonda sa propre société de construction.

Il fut maire de Banteux (Nord) de 1937 à 1940 puis fut de nouveau mobilisé de janvier à juin 1940 sans être envoyé au front. Démobilisé, il occupa un poste d’employé dans une société de transports acheminant des colis pour l’armée et la police, à Montauban (Tarn-et-Garonne). Il appartenait à la franc-maçonnerie et à la loge Thémis, au Grand Orient de France, à Cambrai (Nord).

Fin novembre 1942, il fut mis en lien avec Jean Philippe*, chef de la région Toulouse, secteur "Clinique" du réseau Alliance, qu’il intégra avec le matricule "U4". Il devint agent P2 des FFC avec le grade de lieutenant et chef du sous-secteur du Tarn-et-Garonne. Il obtenait des informations sur les mouvements de troupes allemandes, le transport de matériel militaire et de carburant de la Wehrmacht et transmettaient ces renseignements à Jean Philippe qui les faisait parvenir aux services secrets britanniques, à Londres.

Il fut arrêté à Montauban par la Gestapo le 26 mars 1943, suite à l’infiltration de son réseau et emprisonné à Toulouse puis transféré en mai à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne) et déporté vers l’Allemagne à partir du camp de Compiègne le 27 mai 1943 puis incarcéré à la prison de Wolfach (Bade-Wurtemberg, Allemagne). Le 18 novembre le dossier d’accusation d’espionnage au profit d’une puissance ennemie fut transmis par la Gestapo de Strasbourg au Tribunal de guerre du Reich et Jean Voituret fut transféré sous procédure "NN" (Nacht und Nebel- Nuit et Brouillard) à la prison de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg). Il fut jugé en compagnie de Jean Philippe* et du colonel Flamant* les 13 et 14 décembre 1943 par le 3e Senat (chambre) du Tribunal de guerre, présidé par le juge Karl Schmauser. Condamné à mort, le jugement fut confirmé le 27 janvier 1944 par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal et il fut transféré à la forteresse de Bruchsal (Bade-Wurtemberg, Allemagne), d’où à l’aube du 1er avril 1944 il fut extrait de sa cellule ainsi que 13 autres co-inculpés et conduit au champ de tir de la forêt du Hardtwald, à Karlsruhe (Bade-Wurtemberg, Allemagne), puis fusillé à 7h07 aux côtés de Robert Lynen*. Les cadavres furent jetés dans une fosse commune, à l’extérieur de l’enceinte du cimetière central de Karlsruhe.

En mai 1945 ils furent découverts par l’armée française et inhumés avec les honneurs militaires le 30 juin 1945 dans le cimetière français. Le 3 juillet 1947, les corps furent à nouveau exhumés et retrouvèrent pour la plupart leur commune d’origine. Depuis le 1er avril 2014, une stèle rappelle à Karlsruhe leur sacrifice.

Son acte de décès fut transcrit à Saulieu le 14 avril 1947.

Son nom figure sur le monument aux morts et sur une stèle commémorative à sa mémoire, à Banteux (Nord), sur le monument aux morts et sur une plaque commémorative aux résistants, à Montauban (Tarn-et-Garonne), ainsi que sur le mémorial du Grand Orient de France, à Paris.

Il obtint la mention "Mort en déportation" par arrêté du 20 novembre 2001.

Il est inhumé au cimetière de Montauban (Tarn-et-Garonne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181785, notice VOITURET Jules Jean François par Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 16 juin 2016, dernière modification le 25 octobre 2018.

Par Jean-Louis Ponnavoy

SOURCES : Auguste Gerhards "Tribunal du 3e Reich", Archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, Le Cherche Midi, Paris 2014. —"Livre Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D. tome 1. — Mémorial de l’Alliance, 1948. — Article dans "La voix du Nord" du 1er décembre 2012. — Mémorial Genweb. — État civil.

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